4.3.1.3. Les expérimentations sur le tracé des courbes.

En rejetant l’emploi des courbes seules pour les zones rocheuses, le SGA ne rejetait pas pour autant l’ambition d’une représentation topométrique. Les possibilités supposées ou véritablement offertes par le stéréoautographe restaient trop tentantes pour ne pas être exploitées. Ainsi, une série d’expérimentations fut menée entre 1923 et 1925 dans la région de la Grave pour trouver une façon de supprimer toute représentation à l’effet du rocher en généralisant le recours aux courbes de niveau, complétés par d’autres artifices de dessin. Deux méthodes différentes furent successivement essayées :

Les résultats de ces expérimentations n’étaient pas jugés très satisfaisants, mais les partisans d’une représentation topométrique la voyaient déjà remplacer « l’ancienne manière, plus artistique peut-être, mais moins précise et souvent erronée quoique paraissant plus expressive », et ils soutenaient qu’il s’agissait d’« une affaire d’étude cartographique et d’éducation de l’œil » et que « la représentation en courbes, rehaussée par une couleur spéciale (teinte neutre), [avait] autant d’expression, quand on y [était] habitué »1196.

Les deux méthodes permettaient certes d’assurer une plus grande cohérence de la représentation du rocher, grâce à une approche plus rationnelle limitant l’interprétation du terrain par l’officier-topographe. En cela, elles s’inscrivaient dans la volonté de mettre en place une méthode de levés plus industrielle au SGA. Mais contrairement à l’utilisation unique des courbes de niveau restituées, elles nécessitaient soit une plus grande quantité de documentation (photographies documentaires, croquis perspectifs, parfois planchettes de complément), soit un opérateur connaissant suffisamment bien le terrain, c’est-à-dire l’officier ayant exécuté les levés photographiques ou les compléments. Les expérimentations furent d’ailleurs menées par certains des topographes devenus spécialistes de la haute montagne dont j’ai déjà souligné l’émergence1197. Par exemple, Joseph Recordon reçut en 1923 « mission de rechercher sur le terrain et de reporter sur la restitution les lignes caractéristiques des masses rocheuses, puis [d’étudier] un mode de représentation en combinant ces données avec les courbes restituées »1198.

Notes
1193.

GENDRE F. La feuille de « La Grave ». Op. cit., p. 251.

1194.

Rapp. SGA 1924-25, p. 34.

1195.

GENDRE F. La feuille de « La Grave ». Op. cit., p. 252.

1196.

GENDRE F. Travaux du SGA… Op. cit., p .104.

1197.

Voir supra, partie 3, chapitre 2.2.3.

1198.

Rapp. SGA 1922-23, p. 96.