4.3.2.2. Un recul de la tentation topométrique.

Utilisée pour la première fois sur les différentes coupures de la feuille La Grave de la carte de France au 1 : 20 000, la nouvelle méthode de figuration du relief fut relativement bien accueillie par les topographes-alpinistes, en partie sans doute parce qu’ils avaient été consultés à son sujet, mais aussi parce qu’elle prenait une distance notable avec l’approche topométrique qui avait présidé aux différentes expérimentations menées dans les années vingt. Non seulement la représentation à l’effet, majoritairement figurative, retrouvait sa place dans les zones les plus déclives, mais en plus elle adoptait l’éclairage oblique, déjà défendu au début du 19e siècle par les partisans d’une représentation expressive plus que géométrique.

Cependant, cette méthode restait plus géométrique que celle anciennement utilisée pour les plans directeurs, dans lesquels les zones représentées à l’effet étaient plus étendues et reposaient plus sur les perceptions du topographe et du dessinateur que sur des règles précises. Mais les instructions insistaient sur la nécessité d’appliquer cette règle avec souplesse afin de rendre au mieux la structure locale des différentes masses rocheuses. J’interprète d’ailleurs cette insistance comme une preuve essentielle que la figuration du relief était envisagée dans une perspective topographique, visant à rendre les caractéristiques principales du terrain représenté, plus que topométrique, c’est-à-dire purement géométrique sans exagération des accidents jugés importants.

Le SGA affirmait ainsi la conception généraliste de la carte de France. Un de ses officiers topographes, le commandant Gendre, la présentait d’ailleurs explicitement comme « destinée à tous les publics » : elle devait « donner une idée d’ensemble de la région représentée et, dans le détail, permettre de s’orienter, de situer sa propre position et celle des points intéressants », mais même si elle devait « aussi, par sa précision, pouvoir servir de base à des travaux plus détaillés », elle n’était pas conçue comme « un plan au sens industriel du mot, ni une carte géologique et, enfin, [ne pouvait] prétendre remplacer un guide »1203.

Notes
1203.

Ibid., p. 256.