1.1. La dernière réorganisation du Service géographique de l’armée, 1937-1940.

Le Dépôt de la guerre avait lutté en vain pour faire reconnaître la légitimité des ingénieurs géographes, puis la spécificité du travail cartographique1209. Si cette dernière avait été consacrée par la création du Service géographique de l’armée en 1887, des problèmes anciens n’avaient pas été résolus puisque le nouveau service manquait toujours de l’autonomie jugée nécessaire au travail cartographique et d’un personnel spécialisé et stable – c’est-à-dire d’un cadre équivalent à l’ancien corps des ingénieurs géographes. A l’exception des périodes de mobilisation et de conflit, je considère que ces deux problèmes dominèrent toute l’évolution institutionnelle du SGA de 1887 à 1940, et que l’Institut géographique national en hérita entièrement.

En effet, malgré les dispositions prises à sa création et les réformes de 1911-1912 qui lui donnèrent une autonomie de principe dans la direction et l’orientation des travaux cartographiques1210, le SGA resta toujours dépendant du Parlement dont les perpétuelles restrictions budgétaires limitaient ses possibilités de travail. Il fut également toujours confronté à d’énormes difficultés de recrutement et de conservation de la partie la plus compétente de son personnel militaire, que le nouveau statut adopté en 1914 ne permit pas de résoudre complètement : toujours dépendants de leurs armes d’origine, notamment pour l’avancement, les officiers et sous-officiers du SGA ne pouvaient véritablement faire carrière qu’en quittant le service au bout d’un nombre variable d’années.

Sous la direction de Bellot (1919-1935) et de son successeur Viviez (1935-1937), ces problèmes furent un moment occultés pour privilégier la remise en route et le développement des travaux, avec la généralisation des méthodes photogrammétriques qui devaient apporter une réponse technologique aux restrictions budgétaires. Cependant, le développement de ces techniques de plus en plus complexes nécessitait un personnel de plus en plus qualifié et spécialisé, toujours aussi difficile à recruter et à conserver au SGA. Pour essayer de répondre définitivement à ces deux problèmes majeures de l’organisation du service, une réforme profonde de ses statuts fut étudiée et appliquée partiellement entre 1937 et 1939, sous la direction du colonel Louis Hurault.

Notes
1209.

Voir supra, partie 1, chapitre 2.

1210.

Voir supra, partie 2, chapitre 3.4.