1.1.1. La persistance des problèmes originels : l’organisation du SGA en 1937-1938.

1.1.1.1. Une structure complexifiée par l’orientation militaire.

Lorsque le colonel Hurault en prit la direction en 1937, le Service géographique de l’armée était toujours géré par les décrets de 1911 et 1912. « Placé sous les ordres directs du Ministre de la Défense Nationale et de la Guerre, [il constituait] un organisme mixte comprenant une Direction et un Etablissement producteur », dont la « mission principale [consistait] dans l’exécution de tous les travaux de géodésie, de topographie et de cartographie ayant directement pour objet l’établissement des cartes régulières de France, d’Algérie et du Sahara algérien, de Tunisie, du Maroc et des Etats du Levant sous mandat français »1211.

Créé dans un objectif de concentration des activités cartographiques, le SGA était organisé, avant 1914, en trois sections chargées d’assurer sa mission fondamentale de réalisation et de production de cartes : la géodésie, la topographie et la cartographie, toutes dépendantes d’une direction qui regroupait les services administratifs et comptables, ainsi que la bibliothèque, la cartothèque et les archives. Mais les divers services créés ou rattachés au SGA pendant la première guerre mondiale avait provoqué un accroissement des activités du service, sans pour autant l’accompagner d’une augmentation des crédits1212. En rupture avec sa vocation cartographique initiale, ces nouvelles activités confirmaient à la fois la reconnaissance de l’expertise technique du service et l’absence d’une réelle indépendance dans l’orientation des travaux, assujettie à son rôle de service militaire. A un niveau plus symbolique, j’interprète d’ailleurs l’opposition systématique des autorités militaires à la solution des problèmes de locaux que posait cet accroissement des activités du SGA1213, comme un signe de la volonté de les concevoir comme un regroupement de services divers à l’usage des militaires plutôt que comme un ensemble cohérent répondant à un but unique.

En effet, même si son travail devait servir à l’ensemble des organismes publics et qu’il s’était ouvert aux besoins administratifs et touristiques, spécialement dans les Alpes, les besoins militaires étaient toujours privilégiés. Les divers services annexés au SGA pendant la guerre continuaient ainsi de travailler pour l’ensemble des armées, et la mission officielle du service comprenait toujours leur approvisionnement en cartes. L’orientation militaire était encore plus marquée dans les services cartographiques d’outre-mer1214, qui dépendaient techniquement du SGA, mais relevaient en fait directement du commandement militaire locale. En France métropolitaine, l’Etat-major de l’armée constituait un intermédiaire obligatoire dans les décisions financières du service, s’opposant de fait à l’indépendance d’orientation des travaux qui restait très soumise aux aléas budgétaires.

Notes
1211.

Le SGA. Op. cit., p. 111-112.

1212.

Voir supra, partie 2, chapitre 3.4.3.

1213.

La direction du SGA ne réussit jamais à obtenir la construction de nouveaux locaux suffisamment vastes pour réunir toutes les sections, qui étaient réparties sur cinq localisations différentes à Paris, sans compter les forts de banlieue.

1214.

Service géographique du Maroc, Bureau topographique des troupes du levant, et Bureau topographique du XIXe corps d’armée en Algérie.