1.1.1.2. Le problème récurrent de la stabilisation du personnel spécialisé.

Les réclamations systématiques des directions successives du SGA reprenaient le triplet très classiques des crédits, locaux et effectifs insuffisants. A la fin des années trente, les effectifs du service cumulaient entre 1 250 et 1 500 personnes, mais il était régulièrement nécessaire de recourir aux services d’entreprises privées pour certains travaux de dessin ou de reproduction, alors même que les levés topographiques n’étaient jamais aussi développés que la direction l’aurait souhaité. Le personnel du SGA était partagé entre les militaires, qui s’occupaient de la direction et des travaux de terrain, et les civils, plus spécialement employés dans les ateliers de dessin, de gravure et de reproduction. Les différents directeurs du SGA avaient toujours rappelé qu’en plus des crédits limités, le recrutement et la conservation du personnel militaire qualifié étaient le principal problème auquel ils devaient faire face, accentué par la suppression du corps d’état-major en 1880. La réforme du corps des sous-officiers topographes en 1914 n’avait solutionné qu’une partie du problème, sans régler la difficile question du recrutement des officiers de direction et d’encadrement.

L’effectif maximal des militaires dont pouvait disposer le SGA avait été précisément défini par les statuts de 1911-1912, puis révisé par la loi des cadres et effectifs du 28 mars 1928 :

  • 1 général ou colonel directeur ;
  • 142 officiers supérieurs formant le cadre permanent, dont les effectifs furent fixés par la loi des cadres et effectifs du 28 mars 1928 et pouvaient être modifiés par décret :
    • 32 officiers supérieurs (5 colonels, 6 lieutenants-colonels, 22 commandants), chefs de section ou adjoints ;
    • 110 officiers supérieurs (80 capitaines, 30 lieutenants ou sous-lieutenants), affectés essentiellement aux travaux géodésiques et topographiques de terrain.
  • 124 officiers subalternes, exécutant les travaux géodésiques et topographiques de terrain, recrutés dans tous les corps d’armée et comptant toujours à l’état-major particulier de leur arme ;
  • 180 sous-officiers (36 adjudants-chefs, 42 adjudants, 51 maréchaux-des-logis chefs, 51 maréchaux-des-logis), placés hors-cadre et formant un cadre permanent employé dans les brigades topographiques : le corps des sous-officiers topographes, constitué par la loi du 15 avril 1914 ;
  • des officiers et sous-officiers de l’armée coloniale effectuant des stages de deux ans avant d’être affectés à un service géographique d’outre-mer ;
  • 185 sous-officiers et soldats et 300 auxiliaires coloniaux de la 3e Batterie topographique, dépendant du 6e Groupe autonome d’artillerie, mis en permanence à la disposition du SGA ;
  • des spécialistes du personnel militaire régional, employés comme aides : guides en montagne, conducteurs, porteurs, etc1215.

Dans les faits, cet effectif maximal était rarement atteint et à la fin des années trente, le service souffrait d’une pénurie d’officiers supérieurs. Ainsi, en 1938, sur les trente-trois commandants ou grades supérieurs dont il pouvait être pourvu, seulement vingt-deux étaient effectivement en charge1216. La direction rappelait sans cesse la difficulté de trouver des officiers qualifiés ou de conserver les officiers formés pendant plusieurs années au SGA quand les perspectives de carrière étaient beaucoup plus limitées que dans leurs armes d’origine, en raison de l’absence d’un cadre spécifique équivalent aux anciens ingénieurs géographes.

En plus du personnel militaire, le SGA disposait d’environ trois cent cinquante agents civils en 1937, parmi lesquels trois chefs artistes et cent quatorze artistes calculateurs, dessinateurs ou graveurs, presque exclusivement recrutés parmi les élèves de l’école des dessinateurs géographes1217. Cette école dépendait de la section de cartographie et dispensait une formation en deux ans pour des élèves de seize à dix-huit ans recrutés sur concours. A l’issue du concours de sortie, seulement deux ou trois élèves pouvaient être recrutés par le SGA. Les travaux de rédaction et de reproduction représentant une charge non négligeable, plus importante que les opérations de terrain elles-mêmes, les effectifs civils limités de la section de cartographie justifiaient en partie la lenteur de la publication de la nouvelle carte de France.

Notes
1215.

Les effectifs cités proviennent essentiellement de Le SGA. Op. cit., p. 113-114, corrigés par les données du Rapp. SGA 1938-39, p. 10-11.

1216.

Rapp. SGA 1938-39, p. 11.

1217.

Le SGA. Op. cit., p. 114.