La deuxième revendication ancienne reprise dans le rapport Hurault concernait la création d’un corps d’officiers spécialisés dans les travaux cartographiques pour fixer le personnel le plus compétent employé au SGA. Reconnaissant qu’il n’était pas nécessaire que l’intégralité des travaux soit confiée à des officiers spécialistes, le rapport proposait une deuxième réforme jugée indispensable : la formation de trois cadres pour les officiers, dont deux devaient dépendre directement du SGA et assurer la direction et l’encadrement technique. Hurault allait jusqu’à définir précisément les fonctions, les effectifs et la répartition des grades souhaitables pour chacun de ces cadres :
Alain Sinoir insiste particulièrement sur le rôle du colonel Hurault qui « s’était […] rendu compte que la faiblesse du S.G.A. provenait essentiellement de la mobilité excessive des officiers et sous-officiers qui lui étaient affectés tout en restant rattachés à leur arme d’origine, notamment pour l’avancement »1229, mais cette constatation était plus ancienne. Le général Berthaut en avait déjà fait son principal argument pour obtenir les nouveaux statuts de 1914 qui élargissaient les possibilités d’avancement dans le cadre permanent du service. Dans une perspective plus large, je considère même que cette revendication s’inscrivait dans la continuité des efforts menés pour la reconnaissance du corps des ingénieurs géographes, auquel la reprise du même titre faisait explicitement référence1230. Assez paradoxalement, alors que les ingénieurs géographes avaient constamment lutté pour imposer leur spécialisation face aux ingénieurs du génie, le service cartographique n’avait cessé de réclamer un personnel spécialisé stable depuis la suppression de leur corps : comme nous l’avons vu, les officiers d’état-major, et plus encore les officiers détachés après la suppression du corps des premiers en 1880, s’étaient montrés incapables d’exécuter les opérations les plus difficiles, tout en demandant une instruction systématique pour les travaux ordinaires.
La réforme proposée par Hurault reprenait la revendication ancienne de la constitution d’un corps d’officiers spécialisés dans la cartographie, en favorisant son recrutement par la reconnaissance de ses compétences et des possibilités de carrière adaptées à celles-ci. Les pouvoirs publics avaient toujours éprouvé des difficultés ou de la réticence à percevoir la spécificité du travail cartographique en dehors des périodes de crises qu’étaient les guerres, mais il s’avéra qu’il y avait moins d’hostilité institutionnelle à la création de corps spécialisés qu’à l’acceptation d’une plus grande autonomie du SGA.
Cité dans Ibid., p. 12.
SINOIR Alain. 1940-1990 : une histoire mouvementée. Op. cit., p. 4.
Voir supra, partie 1, chapitre 2.2.