1.2.1. Une création opportuniste.

1.2.1.1. Une réforme imprévue.

La création de l’Institut géographique national fut envisagée et réalisée pendant la période politiquement la plus confuse de la débâcle française de mai et juin 1940, entre la mise en place du dernier gouvernement de la IIIe République, le 12 juin 1940, pour négocier l’armistice avec les Allemands, et le vote de la chambre des députés, le 10 juillet, accordant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Toutes les sources et études historiques s’accordent pour souligner le rôle central du général Hurault1235 dans cette création : pour éviter que l’armée allemande ne s’empare de tout le potentiel du Service géographique de l’armée comme prise de guerre, celui-ci réussit à « obtenir de pouvoirs publics en pleine confusion la suppression d’un organisme militaire essentiel et son remplacement immédiat par un service public civil entièrement nouveau »1236. Ces mêmes études reprennent systématiquement l’idée soutenue par la direction du nouvel institut qu’il s’agissait d’une réforme depuis longtemps nécessaire, sans questionner la reconstruction du discours évidemment à l’œuvre dans cette affirmation. En effet, cette résolution purement pragmatique ne s’inscrivait dans aucun projet de réforme du SGA, dont Hurault lui-même voulait au contraire affirmer l’orientation militaire en 1938 – une position certes favorisée par le contexte international, mais reflétant une organisation qui n’avait jamais été remise en cause depuis les propositions de la Commission royale en 1824. La transition du service cartographique du domaine militaire au domaine civil constituait donc un changement particulièrement brusque, qui plus est effectué dans l’urgence.

Notes
1235.

Hurault avait été promu général de brigade le 8 décembre 1939.

1236.

SINOIR Alain. 1940-1990 : une histoire mouvementée. Op. cit., p. 2.