2.1.2. Les problèmes spécifiques à l’exploitation topographique des prises de vue aériennes.

2.1.2.1. Les limites des techniques aéronautique et photographique.

La photogrammétrie aérienne était confrontée aux problèmes généraux de la photographie et de l’aéronautique. Son efficacité dépendait beaucoup de progrès techniques qui n’étaient pas l’objet de recherches spécifiques à la photographie aérienne, comme l’accroissement du rayon d’action, de la charge utile et de l’altitude maximale des avions, le contrôle de la vitesse et de la stabilité du vol, l’augmentation de la sensibilité des supports photographiques, ou la correction de la distorsion des objectifs, spécialement pour les focales courtes. Mais les limites de la technique photographique donnèrent lieu à quelques adaptations originales. Ainsi, pour diminuer le temps d’exposition afin de limiter le flou de l’image, la plaque sensible n’était pas exposée entièrement en une seule fois, mais par bandes successives1307, ce qui faisait qu’un cliché était séparé en plusieurs parties prises avec un point de vue et souvent une inclinaison de l’axe optique différents. Quant à la distorsion des objectifs, les progrès de l’optique ne permirent pas de la limiter suffisamment pour un emploi systématique des courtes focales en photographie aérienne avant la fin des années vingt. Les difficiles conditions de prise de vue poussaient pourtant à couvrir le plus large champ possible : la solution adoptée dans tous les pays fut l’utilisation d’appareils à chambres multiples dont les clichés pouvaient être assemblés. Si certains modèles regroupaient jusqu’à neuf chambres, les appareils les plus utilisés n’en comportaient que trois, sur le modèle du Trimetrogon conçu aux Etats-Unis par James W. Bagley en 19181308. Pour assembler les clichés, il était indispensable de les redresser préalablement, une opération problématique qui focalisa l’attention de la recherche en photogrammétrie aérienne jusqu’aux années vingt.

Notes
1307.

L’obturateur était constitué d’un rideau portant une fente se déplaçant d’un bord à l’autre de la plaque, dans un mouvement non uniforme (il accélérait puis ralentissait dans sa course). Rapp. SGA 1914-19, p. 68.

1308.

La chambre principale était placée au centre, à la verticale, et les chambres annexes sur le côté avec une inclinaison de 30°. MARTONNE Emmanuel (de). Géographie aérienne. Op. cit., p. 71.