2.1.3.3. L’influence des progrès de la photogrammétrie terrestre sur l’orientation des recherches en photogrammétrie aérienne.

Entre la conception de la photogrammétrie aérienne comme une réponse aux limites de la photogrammétrie terrestre et le mythe du cliché aérien comme carte parfaite, les rapports entre ces deux techniques me semblent beaucoup plus complexes qu’ils ne furent généralement présentés. Bien que les recherches en photogrammétrie aérienne aient été concentrées jusqu’aux années vingt sur des problèmes spécifiques à la photographie aérienne, c’est-à-dire aux techniques photographiques et aéronautiques en fait, les progrès de la photogrammétrie terrestre me paraissent avoir joué un rôle essentiel comme source d’inspiration et d’orientation pour les recherches en photogrammétrie aérienne. En particulier, je pense que la focalisation sur le problème du redressement1323 visait principalement à obtenir des clichés aériens susceptibles d’être utilisés avec les mêmes méthodes de restitution que celles employées pour les clichés terrestres, la mécanisation et donc l’industrialisation partielle de la restitution étant d’autant plus cruciales que les levés aériens étaient susceptibles de produire un nombre beaucoup plus important de clichés.

Le problème central étant défini et la solution mathématique précisément formulée, la recherche en photogrammétrie aérienne fut caractérisée jusqu’aux années trente par l’unité de son orientation dans tous les pays. D’après Clerc, « de nombreux concours, richement dotés, organisés par le Ministère de la guerre prussien et diverses organisations allemandes, orientaient les chercheurs dans [la] voie » des « applications de la photographie aérienne à la topographie ». Sur le même modèle, « la section Laussedat de la Société française de Photographie [avait organisé] [en 1909] un concours de méthodes et d’appareils automatiques pour la photographie aérienne »1324. Le thème central de la recherche restait le problème du redressement, mais les problèmes annexes n’étaient pas oubliés. Par exemple, « le règlement du concours [de la section Laussedat] recommandait l’inscription automatique sur les clichés des données nécessaires à leur orientation (altitude, angles de site et de dévers, etc.) »1325.

Ce fut à l’intérieur de cette recherche motivée par la volonté de rapprochement avec les solutions adoptées en photogrammétrie terrestre que les levés aériens connurent un développement considérable pendant la première guerre mondiale.

Notes
1323.

Voir supra, partie 4, chapitre 2.1.2.2.

1324.

CLERC L.-P. Applications de la photographie aérienne. Op. cit., p. 2-3.

1325.

Ibid..