2.2.2. Une méthode originale, graphique et artisanale.

2.2.2.1. L’hétérogénéité des clichés aériens exploités.

Dans chaque avion, un observateur-photographe exécutait des clichés de reconnaissance de trois types différents : des photographies verticales, prises avec l’axe optique, perpendiculaire au plan du terrain ; des photographies obliques prises à faible altitude ; et des photographies panoramiques presque horizontales prises à haute altitude. Seul le premier type était susceptible d’être exploité systématiquement, voire restitué, les deux derniers ne pouvant servir qu’à titre documentaire pour « faciliter l’étude des détails et la compréhension des formes du terrain »1336. Bien qu’aucun auteur ne l’ait faite, l’analogie est évidente avec les prises de vue exécutées durant les essais de photogrammétrie terrestre dans les Alpes avant la guerre : seuls les clichés stéréophotographiques horizontaux pouvaient servir à la restitution, alors que les clichés obliques et les tours d’horizon n’avaient qu’un rôle documentaire.

Mais deux particularités différenciaient l’exploitation topographique des photographies aériennes et terrestres. La première tenait au nombre de clichés réalisables : un observateur aérien pouvant ramener plus de prises de vue en une seule mission qu’une brigade photographique en une campagne entière, une organisation rationnelle et complexe devait être mise en place pour l’exploitation efficace des clichés aériens. La deuxième résidait dans les caractéristiques mêmes des clichés. Les conditions des prises de vue en avion ne permettaient pas de garantir la même qualité que pour les prises de vue terrestres. La faible sensibilité des plaques obligeait à utiliser des obturateurs à fente qui faisait que les différentes parties d’un même cliché n’étaient pas prises avec le même point de vue ni avec la même inclinaison de l’axe optique, la faible altitude de vol des avions de l’époque réduisait le champ couvert, et l’impossibilité d’assurer la verticalité de l’axe optique limitait les possibilités d’exploitation des clichés. Même après redressement, un procédé qui ne fut utilisé qu’à partir de 1916 dans certaines sections de photographie aérienne, les clichés restaient encore difficilement exploitables à cause des autres déformations géométriques.

Notes
1336.

Rapp. SGA 1914-19, p. 65.