2.2.2.4. Du placement à vue au graticulage, l’évolution des méthodes de restitution.

Les éléments identifiés par l’interprétation devaient ensuite être situés sur les plans directeurs. Les déformations des clichés aériens ne permettaient pas une véritable restitution, mais l’urgence du travail demandait de toute façon une méthode plus rapide qui consistait surtout à mettre à jour le réseau planimétrique dense dont disposaient les GCT. Des procédés simples furent donc élaborés pour placer les éléments identifiés en s’appuyant sur d’autres éléments présents à la fois sur les photographies et sur le plan directeur :

A partir de ces procédés élémentaires fut mise au point une méthode de restitution d’ensemble, appelé graticulage (ou craticulage), « opération consistant (en employant soit le procédé des alignements, soit celui des faisceaux anharmoniques) à décomposer le plan et la photographie en une série de polygones homologues (quadrilatères ou triangles), assez petits pour que l’on puisse ensuite placer à vue les détails nouveaux à l’intérieur de chacun d’eux »1343. Il s’agissait donc d’une méthode graphique expédiée de report à vue des détails d’une photographie aérienne sur une minute de levé, c’est-à-dire d’une restitution partiellepermettant seulement la mise à jour du canevas planimétrique si quatre repères étaient disponibles sur chaque cliché, avec une précision suffisante pour les besoins militaires.

Cette méthode fut développée dans deux orientations différentes : d’un côté, le lieutenant Sasportès imagina en 1915 le procédé du prolongement photographique, qui permettait, par l’assemblage de photographies se recouvrant partiellement, de restituer toute série de clichés comportant au moins quatre repères – du moins théoriquement, parce que la précision diminuait avec l’écartement de ces repères ; d’un autre côté, les photographies aériennes furent parfois exploitées de façon très artisanale pour rectifier la représentation du relief quand elle provenait des minutes de la carte d’état-major (en examinant deux vues au stéréoscope, un dessinateur traçait sur l’une d’elle les lignes caractéristiques du terrain, puis les restituaient à la chambre claire comme des lignes planimétriques ordinaires pour modifier le tracé des courbes)1344.

Notes
1342.

Si a, b, c, d sont quatre points alignés, le birapport ou rapport anharmonique est égal au quotient des deux rapports de section de c et d sur ab, soit (ca/cb)/(da/db).

1343.

Rapp. SGA 1914-19, p. 69-70.

1344.

Ibid., p. 71.