2.3.1. Des applications topographiques limitées à la planimétrie.

2.3.1.1. Le Comité d’expériences photo-topographiques.

Les applications de la photographie aérienne à la détermination de la planimétrie pendant la guerre intéressaient particulièrement le ministère des Finances qui était confronté depuis longtemps à la difficulté d’une réfection économique du cadastre. A peine onze jours après la signature de l’armistice, il institua par l’arrêté du 20 novembre 1918 une commission spéciale chargée d’étudier cette question, ainsi que le problème ancien d’une collaboration entre le service cartographique militaire et le cadastre1354. La commission comptait parmi ses membres le général Bourgeois et l’ingénieur hydrographe Roussilhe, devenu directeur du service de la reconstitution foncière et du cadastre au ministère des régions libérées. Réunie le 11 décembre 1918, elle conclut que la photographie aérienne pourrait servir à la réfection du cadastre, mais que les méthodes n’étaient pas encore au point1355. Elle obtint des ministères de la Guerre et des Finances la création d’un Comité d’expériences photo-topographiques au sein du SGA – nouvelle preuve de la reconnaissance de l’expertise technique du service. Le Comité était formé d’un fonctionnaire du cadastre et de quatre officiers du SGA, parmi lesquels le commandant Vavon, inventeur d’une chambre claire adaptée à l’exploitation des photographies aériennes1356.

En accord avec le service du Cadastre et la direction de l’Aéronautique militaire, le comité arrêta le 26 février 1919 un programme centré sur la comparaison de la précision, de la rapidité et du prix de revient des différentes méthodes de levés aériens, et sur l’étude des conditions techniques des prises de vue1357. Au début d’avril 1919, la direction de l’Aéronautique militaire mit à disposition du comité une escadrille d’avions et une section photographique. Elles permirent d’expérimenter la révision restreinte et la réfection de plans cadastraux, ainsi que le levé et la révision de plans directeurs au 1 : 10 000, avec la comparaison systématique des méthodes de levés classiques et de levés aériens, d’abord dans des régions plates en 1919, puis dans une région plus accidentée en 1920 (environs d’Ornans, dans le Doubs). Un rapport détaillé de Vavon, résumé par Bellot pour la commission instituée par le ministère des finances, affirma alors que « la photographie aérienne [était] susceptible de rendre des services pour la mise à jour du cadastre et pour l’établissement des plans au 10.000e et aux échelles plus petites », au moins pour la planimétrie, mais que, si la précision était équivalente et le rendement meilleur, il fallait cependant « mettre au point une méthode rationnelle et économique »1358 pour la réalisation des clichés aériens dont le prix était encore trop élevé.

Notes
1354.

Rapp. SGA 1914-19, p. 263.

1355.

Rapp. SGA 1924-25, p. 72.

1356.

Voir supra, partie 4, chapitre 2.2.3.3.

1357.

Rapp. SGA 1914-19, p. 265.

1358.

Rapp. SGA 1920-21, p. 20-21.