2.3.1.3. Des méthodes artisanales dérivées des procédés de la première guerre mondiale.

Bien que le terme « restitution » ait été de plus en plus souvent employé dans les différentes sources, en particulier les rapports d’activité du SGA, l’exploitation des photographies aériennes pour le dessin planimétrique se situait à la limite entre une utilisation purement documentaire et une véritable restitution, c’est-à-dire une détermination mathématique, graphique ou mécanique, relativement précise de la position de points à partir d’un cliché photographique. La méthode employée était similaire à celle du graticulage formalisée à la fin de la guerre1364 : pour augmenter le rendement, elle tentait de remplacer autant que possible l’interpolation graphique des points planimétriques à partir de repères (points identifiés à la fois sur le canevas existant et sur la photographie) par la reproduction ou le décalque direct de la photographie aérienne sur la minute de levé ou de révision. La principale différence avec les procédés utilisés pendant la guerre résidait en fait dans la possibilité de parcourir le terrain, avant la restitution pour déterminer les repères supplémentaires nécessaires1365 et aider à l’identification photographique des détails à restituer, après la restitution pour vérifier et compléter celle-ci, ainsi que pour lever le relief. La rapidité demeurait presque aussi cruciale que pendant la guerre : l’exploitation des photographies se faisant entre les phases de préparation et de complètement des levés, elle occupait l’opérateur au bureau pendant la campagne d’été favorable aux travaux de terrain et devait donc être exécutée avec diligence.

Cette restitution planimétrique artisanale employait d’ailleurs des instruments mis au point pendant la guerre. Les clichés étaient examinés «  à la chambre claire [Vavon, puis Collin] dans tous les cas où il y [avait] peu de détails à restituer, par exemple lorsqu’il s’[agissait] de levés dans des parties peu chargées en planimétrie, ou de révision », alors qu’ils étaient redressés « à l’appareil Roussilhe pour les levés de villes ou d’agglomérations importantes »1366. La restitution à la chambre claire était en effet beaucoup plus longue, en particulier avec les exigences de précision supérieures des temps de paix : elle nécessitait de nombreux tâtonnements pour faire correspondre les quatre repères nécessaires entre la photographie et la minute de levé, une opération qui devait être répétée souvent pour utiliser les repères les plus proches des éléments à reproduire afin de limiter l’impact de l’inclinaison et des déformations du cliché. Après 1924, pour éviter les opérations de bureau pendant la campagne d’été, les dernières restitutions à la chambre claire furent d’ailleurs exécutées après le levé complet du terrain, l’opérateur indiquant directement sur le cliché photographique les éléments planimétriques à lever, puis les restituant plus tard sur la minute.

Au cours des années vingt, le SGA privilégia de plus en plus le procédé du redressement qui permettait un travail plus rapide, plus précis et moins fastidieux, car en partie automatisé. Mais malgré les perfectionnements apportés par Roussilhe à son appareil, la reproduction photographique induisait certaines variations d’échelle, en particulier à cause du jeu du papier, qui limitaient les possibilités de décalque direct des éléments planimétriques d’un cliché redressé sur la minute de levé. Deux solutions à ce problème furent successivement utilisées :

Notes
1364.

Voir supra, partie 4, chapitre 2.2.2.3.

1365.

Les points issus de la triangulation et de la préparation tachéométrique n’étaient en effet pas toujours suffisants pour la restitution de la planimétrie.

1366.

Rapp. SGA 1924-25, p. 150.

1367.

Rapp. SGA 1922-23, p. 97.

1368.

Ibid., p. 98.