2.3.1.4. Des méthodes de complément, sources d’expérience dans la prise de vue aérienne.

Malgré leur développement, ces méthodes restaient des adaptations artisanales des procédés utilisés pendant la guerre, aux levés réguliers des plans directeurs. Les tâtonnements omniprésents dans la restitution à la chambre claire et les multiples « bricolages » nécessaires à l’exploitation des clichés redressés limitaient sensiblement leur potentiel d’industrialisation, en particulier parce qu’ils empêchait une division systématique du travail : le même opérateur exécutait la détermination des repères supplémentaires, l’interprétation des clichés, leur restitution et le levé du terrain. Ces méthodes ne bouleversaient pas le processus traditionnel des levés, dans lequel elles s’intégraient en fait plus ou moins efficacement. Si elles apportaient un certain gain de temps et de précision dans le tracé planimétrique, leur potentiel géométrique se trouvait constamment limité par une application essentiellement graphique et artisanale. Je considère donc qu’elles ne constituaient pas les procédés entièrement nouveaux de levés topographiques que certains voyaient en elles dès le début des années vingt, mais qu’elles restaient de simples compléments aux procédés traditionnels. Utilisées comme des aides mi-documentaires, mi-géométriques, aux opérations de levé, les photographies aériennes ne permettaient pas encore l’accélération majeure des levés de la carte de France que la direction du SGA cherchait à obtenir par le progrès technique.

Selon moi, l’impact majeur du développement de l’utilisation des photographies aériennes au SGA dans les années vingt, se situait moins dans le domaine cartographique que dans les domaines aéronautique et photographique. En multipliant les missions photographiques, les escadrilles militaires ou privées acquirent une expérience importante dans la prise de vue aérienne. Dès 1922, la couverture photographique systématique des régions concernées par le programme de levé permit «  de comprendre combien était délicate la tâche confiée aux observateurs chargés de la prise des clichés si l’on voulait avoir le recouvrement normal de 50 % dans les deux sens – recouvrement qui convient parfaitement à l’examen stéréoscopique des photographies, – sans exagérer inutilement le recouvrement réel »1369, c’est-à-dire sans trop augmenter le nombre de clichés, tout en étant certain de ne pas avoir de lacune dans la couverture. La présence parfois fortuite de nuages flottant sous l’avion, le maniement d’appareils complexes dans des conditions difficiles, notamment dues à une place limitée, accentuaient la difficulté du travail. Le SGA décida ainsi qu’il était « nécessaire de spécialiser davantage les observateurs désignés pour les missions phototopographiques »1370 et tenta d’améliorer sa collaboration avec l’aviation militaire en organisant des stages pour certains de ses officiers.

Mais dans le domaine des levés aériens, le véritable défi technique des années vingt, présenté et envisagé comme tel par tous les spécialistes contemporains, fut la mise au point d’un appareil permettant la restitution complète (planimétrie et relief) et plus ou moins automatisée des clichés aériens, similaires aux instruments employés en stéréotopographie terrestre.

Notes
1369.

Ibid., p. 97-98.

1370.

Ibid., p. 98.