3.1.1. Le programme de 1934, généralisation officielle des levés aériens au SGA.

3.1.1.1. Une suite aux réformes de 1922.

Malgré la simplification de la facture décidée en 1922 et le développement de la stéréotopographie terrestre dans les Alpes, le rythme d’exécution de la nouvelle carte de France restait toujours insuffisant pour envisager un achèvement prochain. En 1934, presque quarante ans après l’acceptation du projet, seulement cent trente-six feuilles avaient été publiées sur les mille cent que comptaient la carte, et l’équivalent de huit cents feuilles entières devaient encore être entièrement levées1429. Si le rythme de publication avait légèrement augmenté, il ne dépassait pas les treize feuilles par an, ce qui aurait demandé encore soixante-quinze années pour l’achèvement de la carte. La conjoncture économique restant défavorable à une augmentation des crédits, la direction du SGA décida d’adapter une nouvelle fois son programme de travail aux moyens dont elle disposait.

Bien qu’aucune référence n’y soit explicitement faite, le nouveau programme en 1934 s’inscrivait clairement dans la prolongation des mesures prises en 1922, qui avaient surtout concerné la rédaction cartographique1430. Le développement de la stéréotopographie terrestre dans les Alpes et la généralisation des levés au 1 : 20 000 à tous les types de relief n’ayant pas permis l’accélération souhaitée dans les travaux, le programme de 1934 s’attaquait plus radicalement à la question des levés topographiques : suite aux essais de 1931-1933, « la solution adoptée [consistait] essentiellement à ne plus s’imposer de passer par l’intermédiaire des levés à grande échelle pour dresser la carte au 50.000e », mais à exploiter « la restitution méthodique des photographies aériennes » pour « obtenir des levés d’une extrême précision, pouvant être établis directement à une échelle voisine du 50.000e, d’après des clichés tirés au 1/30.000 environ »1431. Pour les utilisations techniques, le SGA envisageait de dresser les plans directeurs au 1 : 10 000 et 1 : 20 000 par simple agrandissement photographique des minutes de restitution, sauf pour la centaine de feuilles1432 restant à lever qui contenait des agglomérations importantes ou des zones intéressant les militaires1433, et serait « dressée en établissant tout d’abord les plans au 20.000e »1434. A cause des problèmes posés par les levés aériens aux petites échelles et des demandes répétées des services publics, ce projet initial fut abandonné en 1938 « pour revenir à l’ancienne formule d’une édition au 20.000e, […] l’édition au 50.000e étant toujours déduite du levé au 20.000e »1435. La généralisation des levés aériens ne fut pas remise en cause, puisque la carte au 1 : 20 000 devait être dressée uniquement à partir de la restitution de photographies aériennes prises à une échelle d’environ 1 : 25 000.

En plus d’adopter définitivement les levés aériens, le programme de 1934 établissait aussi précisément l’ordre des travaux en fonction des besoins et des conditions des levés. Ainsi, « la durée prévue [pour l’achèvement de la carte de France] [était] un peu supérieure à 32 ans, non compris la période de transition nécessaire pour passer du système actuel au nouveau »1436. Pour appuyer les nouveaux levés, les opérations géodésiques devaient également être développées, avec l’achèvement urgent des chaînes primordiales, qui ne couvraient encore que la partie est du pays, et l’établissement des réseaux de 1er ordre complémentaire et de détail en fonction du programme des levés1437. Dans les Alpes, le 1er ordre complémentaire fut terminé par les opérations de 1948-1949, complétées en 1958 par une nouvelle jonction des réseaux de 1er ordre français, italien et suisse1438.

Notes
1429.

Rapp. SGA 1934-35, p. 3-5.

1430.

Voir supra, partie 3, chapitre 4.2.1.

1431.

Des problèmes techniques demeuraient pour la réalisation directe de clichés aux échelles supérieures au 1 : 20 000, d’où l’emploi de l’expression « d’après des clichés tirés au 1/30.000 environ », qui pouvait désigner des épreuves réduites à cette échelle. Rapp. SGA 1934-35, p. 4.

1432.

Ibid., p. 5.

1433.

Les demandes du secteur civil en plans à grande échelle concernaient essentiellement les agglomérations. Toutes les frontières terrestres ayant déjà été systématiquement levées, il ne restait pour les besoins militaires qu’à couvrir certaines parties des côtes.

1434.

Rapp. SGA 1934-35, p. 4.

1435.

Rapp. SGA 1938-39, p. 120.

1436.

Rapp. SGA 1934-35, p. 5.

1437.

Ibid., p. 5.

1438.

CHABBERT C. Opérations de triangulation et de stéréopréparation dans les Alpes en 1971 et 1972. Bulletin d’information de l’IGN, décembre 1972, 20, p. 43.