3.1.1.2. Généralisation des levés aériens.

Approuvé en octobre 1934, le nouveau programme « basé sur l’emploi généralisé de la phototopographie »1439 ne faisait que confirmer officiellement l’orientation officieuse du SGA depuis la fin des années vingt. Ses prescriptions furent d’ailleurs adoptées avant même son application officielle en 1936. Ainsi, pour la campagne d’été 1934, des « missions [photographiques] spéciales [avaient été] demandées à l’aviation, tant militaire que civile, en vue de la restitution au stéréotopographe Poivilliers »1440. Couvrant des régions inscrites dans le programme normal du SGA en France et en Algérie, ces missions n’étaient plus expérimentales, mais constituaient bel et bien les premiers levés aériens réguliers effectués en France.

La photographie aérienne étant encore une technique nouvelle, les rapports d’activité du SGA donnaient chaque année le détail des surfaces couvertes, ce qui permet d’avoir une vision globale de l’évolution des levés aériens durant les années trente. Le graphique suivant montre les surfaces couvertes par les levés du SGA en France métropolitaine entre 1931 et 1939 (graphique 19)1441. La diminution des surfaces couvertes par des levés à planchette est assez régulière, la surface levée en 1939 étant environ deux fois moindre que celle levée en 1931 (1 677 km2 contre 3 312 km2). Parallèlement, l’accroissement des surfaces couvertes par des levés aériens est particulièrement rapide. L’augmentation en 1934 et 1935 confirme la fin des essais et le début d’une utilisation régulière de la photogrammétrie aérienne avant même la mise en œuvre du nouveau programme. Cependant, le triplement de la surface couverte entre 1935 et 1936, ainsi que les années suivantes, montre que ce programme marquait la véritable généralisation des levés aériens comme la principale méthode de levés topographiques employée par le SGA en France. L’évolution des échelles des prises de vue aérienne est très révélatrice de la volonté de productivité qui s’imposait au SGA. Même si la différence de surface couverte par des clichés à des échelles différentes introduit un biais dans la représentation graphique de cette évolution, la diminution des échelles reste nette, selon une évolution similaire aux missions destinées à la restitution planimétrique1442 : si le 1 : 15 000 utilisé pour les premiers essais resta employé jusqu’en 1938, principalement par les escadrilles militaires, à partir de 1935, l’essentiel de la surface annuellement couverte était photographiée au 1 : 20 000 ou moins. Cette diminution témoignait de la volonté de couvrir, en une seule mission et avec le même nombre de clichés, une surface de plus en plus grande, mais elle se heurtait aux limites techniques des conditions de prise de vue et de précision de la restitution 1443. Le programme de 1934 imposait théoriquement le 1 : 30 000, mais dans la pratique, la majorité des clichés était pris à des échelles variant entre le 1 : 20 000 et le 1 : 30 000, parfois au cours d’une même mission.

Graphique 19 : Evolution de la surface couverte par les levés du SGA en France métropolitaine, de 1931 à 1939.
Graphique 19 : Evolution de la surface couverte par les levés du SGA en France métropolitaine, de 1931 à 1939.

Notes
1439.

Ibid., p. 3.

1440.

Ibid., p. 89.

1441.

Les chiffres utilisés sont uniquement tirés des Rapport sur les travaux… La Nouvelle carte de France au 20.000 e , publiée en 1950, donne des chiffres très nettement supérieures pour 1939, avec une surface couverte en France métropolitaine de 32 000 km2, qui inclue probablement les 25 800 km2 photographiés par l’escadrille spécialisée lors des missions militaires effectuées entre novembre 1939 et juin 1940 dans le nord-est de la France, mais exclue les levés effectués par des entreprises privées. La Nouvelle Carte de France au 20.000 e . Op. cit., p. 119.

1442.

Voir supra, partie 4, chapitre 2.3.1.2.

1443.

Voir infra, partie 4, chapitre 3.2.