3.2. La construction d’un potentiel industriel : l’effort d’équipement et de normalisation des procédés de photographie aérienne.

La généralisation des levés aériens dans les années trente, puis la formalisation d’un programme de couverture aérienne systématique du territoire français en 1953, s’inscrivaient dans une volonté d’industrialisation des procédés cartographiques toujours plus affirmée par les directions successives du service cartographique. D’un point de vue technique, cette pression industrielle se traduisait par l’omniprésence des problématiques de productivité que reflétait bien le discours tenu dans les rapports officiels et les notices techniques : l’emploi quasi-systématique des termes « rendement » et « précision » dans les mêmes paragraphes témoignait du compromis permanent fait entre la volonté d’accélérer fortement le rythme des levés de la carte de France et la nécessité, inhérente au paradigme de développement scientifique de la cartographie, de conserver une précision au moins égale aux méthodes précédemment employées. Dans le domaine de la prise de vue aérienne, le souci de rendement se manifesta d’abord dans le développement des levés aux petites échelles au cours des années trente1478. Mais les limitations techniques imposèrent une normalisation de l’échelle du 1 : 25 000, principalement dans les levés de la carte de France. L’effort se porta alors sur la construction d’un potentiel industriel pour la photographie aérienne au sein de l’IGN, qui, par l’importance des investissements, scella les choix techniques et méthodologiques du service cartographique centrés sur le stéréotopographe Poivilliers – jusqu’à son abandon tardif à la fin des années soixante.

Notes
1478.

Les rapports d’activité du SGA et les ouvrages techniques employaient systématiquement le terme de « petites échelles » pour désigner en matière de photographie aérienne les échelles supérieures au 1 : 20 000, bien qu’il s’agisse en matière de cartographie topographique d’échelles généralement qualifiées de « moyenne ».