3.2.1. Réduire l’échelle pour augmenter le rendement : les expérimentations des années trente.

3.2.1.1. Une tentation précoce.

Depuis les débuts de la cartographie topographique scientifique, l’échelle des levés avait toujours fait l’objet de compromis entre la précision et le rendement des opérations, d’autant plus complexes que la réduction du temps nécessaire aux levés n’était pas strictement proportionnelle à l’échelle employée1479. En 1927, le général Bellot avait généralisé à tous les types de terrain l’échelle du 1 : 20 000 pour accélérer les levés de la carte de France. Puisque le développement des levés aériens répondait aussi à ce but, il était logique que le SGA envisage très tôt d’optimiser de la même façon le rendement des levés aériens eux-mêmes. Dès les premiers essais étendus de 1931-1933, la diminution de l’échelle des clichés avait été considérée comme la solution privilégiée pour accélérer la restitution, accroître l’efficacité des missions aériennes et réduire le coût matériel en limitant la consommation de plaques photographiques. Le SGA envisageait d’utiliser des prises de vue au 1 : 30 000 et au 1 : 40 000 pour servir de base à la rédaction de la carte de France au 1 : 50 0001480, une orientation qu’officialisa le programme de 19341481.

Mais le choix de l’échelle des levés aériens dépendait d’un équilibre délicat entre la surface couverte par chaque cliché, la focale de l’objectif photographique assurant une qualité satisfaisante, le plafond de vol des avions employés et la précision de restitution souhaitée. L’échelle des clichés étant directement fonction de l’altitude et de la focale de prise de vue, le SGA proposa dès 1933 deux approches qui concentrèrent les efforts de recherche des années trente : soit réduire la focale de prise de vue pour couvrir un champ plus large, soit « utiliser le matériel photographique et les appareils de restitution existants, mais [en prenant] les clichés à très haute altitude, de façon à augmenter la surface couverte par chaque couple de photographies »1482.

Notes
1479.

Au moment des débats sur les échelles de levé et de rédaction de la carte d’état-major, Puissant avait par exemple défendu le maintien des levés au 1 : 10 000 par l’argument que des levés au 1 : 20 000 étaient loin d’être deux fois plus rapide (voir supra, partie 1, chapitre 2.1.3.3).

1480.

Rapp. SGA 1934-35, p. 111.

1481.

Voir supra, partie 4, chapitre 3.1.1.

1482.

Rapp. SGA 1932-33, p. 88.