3.2.1.2. Augmenter l’altitude des prises de vue.

Contrairement à la conception de focale plus courte, les prises de vue à haute altitude avaient l’avantage de pouvoir être expérimentées immédiatement. En 1933, les premiers essais de clichés au 1 : 30 000, pris à une altitude de six mille mètres avec une focale de 200 mm dans le but d’une restitution au 1 : 40 000, furent jugés encourageants, mais les difficultés du vol à haute altitude étaient telles qu’une grande partie des clichés réalisés au cours des essais étendus des années suivantes se révélèrent inutilisables1483. Par exemple, sur les 1 060 km2 commandés à la Société générale de phototopographie dans la région de Beauvais en 1935, seuls 160 km2 purent être fournis cette année-là, obligeant le SGA à passer un autre marché en 19361484.

Comme le SGA ne possédait aucun moyen de recherche en aéronautique, la viabilité de la solution basée sur l’augmentation de l’altitude de vol reposait uniquement sur les avions dont disposaient les escadrilles employées pour les missions de photographie aérienne. Avant la création de l’escadrille spécialisée en 1938, le plafond de vol des appareils de l’aviation militaire ou des entreprises privées ne permettait pas au SGA d’envisager des missions régulières à plus de six mille mètres d’altitude dans de bonnes conditions pour les prises de vue. A la même époque, la section des instruments d’optiques du SGA avait fait des progrès potentiellement plus intéressants dans la conception d’objectifs à courte focale adaptés à la photogrammétrie, qui firent privilégier la solution photographique pour la diminution de l’échelle des clichés. Mais les missions à haute altitude restaient avantageuses pour la couverture des vastes régions à cartographier dans les colonies, et indispensables pour celle des régions montagneuses1485 : des essais limités continuèrent donc d’être menés ponctuellement par le SGA. Ce ne fut finalement qu’avec l’équipement de la nouvelle escadrille spécialisée en Potez 540 que des levés réguliers à haute altitude purent être sérieusement envisagés : utilisés jusqu’en 1942, ces avions, avec leur plafond de vol de dix mille mètres, permirent notamment d’assurer la couverture photographique du massif du Mont Blanc1486.

Notes
1483.

Rapp. SGA 1934-35, p. 12.

1484.

Rapp. SGA 1936-37, p. 41.

1485.

Les prises de vue au 1 : 15 000 avec une focale classique de 200 mm nécessitaient une altitude d’environ trois mille cinq cents mètres au-dessus du terrain photographié, ce qui portait rapidement l’altitude réelle à cinq ou six milles mètres au-dessus des massifs montagneux.

1486.

Voir supra, partie 4, chapitre 3.1.2.4.