3.2.2. Les limites de la normalisation des échelles de levés aériens.

3.2.2.1. Le rejet des petites échelles : l’adoption du 1 : 25 000 comme échelle optimale pour les levés aériens.

Entre 1933 et 1937, les essais de levés aériens aux petites échelles visaient à déterminer l’échelle permettant d’« obtenir un rendement intéressant » tout en veillant à ne « pas être trop petite afin que tous les détails intéressants restent visibles »1503. Mais les possibilités restaient encore confuses : certains spécialistes affirmaient qu’il était difficile de dépasser le 1 : 30 000 sans perdre trop de détails1504, d’autres que le 1 : 40 000 seraient sans doute suffisant pour les levés de la carte au 1 : 50 0001505. Le développement des levés, la formation de l’escadrille spécialisée, et les perfectionnements apportés aux objectifs et au stéréotopographe, permirent de définir plus clairement les progrès envisageables dans l’altitude de prises de vue et la précision de restitution des clichés. Mais la généralisation des levés aériens nécessitait un effort de normalisation des méthodes, notamment dans les échelles employées. En 1938-1939, les spécialistes du SGA affirmaient qu’« en l’état actuel des choses, […] le pouvoir séparateur de l’objectif et la finesse de l’émulsion ne permettraient pas d’exploiter, de façon satisfaisante, des clichés aériens à une échelle inférieure au 40.000e, sous peine de laisser échapper de nombreux détails planimétriques intéressants »1506.

Jusqu’en 1938, l’inadaptation des avions et l’inexpérience des équipages empêchait la navigation de précision capable d’assurer une échelle de prise de vue régulière, si bien que celle-ci variait entre le 1 : 20 000 et le 1 : 30 000, parfois parmi les clichés d’une même mission. La régularité supérieure des prises de vue effectuées par la nouvelle escadrille spécialisée et le retour à une conception des levés aériens pour la réalisation de la carte au 1 : 20 000, et non plus au 1 : 50 000, favorisèrent une normalisation officieuse à une échelle moyenne : d’après le rapport d’activité de 1939, « l’échelle normalement utilisée [semblait] être dorénavant voisine du 25.000e »1507. Durant l’occupation, les premières missions de l’IGN en France métropolitaine reprirent cette même échelle, mais ce ne fut qu’après la seconde guerre mondiale que le 1 : 25 000 fut officiellement adopté pour tous les levés aériens destinés aux cartes de France au 1 : 20 000 et 1 : 50 000. Bien qu’inférieur à celui envisagé avec l’adoption du 1 : 30 000 ou du 1 : 40 000, l’impact du changement d’échelle sur le rendement des levés aériens n’était pas négligeable : en moyenne, une feuille au 1 : 50 000 était restituée avec cent quarante couples de clichés au 1 : 25 000, contre deux cent quarante couples au 1 : 20 0001508.

Notes
1503.

Rapp. SGA 1934-35, p. 49-50.

1504.

Rapp. SGA 1932-33, p. 88.

1505.

Ibid., p. 111-112.

1506.

Rapp. SGA 1938-39, p. 119.

1507.

Ibid., p. 120.

1508.

DANIEL R.E. Les résultats obtenus… Op. cit., p. 26.