3.2.2.3. Une normalisation limitées aux levés de la carte de France.

Le graphique suivant montre l’évolution des échelles de tous les levés aériens du SGA et de l’IGN concernant la zone couverte par mon corpus – levés de la carte de France inclus (graphique 25). La tendance à la diminution des échelles est là aussi observable, mais elle est beaucoup plus lente, et marquée par des variations périodiques importantes à partir de l’après-guerre. De plus, le spectre des échelles utilisées est beaucoup plus étendu. J’explique ces caractéristiques par l’extrême diversité des besoins auxquels répondaient les levés aériens du service cartographique officiel, spécialement après son passage dans le domaine civil et son ouverture commerciale aux travaux commandés : l’évolution constante de ces besoins ne permettait pas une normalisation aussi poussée que pour les réalisations à échelle fixe qu’étaient les cartes de France au 1 : 20 000 et 1 : 50 000.

Graphique 25 : Evolution des échelles des missions aériens couvrant les Alpes du nord, de 1926 à 1976.
Graphique 25 : Evolution des échelles des missions aériens couvrant les Alpes du nord, de 1926 à 1976.

Jusqu’aux années soixante-dix, l’échelle moyenne des levés aériens était généralement inférieure à 1 : 20 000 et l’échelle maximale coïncidait systématiquement avec celle des levés de la carte de France quand il y en avait eu durant l’année. Cette opposition entre l’échelle réduite et normalisée des levés dits « de vocation »1509 et les échelles grandes et diverses des levés de service montre les difficultés qu’éprouvait l’IGN à concilier la nécessité de rendement imposée par sa situation financière avec le développement scientifique de la cartographie imposant une augmentation de la précision et donc de l’échelle de représentation, notamment pour répondre aux besoins de l’industrialisation et de la modernisation de la société française après la deuxième guerre mondiale. L’importante diminution des échelles des levés aériens entre la fin des années soixante et la fin des années soixante-dix, particulièrement nette sur les courbes des échelles moyennes et minimales, correspond au remplacement des plaques de verre par des films1510. Ce changement technique fondamental marquait la volonté de l’IGN de réussir le difficile compromis entre productivité et précision, mais il remettait aussi en cause le système technique centré sur le stéréotopographe autour duquel l’IGN avait construit tout son potentiel aérien depuis la fin de la guerre.

Notes
1509.

Le terme ne fut systématiquement employé pour la couverture aérienne nécessaire à la carte de France qu’à partir des statuts de 1966 qui incluaient pour la première fois les levés aériens dans la mission de vocation de l’IGN (voir infra, « Après 1960… », 1.1).

1510.

Voir infra, partie 4, chapitre 3.2.4.