Au cœur du système technique des levés aériens du SGA puis de l’IGN, l’instrument de Poivilliers connut une série de perfectionnements linéaires qui s’inscrivaient dans l’orientation industrielle du service cartographique, mais ne remettaient jamais en cause les choix techniques initiaux – en particulier l’emploi exclusif des plaques photographiques. Au début de sa généralisation pour la restitution des clichés aériens, le stéréotopographe n’avait pas encore les caractéristiques définitives propres à une exploitation industrielle, permettant entre autre son utilisation par des opérateurs peu qualifiés. En effet, les stéréotopographes type A dont disposait le SGA recevaient encore régulièrement de petits perfectionnements, ce qui non seulement les rendait indisponibles pour le travail de restitution pendant de courtes périodes, mais empêchait aussi la formalisation de la méthode de restitution puisque le maniement de chaque appareil différait légèrement. De plus, leurs caractéristiques mêmes se révélèrent rapidement insuffisantes pour une exploitation intensive avec des objectifs de petite focale. En particulier, le fusionnement stéréoscopique s’avérait délicat et fatiguant à obtenir.
A la demande du SGA, Poivilliers et la SOM mirent à l’étude un nouveau stéréotopographe type B 1518 , qui conservait le principe de base de l’instrument, mais l’adaptait à une utilisation avec des courtes focales et à une exploitation plus intensive, notamment par une modification complète de la construction des commandes1519. La rapidité avec laquelle furent livrés les premiers exemplaires du type B témoignait du passage dans une logique industrielle qui imposait un équipement conséquent et normalisé. Au cours de la guerre, un type B perfectionné, aussi appelé type BP, fut mis au point, qui connut des améliorations fonctionnelles régulières, par exemple, en 1946 : « dispositif de double commande du coordinatographe, relevage du stylet, installation d’un stéréoscope à planchette inclinable sur le coordinatographe, etc… »1520 Il demeura le plus utilisé pour la restitution des levés à grande échelle, bien qu’un type C et un type D furent également conçus au cours des années quarante : plus simple, le type D était essentiellement « destiné à la restitution des clichés pris outre-mer avec des chambres métriques de focale quelconque »1521, même s’il fut également utilisé pour les levés de la France métropolitaine. Quelques-unes des modifications que connut le stéréotopographe furent imposées par les changements techniques dans la prise de vue aérienne, par exemple après l’adoption des nouveaux objectifs de focale 125 ou 150 mm, mais dans la majorité des cas, ce fut l’instrument de Poivilliers qui imposa les choix techniques du service cartographique dans les domaines de l’aéronautique et de la photographie – preuve une fois encore de la place centrale qu’il occupait dans le processus de levé aérien du service.
Malgré la désignation identique, ce modèle n’est pas le même que le type B, version simplifiée du type A, conçu par Poivilliers dans les années vingt (voir supra, partie 4, chapitre 2.3.2.3) : il constituait au contraire un perfectionnement du type A.
Rapp. SGA 1938-39, p. 113-114.
Rapp. IGN 1946, p. 53.
Rapp. IGN 1948, p. 64.