3.2.3.4. L’équipement photographique.

L’effort d’équipement en matériel photographique fut sans doute moins spectaculaire que le développement du matériel aéronautique, mais il ne fut pas moins important dans l’accroissement du potentiel de l’IGN en photographie aérienne. Sa première manifestation fut le développement de nouveaux objectifs. L’IGN engagea rapidement des études pour « réaliser une série d’objectifs rigoureusement identiques, ce qui faciliterait considérablement l’exploitation photogrammétrique des clichés »1530 en supprimant l’étape complexe de l’apairage. Selon moi, ce souci de normalisation des objectifs témoignait encore une fois de la volonté d’industrialisation des procédés de photogrammétrie aérienne, en essayant de limiter le plus possible les manipulations complexes afin d’augmenter le rendement. Mais une régularité de fabrication satisfaisante ne put être obtenue que par la mise au point d’un nouvel objectif : la conception de l’Aquilor de focale 125 mm permettait une fabrication avec un haut taux de réussite1531 et une différence de distorsion entre deux objectifs singulièrement limitée1532. Egalement construit en focale 150 et 200 mm, l’Aquilor fut généralisé à la fin des années quarante. Le gain en netteté n’était cependant pas significatif : cette évolution de l’équipement photographique s’inscrivait donc clairement dans la seule problématique de la productivité, qui avait d’ailleurs initialement motivé ces recherches en optique.

La même problématique avait inspiré des recherches sur l’automatisation des prises de vue. Dès 1937, des « chambres semi-automatiques » étaient expérimentées dans l’objectif explicite de « permettre l’utilisation en toutes circonstances par des opérateurs même non entraînés »1533, en même temps que des chambres entièrement automatiques commençaient à être étudiées par l’IGN, la SOM et Poivilliers. Leur utilisation pour les levés aériens de l’institut se généralisa à partir de la fin des années quarante, s’inscrivant ensuite dans une série de perfectionnements linéaires pour adapter les chambres aux progrès de l’optique ou aux modifications du stéréotopographe. Avec l’essor considérable des applications de la photographie aérienne, d’autres entreprises avaient développé des solutions pour la prise de vue, mais celles-ci étaient majoritairement basées sur l’emploi d’émulsion sur film : jusqu’aux années soixante, l’IGN privilégia toujours la prise de vue sur plaques – du moins pour les levés de la carte de France – et son équipement resta essentiellement constitué d’appareils construits en collaboration avec la SOM (renommée plus tard SOPELEM). Il continua également de mener des recherches pour augmenter la précision de la restitution, notamment par la garantie d’une meilleure planéité des clichés, mais avant la fin des années soixante, aucune innovation ne vint remettre en cause la place centrale du stéréotopographe dans le système technique des levés aériens de l’IGN.

Notes
1530.

Rapp. IGN 1945, p. 45.

1531.

Cruset souligne qu’une trentaine d’objectifs sur les 45 essayés furent acceptés par l’I.G.N., alors que, par exemple, seulement deux objectifs Metrogon de Bausch and Lomb sur un lot d’une centaine avaient accepté aux Etats-Unis, avec les mêmes exigences qu’en France.

1532.

CRUSET Jean. L’évolution des objectifs français… Op. cit., p. 52-53.

1533.

Rapp. SGA 1936-37, p. 109.