3.2.4.2. Un changement brutal.

Finalement, l’adoption définitive du film fut aussi brutale que le discours justificatif était confus. Les premiers véritables essais systématiques sur l’utilisation du film pour des levés photogrammétriques de précision ne furent engagés par l’IGN qu’en 1968. Des levés comparatifs furent exécutés sur la feuille de Charlieu avec trois chambres de prises de vue différentes (19 x 19 à plaques avec objectif Aquilor, 24 x 24 à film avec objectif Pleogon et Wild RC8 24 x 24 avec objectif Aviogon), à trois échelles différentes (1 : 25 000, 1 : 30 000, 1 : 40 000), et restitués avec deux appareils différents, le stéréotopographe BP et le nouveau Presa de la société française Sopelem qui permettait la restitution directe des clichés sur film1537. Les spécialistes de l’IGN jugèrent que le meilleur résultat avait été obtenu avec l’objectif Aviogon, qui disposait d’une formule optique bien plus élaborée que l’Aquilor, un film 24 x 24 à grande stabilité dimensionnelle et une échelle moyenne de 1 : 30 000.

Avant même ces essais, la couverture aérienne au 1 : 25 000 de la France avait été exécutée sur film 24 x 24 cm à partir de 19661538. Mais l’utilisation du film ne fut définitivement généralisée à tous les levés de l’IGN qu’en 1969, en même temps que l’échelle du 1 : 30 000 était adoptée pour les levés de la carte de France et qu’un nouveau type graphique, reposant sur certaines caractéristiques techniques de ce nouveau procédé, était mis au point1539. Le renouvellement de l’équipement fut précipité par une politique particulièrement volontariste de la direction et des autorités publiques. En 1971, le Service des activités aériennes de l’IGN utilisait encore vingt-cinq chambres à plaques 18 x 18 de type Poivilliers, mais disposait déjà de douze chambres Wild à film 24 x 24 avec des objectifs Aviogon (tous modèles confondus), dont trois avec une focale de 88 mm1540. Si pendant quelques années, les clichés sur films continuèrent d’être transférés sur plaque pour être restitués avec l’important parc de stéréotopographes, l’IGN acquit rapidement des appareils Presa qui remplacèrent peu à peu les instruments de Poivilliers, mettant fin à un système technique qui avait présidé au développement des levés aériens en France pendant presque quarante ans.

Notes
1537.

SINOIR Alain. 1940-1990 : une histoire mouvementée. Op. cit., p. 43.

1538.

Un nouveau venu au Service des Activités Aériennes, l’Aero Commander Type FL. Bulletin d’information de l’IGN, juillet 1969, 8, p. 2.

1539.

Voir infra, « Après 1960… », 2.

1540.

Le Service des activités aériennes… Op. cit., p. 10.