3.3.3. L’inévitable étape du complètement.

3.3.3.1. Le complètement, un mal nécessaire.

Dès 1934, le processus des levés aériens avait été orienté vers une préparation optimisée afin de faciliter la restitution et de raccourcir le complètement sur le terrain. Celui-ci fut toujours perçu comme une étape moins cruciale que la préparation, mais qui restait nécessaire et inévitable parce que, quelle que soit la qualité des stéréominutes de restitution, il demeurait toujours des blancs dus aux imperfections de la navigation aérienne, aux défauts des clichés eux-mêmes (voilés, flous, présence de nuages) ou aux limites de la vision verticale (zones boisées ou fonds de vallées dans l’ombre). Ces blancs ne pouvaient être complétés que par des levés directs sur le terrain, au cours desquels étaient également effectuées la mise en place des limites administratives et l’enquête toponymique, ainsi qu’une certaine forme de révision qui consistait à corriger les erreurs d’interprétation et à ajouter les détails oubliés par le restituteur.

En région de haute ou moyenne montagne, le complètement se révélait encore plus important que dans les régions de plaine non excessivement boisées. Il représentait la seule possibilité pour repérer et signaler avec l’intensité nécessaire les accidents topographiques proches de la verticale, difficilement identifiables sur les photographies aériennes. Il permettait également de collecter des données concernant les éléments totalement invisibles sur les clichés aériens, qui prenaient parfois une importance cruciale en montagne : sentiers balisés ou abandonnés, abris, grottes, barres rocheuses dangereuses, etc. Enfin, l’enquête toponymique précise et la vérification des informations fournies par d’autres organismes, comme les itinéraires ou les refuges, apportaient une plus-value touristique à la carte, à laquelle le service officiel accordait une importance croissante depuis sa « reconquête » de la cartographie alpine dans les années trente1566.

La variété des tâches effectuées faisait du complètement une étape importante mais difficilement formalisable du processus cartographique, qui restait peu détaillée dans la littérature technique et les instructions officielles à cause de la proximité des procédés mis en œuvres avec ceux des levés directs et des révisions de terrain. Les rares références le présentait comme un mal nécessaire, à l’image de cette brève remarque de 1937 qui rappelait que « malgré l’excellente qualité du document fourni par la restitution, il [était] indispensable de le réviser et de le compléter sur le terrain »1567.

Notes
1566.

Voir supra, partie 3, chapitre 2.3.3.2.

1567.

Rapp. SGA 1936-37, p. 42.