Cette perception du complètement comme un fardeau inévitable s’intégrait dans la volonté, qu’impliquait tacitement la focalisation sur le rendement des travaux, de couper les opérations topographiques du terrain. Puisqu’une grande partie du travail du compléteur provenait des défauts ou des lacunes de la restitution, cette volonté se manifesta très tôt dans l’ambition explicite de supprimer ceux-ci afin de rendre le complètement inutile.
Ainsi, à la fin des années trente, le SGA envisagea la possibilité, « théoriquement réalisable » mais impliquant une « quasi-perfection dans les différentes opérations », d’arriver à la « production au moyen des appareils de restitution d’une stéréominute complète, qui pourrait être immédiatement éditée, sans nouveau travail de terrain »1568. Dans cette nouvelle organisation, le stéréopréparateur assurerait une partie du complètement en indiquant directement sur les épreuves photographiques les éléments à figurer sur la carte et en recueillant les informations administratives et toponymiques. Selon le SGA, ce regroupement des opérations aurait l’avantage d’offrir un rendement supérieur et un prix de revient très inférieur, puisque « les heures d’opérateur sur le terrain (avec ses aides) [étaient] beaucoup plus onéreuses que les heures de travail au bureau »1569. Il nécessiterait par contre des équipes de restitution particulièrement bien formées, notamment pour le dessinateur qui devrait avoir d’excellentes connaissances en topographie – ce qui contrastait avec la volonté d’industrialisation qui aurait dû chercher des procédés nécessitant la moindre qualification. Le SGA jugea finalement que les conditions de qualité des prises de vue et de formation du personnel n’étaient pas encore réunies pour permettre de supprimer l’étape du complètement, mais le problème était en fait beaucoup plus complexe et la restitution n’atteignit jamais une efficacité suffisante pour se passer de complètement : aujourd’hui encore, les stéréominutes sont d’ailleurs toujours complétées sur le terrain.
Rapp. SGA 1938-39, p. 54.
Ibid., p. 56.