3.3.4. Les conséquences sur la révision.

Depuis la guerre de 1870, la révision était définitivement perçue comme une étape essentielle du processus cartographique, permettant de conserver une certaine actualité à des entreprises particulièrement longues1576. Dès les années vingt, malgré des premiers essais peu concluants1577, le SGA avait développé l’emploi des photographies aériennes pour aider la révision planimétrique des agglomérations : les nouveaux éléments étaient placés par des méthodes graphiques similaires à celles employées pendant la guerre, puis l’opérateur vérifiait les modifications sur le terrain et les complétait pour les éléments invisibles sur les clichés aériens. Cette méthode fut utilisée pour la carte d’état-major jusqu’à l’arrêt de son entretien en 1957, ainsi que pour les cartes de France au 1 : 20 000 et 1 : 50 000 jusqu’au début des années trente. Dans les Alpes, la faible urbanisation et la nécessaire révision du relief favorisèrent le maintien d’opérations de révision de terrain classique1578. Mais la généralisation des levés aériens permit d’utiliser la restitution des clichés au stéréotopographe pour la révision. Dans cette application particulière, la restitution s’avérait beaucoup plus rapide : l’opérateur comparait la carte à réviser et les clichés aériens afin de noter sur ceux-ci les détails nouveaux, puis la restitution était exécutée pour ces seuls détails, la mise en place des clichés étant grandement facilité par la nature exclusivement planimétrique des modifications. La minute était ensuite mise au net, puis vérifiée et complétée sur le terrain, en même temps que l’opérateur récoltait les renseignements administratifs et toponymiques.

L’exploitation des photographies aériennes pour la révision participait du même souci de réduction des opérations de terrain que l’optimisation de la préparation et de la restitution. Les résultats étaient d’ailleurs particulièrement probants, puisque cette exploitation permit d’augmenter considérablement le rythme moyen des opérations de révision (tableau 20). Au cours des années soixante-dix, la conception d’instruments spécialisés comme le révicarte ou le stéréoréviseur, permit d’accélérer encore sensiblement l’exploitation des clichés aériens pour la révision, mais au début des années quatre-vingt, la révision des feuilles de région accidentée nécessitait encore le recours à une restitution photogrammétrique sur appareil classique1579.

Tableau 20 : Rendements comparés des différentes méthodes de révision.
Carte Méthode de révision de terrain Surface par « mois-opérateur » (en km 2 )
Carte de France au 1 : 80 000
sans photographie aérienne 80
restitution graphique 220
Carte de France au 1 : 20 000 sans photographie aérienne 20
 
restitution graphique 50
restitution au stéréotopographe 90
Notes
1576.

Voir supra, partie 2, chapitre 3.2.

1577.

Rapp. SGA 1924-25, p. 73.

1578.

Voir supra, partie 3, chapitre 2.2.2.4.

1579.

BOMPAS J., DURETTE D et al. Mise à jour partielle des cartes de base à 1 : 25 000. Bulletin d’information de l’IGN, 1980, 40, p. 30.

1580.

Les chiffres sont issus de : LE MEHAUTE François. Evolution des méthodes de révision des cartes – Emploi des procédés photogrammétriques. Bulletin d’information de l’AIG, novembre 1960, 18, p. 86.