Chapitre 4. Le fantasme d’une représentation scientifique du relief : la tentation topométrique.

Après la seconde guerre mondiale, le développement de l’IGN avait été dominé par l’industrialisation des procédés cartographiques qui s’inscrivait à la fois dans la volonté de régler par l’augmentation de la productivité les éternels problèmes budgétaires du service officiel, et à la fois dans la promotion d’une évolution commerciale faisant de la rentabilité une question centrale1583. Cette industrialisation ne se traduisit pas seulement par la généralisation et l’effort d’équipement et de normalisation des levés aériens1584, mais aussi par une mutation majeure des procédés de rédaction cartographique qui étaient restés pratiquement inchangés depuis leur formalisation au début du 20e siècle avec les types 1900 et 1922. Jusqu’au début des années cinquante, l’aspect artistique conservait une place relativement importante qui s’opposait à une véritable industrialisation de la rédaction, malgré sa remise en cause cyclique par le fantasme d’une représentation scientifique du terrain1585. Les modifications profondes provoquées par l’industrialisation des levés aériens, puis de la rédaction cartographique, participèrent à la résurgence de ce que j’ai appelé la tentation topométrique, mettant cette fois-ci en place les conditions qui permirent l’adoption d’une représentation du relief qui limitait considérablement les spécificités de la cartographie de haute montagne.

Notes
1583.

Voir supra, partie 4, chapitre 1.

1584.

Voir supra, partie 4, chapitre 3.

1585.

Voir supra, partie 2, chapitre 4.3, et partie 3, chapitre 4.3.