4.1.1. La nécessité industrielle d’un processus formalisé et stable.

4.1.1.1. Une stabilité garantissant l’homogénéité de la carte.

La remarquable stabilité des procédés de rédaction reposait sur la volonté de publier une carte de France la plus homogène possible, qui se manifesta notamment dans la transformation systématique des feuilles du type 1900 en type 1922 et que j’interprète comme la preuve d’une certaine persistance de la tradition fixiste de la cartographie. Contrairement aux méthodes de levé, les procédés de rédaction avaient une influence fondamentale sur l’aspect graphique final des feuilles publiées et ils ne pouvaient guère être changés sans modifier les spécifications des cartes elles-mêmes. Ainsi, le type 1922 avait été en grande partie modelé par la généralisation du dessin par couleur séparée. Les rares changements opérés avant la fin des années cinquante restèrent donc toujours relativement limités, comme par exemple, pour la carte au 1 : 50 000, l’adoption du 1 : 37 500 comme échelle de rédaction1588 ou le remplacement des réserves à la gomme par les masques sur support plastique dans l’établissement des planches de teinte1589. Toutes les autres techniques furent l’objet d’études et d’expérimentations particulièrement longues avant que leur emploi régulier au stade de la production ne soit envisagé. Ainsi, les supports plastiques et le tracé sur couches, qui constituent le cœur même de la mutation de la rédaction cartographique dans les années cinquante et soixante, ne furent adoptés qu’après des études étendues au sein d’un atelier pilote mis en place en 19591590, provoquant une transition technique complexe qui nécessita, en définitive, la modification des spécificités des différentes cartes, en particulier au niveau des signes conventionnels1591.

Notes
1588.

L’assemblage des minutes ou plans au 1 : 20 000 sur la feuille de projection se faisait toujours au 1 : 33 333, parce que l’échelle du 1 : 37 500 n’était pas présente sur le coordinatographe. Une étape supplémentaire de réduction de la maquette au 1 : 37 500 était donc nécessaire.

1589.

CUENIN R. L’évolution des techniques cartographiques. Op. cit., p. 28 et 31.

1590.

Rapp. 4e dir. IGN 1959, p. 17.

1591.

Voir infra, partie 4, chapitre 4.1.3.3.