4.1.2. La généralisation de la rédaction sur couches.

4.1.2.1. Les problèmes de la stabilité dimensionnelle et de la reproduction photographique.

La généralisation de la reproduction zincographique à la fin du 19e siècle avait été rendue possible par le développement de l’héliogravure qui permettait de graver une planche de zinc à partir d’un cliché photographique1600. Depuis le début du 20e siècle, l’immense majorité des cartes publiées par le SGA, puis l’IGN, étaient imprimées par zincographie avec une planche par couleur. Ces planches pouvaient être obtenues soit par héliogravure directe, quand le dessin était directement réalisé sur un support transparent, soit par héliogravure indirecte, quand le dessin réalisé sur un support opaque était reproduit par photographie pour être métallographié. Mais les supports transparents disponibles dans la première moitié du 20e siècle présentaient des défauts qui les firent rejeter par le service cartographique français : les papiers calques n’étaient pas assez transparents et présentaient une faible stabilité dimensionnelle, qui ne pouvait naturellement pas être corrigée par le collage sur zinc qui supprimerait toute transparence ; les glaces étaient chères, encombrantes et fragiles1601, et ne furent employées en France que pour les planches de courbes de niveau du type 19001602. Le dessin sur papier Rives collé sur zinc et l’héliogravure indirecte s’imposèrent donc rapidement et durablement jusqu’à la fin des années cinquante.

Cependant, les supports transparents pour les techniques graphiques connurent une mutation considérable avec le développement industriel des matières plastiques à partir des années quarante. « Mélanges à base de résine organique, naturelle ou synthétique, moulables à chaud »1603, les matières plastiques se présentaient sous forme de feuilles souples qui pouvaient être opaques, translucides ou transparentes. Ces nouveaux supports plastiques furent d’abord en acétate de cellulose, en chlorure de polyvinyle ou en résine vinylique, puis en polystyrène et en polyester. Des études détaillées sur les premiers supports disponibles montrèrent que la stabilité dimensionnelle des résines vinyliques était largement supérieure, ce qui les rendait particulièrement adaptées aux travaux cartographiques. L’astralon allemande et l’astrafoil anglaise devinrent rapidement les plus utilisées dans ce domaine. Mais les polyesters s’avérèrent encore plus stables, sans que cela bouleverse vraiment la pratique cartographique, puisque au-delà d’une certaine stabilité, le jeu de l’épreuve imprimée restait plus important et permettait une certaine tolérance pour le support employé au dessin.

Le développement des matières plastiques ramena au premier plan la possibilité d’établir le dessin cartographique directement sur un support transparent. Dans un premier temps, cette possibilité fut exploitée avec une méthode réduisant radicalement les étapes de la rédaction cartographique. En effet, en traçant la projection et les points géodésiques directement sur un support transparent, il était envisageable de supprimer l’étape d’assemblage et d’utiliser la transparence pour établir le dessin à partir d’une mise à l’échelle du document de base, ou pour vérifier ce dessin en faisant coïncider les points géodésiques de celui-ci avec la feuille de projection. En procédant par portions du dessin systématiquement alignées par leurs points géodésiques, on reproduisait le procédé utilisé pour l’assemblage, mais directement au stade du dessin. Cette méthode permettait non seulement d’économiser des opérations photographiques, mais également de faciliter la rédaction et la vérification, augmentant une rentabilité qui était devenue le principal souci de la direction du service cartographique.

Notes
1600.

Voir supra, partie 2, chapitre 3.1.3.3.

1601.

ALINHAC Georges. Rédaction cartographique. T.1. Eléments de base et techniques générales. Paris : Institut géographique national, 1954, p. 85-88.

1602.

Ainsi que pour les cartes d’Algérie et de Tunisie dressées à la fin du 19e siècle, dont le type 1900 reprenait certaines techniques (voir infra, partie 3, chapitre 4.1.3.1).

1603.

ALINHAC Georges. Rédaction cartographique. T.1. Op. cit., p. 86.