4.1.2.2. Les premières utilisations à l’IGN : masques sur support plastique et stéréominutes sur plastique opaque.

De nombreuses études montrèrent la rentabilité de la méthode du dessin direct sur support plastique, mais elles soulignèrent également que la multiplication des manipulations d’alignement augmentait le risque d’erreur, la rendant moins précise que la méthode traditionnelle dans laquelle la feuille de projection et certains éléments du fond topographique (courbes de niveau et hydrographie) étaient reproduits en bleu actinique sur les différentes planches à dessiner. Jusqu’au milieu des années cinquante, Hurault ayant continuellement défendu la dimension de prestige de la carte de France, l’IGN n’adopta cette nouvelle méthode que pour les travaux expédiés et certaines cartes demandant moins de précision. Mais les qualités de stabilité dimensionnelle que présentaient les supports plastiques les rendaient particulièrement intéressants pour le dessin cartographique, une spécialité dans laquelle s’exprimait particulièrement l’éternel dilemme entre le poids des traditions et la sensibilité aux progrès techniques. Les recherches se concentrèrent donc sur une adaptation de la rédaction sur support transparent à la méthode traditionnelle : en remplaçant l’habituel papier Rives par un support plastique sur lequel les mêmes informations étaient reproduites en bleu actinique, la rédaction conservait la précision supérieure de la méthode par assemblage tout en profitant des avantages des supports plastiques au niveau de la rapidité de vérification.

A l’IGN, les premières utilisations de support plastique furent donc limitées à des étapes particulières du processus de rédaction. Au début des années cinquante, l’institut adopta ainsi l’établissement de la planche de vert du 1 : 50 000 par masque sur astralon1604. Plus rapide et plus souple que la réserve à la gomme, la méthode des masques sur support plastique ne modifiait pas profondément la rédaction cartographique : elle pouvait donc être rapidement adoptée, avec un minimum d’effort de la part des opérateurs. En 1958, bien que la rédaction des minutes ou stéréominutes de la carte au 1 : 20 000 sur papier armé ait toujours donné satisfaction, le développement des supports plastiques était tel que l’IGN décida d’établir directement ces documents sur plastique opaque blanc1605. La modification du processus de rédaction était là encore extrêmement limitée, puisque le principal changement consistait à adopter des encres adaptées au nouveau support du dessin. Mais à mes yeux, cette modification illustre l’influence d’une pression industrielle extérieure à l’IGN qui imposait le remplacement des produits traditionnels par de nouvelles productions, comme dans le cas des plaques photographiques et du film1606.

Notes
1604.

Voir glossaire.

1605.

ALINHAC Georges. Cartographie théorique et technique. T.3. Op. cit., p. 8.

1606.

Voir supra, partie 4, chapitre 3.2.4.