4.1.2.3. De nouveaux procédés de dessin : le tracé et l’arrachage sur couche.

A cause de sa complexité et de sa lenteur, la rédaction par gravure directe sur planche de cuivre ou de zinc avait été abandonnée depuis longtemps, remplacée au début du 20e siècle par la méthode du dessin. Particulièrement rapide et simple d’exécution, celle-ci restait pourtant l’objet de critiques de plus en plus prononcées sur l’emploi indispensable de la réduction photographique pour « gommer » les imperfections et homogénéiser les dessins. Au cours des années quarante et cinquante, l’exacerbation des questions de productivité stigmatisa ainsi dans cette méthode la complication de la rédaction par l’utilisation d’échelles différentes, le coût des opérations photographiques, la complexité du processus d’établissement des planches de tirage. Dans de nombreux pays industrialisés, en particulier aux Etats-Unis et en Suisse, une recherche active, suivie de près par l’IGN, essayait de « donner au dessin sur support transparent la qualité de la gravure »1607. En 1959, un atelier pilote fut spécialement créé au sein de la 4e direction de l’institut, « dans le but d’étudier de nouvelles techniques et méthodes de rédaction cartographique, de préparer les instructions pour la mise en application des méthodes retenues dans les différents groupes du Service du Dessin et enfin de faire l’instruction du personnel tant artistes que dessinateurs dans les techniques mises au point »1608. L’objet principal de ces études était les procédés relativement nouveaux du tracé et de l’arrachage sur couche (scribing-mask et strip-mask en anglais).

Le tracé sur couche reprenait le principe du procédé de la glace blanchie, qui avait été utilisé au SGA pour les planches de courbes de niveau de la carte d’Algérie et du type 19001609. Abandonné en France à cause des défauts traditionnellement reprochés aux supports en verre (prix, fragilité, poids, encombrement) et de l’impossibilité de tracer des lignes très rapprochées sans écailler l’enduit, ce procédé avait continué d’être employé dans certains pays étrangers, formant la base des recherches qui aboutirent après la seconde guerre mondiale au tracé sur couche. Le principe de ce nouveau procédé était de dessiner les planches « par gravure d’une couche opaque mince déposée sur un support plastique transparent »1610 pour obtenir l’équivalent d’un négatif sur film (dessin en trait transparent sur fond opaque). Son principal avantage était de permettre le tirage du document de base sur la couche opaque afin de faciliter le dessin, généralement exécuté sur une table lumineuse pour simplifier le contrôle de la qualité des traits et de l’avancement.

L’arrachage sur couche, aussi appelé pelliculage, était une adaptation du principe du tracé sur couche pour les planches de teinte1611. Une couche d’enduit spécial se tannant à la lumière était insolée à travers un masque portant les contours des zones de teinte, généralement un positif de la planche de trait. L’image négative obtenue était ainsi découpée par les contours où le plastique était à nu : la couche d’enduit était alors arrachée sur les seules zones de teinte, donnant un négatif qui, une fois transformé en positif, servait de masque pour l’héliogravure directe des planches de teinte.

Notes
1607.

ALINHAC Georges. Cartographie théorique et technique. T.2. Op. cit., p. 80.

1608.

Rapp. 4e dir. IGN 1959, p. 17.

1609.

Voir supra, partie 3, chapitre 4.1.3.1.

1610.

Exp. IGN 1960, p. 2

1611.

ALINHAC Georges. Cartographie théorique et technique. T.2. Op. cit., p. 83.