4.1.3. Les conséquences d’une mutation profonde.

4.1.3.1. Une mutation subite.

L’adoption de la rédaction sur couche constituait le cœur d’une mutation profonde et subite de pratiques de rédaction cartographique qui étaient restées relativement stables pendant plus de trente ans. En à peine une demi-douzaine d’années, l’IGN avait adopté les premiers supports plastiques, le tracé et l’arrachage sur couches, mais aussi la composition photographique des écritures ou l’archivage sur planches-mères plastiques, en remplacement des anciens « zincs d’archivage lourds et encombrants »1625. Inspirée par les progrès récents de l’industrie des matières plastiques et des procédés de rédaction cartographique eux-mêmes, essentiellement dus à des recherches étrangères, cette mutation avait été imposée par la direction de l’IGN sur des critères qui tenaient moins d’une analyse rationnelle des qualités techniques des nouveaux procédés que d’une volonté d’industrialisation du processus de rédaction et de reproduction des cartes.

Mais si la pression industrielle avait été prépondérante, le désir de suivre le progrès technique participait également, comme dans toute l’histoire de la cartographie moderne, à ce renouvellement des méthodes. Cette résistance à la volonté d’industrialisation empêchait l’IGN de se contenter d’une efficacité de la rédaction sur couche à peu près égale à la méthode du dessin. L’usage régulier des nouveaux procédés entraîna évidemment des perfectionnements purement techniques (amélioration des instruments, des méthodes, des compétences des opérateurs), mais leur impact sur la confirmation de la validité du choix de la rédaction sur couche fut limité. La brièveté de la transition technique montrait l’influence profonde qu’avaient les procédés de rédaction et de reproduction sur l’ensemble du travail cartographique : en définitive, ce furent des changements beaucoup plus radicaux dans d’autres domaines de ce travail qui permirent d’accroître l’efficacité des nouveaux procédés dans les travaux de la carte de France.

Notes
1625.

CUENIN R. L’évolution des techniques cartographiques. Op. cit., p. 31.