Dans un mouvement assez paradoxal, moins l’utilisateur était spécifiquement formé à la lecture de la carte1640, plus la carte s’équipait d’un habillage complexe détaillant ses bases scientifiques et techniques. En plus d’une intégration de la documentation annexe, je pense qu’il s’agissait d’une évolution du discours d’autorité lui-même, s’adaptant à la technicisation de la société et aux nouvelles utilisations de la carte. En effet, la diversification des utilisateurs qui n’appartenaient pas aux services officiels (industriels, scientifiques, touristes) nécessitait d’affirmer d’une nouvelle façon la qualité et la validité du document. Une partie toujours plus importante des utilisateurs n’avait pourtant pas les connaissances requises pour comprendre la majorité du contenu de l’habillage. Les éléments techniques et scientifiques entraient donc dans une nouvelle forme de discours d’autorité, une rhétorique de la scientificité qui n’a cessé de se développer depuis le début du 20e siècle dans de nombreux autres domaines que la cartographie.
C’est-à-dire, plus la lecture de la carte rentrait dans un ensemble diffus de connaissances culturelles qui ne provenait pas de formations et d’instructions spécifiques, comme celles qui étaient dispensées aux officiers militaires par exemple.