4.2.4. L’exception de la carte du Mont Blanc au 1 : 10 000 : le chant du cygne d’une cartographie figurative et artistique.

4.2.4.1. Un projet paradoxal.

Dans ce mouvement de rationalisation de la production cartographique en fonction des besoins des utilisateurs, la carte du Mont Blanc au 1 : 10 000 demeure une exception, vestige de la conception fixiste de la cartographie et dernière tentative de privilégier le portrait du territoire sur sa description purement technique. Projetée en même temps que les levés aériens du massif du Mont Blanc à la fin des années trente, officiellement mise à l’étude en 1942, cette carte est généralement perçue comme le chef-d’œuvre de la cartographie alpine. A mes yeux, elle représente surtout une production paradoxale : conçue comme une carte de prestige pour mettre en valeur les compétences techniques modernes du service cartographique français, tant au niveau des levés aériens que de la rédaction cartographique, elle s’inscrivait pourtant dans une tradition figurative ancienne qui envisageait la carte topographique comme un portrait détaillé du territoire dans lequel les qualités artistiques de la représentation étaient aussi importantes que les qualités techniques.