4.2.4.4. Un chef-d’œuvre sacrifié sur l’autel de l’industrialisation.

Sous tous ces aspects, la carte du Mont Blanc au 1 : 10 000 était le vestige d’une conception ancienne de la cartographie comme un portrait fixe du territoire, dont le but était plus d’asseoir l’autorité publique par une réalisation prestigieuse que de véritablement servir à des besoins pratiques. L’abandon rapide de sa production témoignait de cette conception d’un autre âge : sur les vingt-quatre feuilles que comptait le tableau d’assemblage, seules neuf furent rapidement publiées entre 1950 et 1954, avant que la production ne soit suspendue, puis définitivement arrêtée en 1959, après cinq ans d’une réalisation ralentie et sans nouvelle publication. Le départ de Hurault, l’urgence des travaux de la carte de France et des programmes militaires financés par l’Army map service, et plus généralement tous les impératifs d’une conception utilitariste de la cartographie, eurent raison d’une œuvre d’exception dont la lenteur d’exécution et la complexité de la présentation ne s’accordaient pas avec l’orientation industrielle et commerciale de l’IGN