1.2.2. Les personnels ouvriers.

Les fonctionnaires techniques de l’IGN représentaient environ sept cents agents dans les années soixante, alors que le personnel ouvrier comptait environ un millier d’agents « temporaires ». Depuis 1941, ceux-ci luttaient contre leur statut particulièrement flou dans le décret du 8 avril, qui parlait d’un « personnel temporaire (chefs d’atelier, contremaîtres, ouvriers et apprentis, employés divers, portes-mires, manœuvres, etc.) […] embauché par contrat et licencié suivant les besoins »1687. La situation ne s’était pas éclaircie avec les décrets suivants de 1946, puis 1948, qui permettaient au directeur de fixer les rémunérations, généralement en référence aux conventions collectives du domaine privé, et qualifiaient ces agents de façon particulièrement paradoxale d’« ouvriers temporaires […] dont les emplois [répondaient] à des besoins permanents »1688. En 1968, une commission dirigée par l’ingénieur en chef Jardou travailla à la mise au point d’une nomenclature, amendée et modifiée par la suite en fonction des évolutions techniques et des réorganisations internes de l’IGN. Elle définissait trois niveaux : ouvriers, agents techniques et agents de maîtrise, dont les emplois étaient précisément rapportés aux conventions collectives des branches professionnelles auxquelles ils se rattachaient.

Les dessinateurs à domicile formaient une catégorie particulière du personnel ouvrier. Il s’agissait du même emploi que les dessinateurs géographes employés par le SGA, formés à l’école de dessin de la section de cartographie et placés sous l’autorité des artistes cartographes. L’école avait été intégrée à l’ENSG en 1941 sous la forme d’un « cours des apprentis-dessinateurs », d’une durée d’un an. Alors qu’il était exclusivement masculin pendant la guerre, le recrutement devint exclusivement féminin en 1944, formant le cours des « élèves-artisanes », puis des « élèves-dessinatrices » en 1959, qui devenaient des travailleuses extérieures, exécutant des travaux à domicile dans le cadre d’un marché gré à gré pour le compte de l’IGN. Elargie à la photo-interprétation en 1969, puis ouverte aux hommes en 1974, la formation fut finalement supprimée en 1982 avec la mise en place du cycle à options dessin et restitution, et l’emploi des dessinatrices à domicile déclina. Leur rôle fut considérable pendant près de quarante ans, et aujourd’hui encore une partie du personnel de l’IGN travaille à domicile.

Notes
1687.

Titre VI, article 90.

1688.

Cité par SINOIR Alain. 1940-1990 : une histoire mouvementée. Op. cit., p. 50.