1.3. L’affirmation du caractère commercial de l’activité de l’IGN.

1.3.1. Des mesures institutionnelles.

Pour assurer le maintien des relations de l’IGN avec les Etats indépendants nés de la décolonisation, où les anciens services géographiques coloniaux avaient été transformés, dans certains cas, en annexes de l’institut, une Direction de la coopération cartographique et des travaux hors de la France métropolitaine (DCC) avait été créée en 1963. Elle négociait également des contrats avec des Etats étrangers, par exemple la cartographie partielle du Liban au 1 : 20 000 entre 1962 et 1967, la révision en 1963-1964 de la cartographie du Luxembourg, déjà exécutée par l’IGN entre 1951 et 1957, ou des travaux géodésiques en Afrique pour le compte de l’AMS. Le statut d’établissement public adopté en 1966 garantissant à l’IGN l’autonomie financière et la capacité de conclure d’importants contrats en dehors de sa mission de vocation, la DCC fut maintenue. Les travaux spéciaux représentaient la partie la plus importante de l’effort commercial de l’institut. Alain Sinoir souligne par exemple que sur cinquante et un millions de francs de produit global d’exploitation en 1968, vingt-quatre provenaient des travaux spéciaux à l’étranger et quatorze des travaux spéciaux en France, mais seulement huit de la vente de produits finis et cinq des produits divers1691. En 1970, l’orientation commerciale de l’IGN fut confirmée par la création de la Direction des affaires économiques et commerciales (DAEC), responsable de toutes les activités commerciales externes à la mission de vocation de l’établissement.

Dans le cadre de mon étude, la question de la vente des cartes est évidemment plus importante que les travaux spéciaux, qui sortaient systématiquement de la zone géographique ou des échelles que j’ai définies comme objet de mon travail. En 1964, la nouvelle direction de l’IGN engagea dans ce domaine une politique commerciale plus active visant à mieux répondre aux besoins de la clientèle potentielle et à faire connaître le savoir-faire du personnel de l’établissement. Elle créa des agences dans plusieurs villes de province à partir de 1968, à Lyon, Aix-en-Provence, Toulouse, Nancy et Nantes, pour suivre la décentralisation des programmes d’aménagement décidée par le gouvernement en 1964 et contrer le projet de transfert à Bordeaux. Des expositions itinérantes furent également organisées, ainsi que des entreprises éditoriales : un bulletin d’information destiné essentiellement à une diffusion externe à l’Institut, à partir de novembre 1964, et une collection scientifique de l’IGN publiée aux éditions Eyrolles et présentant les techniques cartographiques sous forme didactique.

Notes
1691.

SINOIR Alain. 1940-1990 : une histoire mouvementée. Op. cit., p. 54.