2.1. Le type 1972, entre orientation commerciale et réformes techniques.

2.1.1. La conception du type 1972.

Après s’être réuni dix-sept fois entre avril et novembre 1969, le groupe de travail sur l’équipement géographique mis en place au sein de l’IGN aboutit à un ensemble de propositions qui furent toutes validées par les tables rondes d’usagers. Entre autres, il proposait : d’adopter une couverture aérienne au 1 : 30 000 sur film, complétée par une couverture au 1 : 12 500 en couleur pour la photo-interprétation, la révision du 1 : 25 000 et les levés à très grande échelle ; d’achever en onze ans la publication du 1 : 25 000 et du 1 : 50 000, y compris la réfection des feuilles les plus anciennes ; et de définir un « 1 : 25 000 type nouveau »1697.

Le projet du nouveau type fut présenté en juin 1969 et expérimenté aux deux échelles du 1 : 25 000 et du 1 : 50 000 en septembre et octobre 1969 dans une zone accidentée, le quart sud-est de la feuille de Grenoble. Après l’acceptation par les tables rondes d’usagers, l’expérimentation fut complétée par des essais de représentation d’un centre urbain important (Rennes) et d’une région moyennement accidentée et de planimétrie peu dense (Lacapelle-Marival), à la seule échelle du 1 : 50 000, en mars 1971. Adoptées en juin 1972 par le conseil d’administration et mises en application en juillet, ces nouvelles spécifications formèrent ce qui fut nommé le type 1972, bien que, contrairement aux feuilles du 1 : 50 000 type 1922, les nouvelles feuilles ne comportaient aucune mention du type dans leur habillage. La couverture totale du territoire national fut finalement achevée en 1980, dans les délais exacts demandés par le groupe de travail – une première dans l’histoire de la cartographie française !

Dans les Alpes du nord, les publications en type 1972 concernèrent en priorité les feuilles frontalières de haute montagne, dressées à partir de levés qui commençaient à être très anciens, par rapport à ceux du massif du Mont Blanc par exemple (carte 31). Elles portèrent également sur la région de Grenoble et la combe de Savoie menant à Albertville, qui avaient déjà été représentées avec des levés récents, mais avaient connu d’importantes modifications infrastructurelles pour les Jeux olympiques de 1968. A l’achèvement de la carte de France en 1980, les Alpes du nord n’étaient toutefois pas couvertes par des feuilles homogènes, mais par un ensemble de publications faites dans des types et des formats différents1698.

Carte 31 : Répartition des feuilles de la carte de France au 1 : 50 000 et au 1 : 25 000 type 1972 couvrant les Alpes du nord, publiées entre 1973 et 1980.
Carte 31 : Répartition des feuilles de la carte de France au 1 : 50 000 et au 1 : 25 000 type 1972 couvrant les Alpes du nord, publiées entre 1973 et 1980.

Notes
1697.

Il proposait également la mise en place de levés au 1 : 5 000 pour la publication d’une carte normalisée à cette échelle, jugée la plus petite permettant de reproduire les détails topographiques sans modification de leur dimension ou de leur position. Mais la direction de l’IGN souhaitait privilégier l’achèvement du 1 : 25 000, et des oppositions institutionnelles, notamment avec la Division des travaux topographiques (DTT) du ministère de l’Equipement, empêchèrent finalement la réalisation de cette carte.

SINOIR Alain. 1940-1990 : une histoire mouvementée. Op. cit., p. 56-59.

1698.

Voir infra, « Après 1960… », 3.1.