2.1.2. Adapter les spécifications aux nouveaux procédés de rédaction.

L’un des objectifs défendus par le groupe de travail qui définit les spécifications du type 1972 était d’adapter les cartes de base aux nouvelles techniques de rédaction : tracé sur couche, pelliculage, photocomposition des écritures et montage manuel sur support transparent. En effet, les spécifications des types 1922 et 1968 « ne se prêtaient pas toujours à l’exploitation optimale des nouveaux moyens d’exécution, soit en maintenant des signes très longs à rédiger en tracé (traits tiretés, pointillés, divers symboles ponctuels…), soit en n’usant pas de toutes les possibilités offertes (ainsi certains figurés de surface : surcharges routières, poncifs… [étaient] réalisés très facilement et rapidement grâce aux masques pelliculés, alors que leur dessin manuel [était] très laborieux) »1699. Dans ce but, le type 1972 apportait des changements considérables dans deux domaines : l’harmonisation de la rédaction des cartes au 1 : 25 000 et au 1 : 50 000 et l’adaptation des signes conventionnels aux techniques de rédaction sur couches.

Historiquement, les cartes de France au 1 : 25 000 et au 1 : 50 000 étaient les héritières de deux documents très différents, respectivement les plans directeurs au 1 : 10 000 et 1 : 20 000 et la carte au 1 : 50 000 type 1900. Mais en 1965, la décision de rédiger non plus successivement, mais simultanément les deux cartes, le fond de rédaction du 1 : 50 000 étant systématiquement formé des minutes elles-mêmes1700, avait amorcé un rapprochement qui s’était manifesté, entre autre, dans l’unification des types d’écritures, obtenues par une seule photocomposition, ou l’adaptation des minutes et des préparations pour une exploitation commune aux deux cartes. L’adoption du type 1968 pour le 1 : 25 000, qui ne comportait que les courbes de niveau du 1 : 50 000, avait également suscité des essais concluants pour tirer directement la planche de courbes de niveau du 1 : 50 000 à partir des couches gravées au 1 : 25 000 lors de la restitution1701. Cette méthode ne fut pas généralisée pour les courbes de niveau parce que sur les types non simplifiés, la sélection d’une courbe sur deux1702 par bouchage sur le négatif était trop délicate, mais elle fut adoptée dans la pratique régulière pour les planches de trait de bleu et de vert et pour les masques d’hydrographie et de végétation. Finalement, le type 1972 achevait l’harmonisation des deux cartes, qui n’étaient plus différenciées que par les spécifications imposées par la généralisation au 1 : 50 000, comme l’équidistance. Selon moi, les principales motivations de cette harmonisation s’inscrivaient dans la double industrielle et commerciale de l’IGN : d’un côté, elle permettait de ne plus dérouter l’utilisateur des deux cartes, et d’un autre côté, sans doute le plus important, elle permettait de rationaliser encore un peu plus le processus de rédaction.

En lien avec cette harmonisation, le type 1972 adaptait également les signes conventionnels aux nouvelles techniques de rédaction sur couche qui ne s’accordaient pas bien avec les signes du type 1922, définis pour une rédaction sur papier Rives à l’échelle du 1 : 20 000. Le tableau des signes conventionnels fut donc complètement revu à l’aune des nouvelles techniques : certains signes furent simplifiés, les signes utilisés sur le 1 : 25 000 furent affinés, et une surcharge de couleur, pratiquement impossible en dessin manuel, fut ajoutée sur les routes pour compenser cet affinement. Afin de limiter le nombre de planches, les courbes de niveau furent tracées dans la même couleur orange que les teintes utilisées pour les routes, parce qu’elle donnait de « meilleurs » résultats esthétiques que le bistre pour la surcharge1703. Les autres couleurs étaient classiques : noir pour la planimétrie, la toponymie, l’habillage et l’estompage (facultatif au 1 : 25 000)1704 ; bleu pour l’hydrographie ; un seul vert pour la végétation1705.

Notes
1699.

ALINHAC Georges. La carte de France au 1 :25 000. Op. cit., p. 2.

1700.

Ibid., p. 7.

1701.

On tirait par copie un positif alourdi (c’est-à-dire avec des traits épaissis pour compenser le changement d’échelle) et à la même échelle par interposition d’une feuille de plastique mince entre la couche gravée et la surface sensible, puis ce positif était réduit photographiquement au 1 : 50 000. L’assemblage des positifs des différentes coupures donnaient la planche de courbes au 1 : 50 000 sans nouvelle rédaction. Rapp. 4e dir. IGN 1966, p. 29.

1702.

Dans la plupart des cas, la généralisation au 1 : 50 000 adoptait une équidistance deux fois plus grande qu’au 1 : 25 000, ce qui nécessitait de n’utiliser qu’une courbe sur deux des minutes de levé.

1703.

ALINHAC Georges. La carte de France au 1 :25 000. Op. cit., p. 5.

1704.

Sur la couleur utilisée pour l’estompage, voir infra.

1705.

ALINHAC Georges. La carte de France au 1 :25 000. Op. cit., p. 2