2.2.2. La prépondérance de la tendance scientifique.

L’orientation topométrique du type 1972 était affirmée dans la définition même du contenu des cartes au 1 : 25 000 et au 1 : 50 000 : la première devait être un « document technique [permettant] à l’usager d’effectuer des mesures exactes et de déterminer facilement sa position sur le terrain », alors que la deuxième devait permettre de « définir la planimétrie et le relief d’une manière à la fois topométrique et descriptive »1710. Dans son principe de base, la représentation du relief n’était donc pas modifiée : elle était toujours basée sur des courbes de niveau, à une équidistance de dix mètres au 1 : 25 000 et de vingt mètres pour le 1 : 50 000 dans les régions montagneuses. Les courbes de niveau étaient tracées en orange pour permettre l’application d’une teinte en surcharge sur les voies de communication importantes sans augmenter le nombre de couleurs, mais une planche d’orographie séparée était conservée pour l’impression des documents techniques monochromes1711.

Sur cette base classique en cartographie topographique – car produit d’une naturalisation culturelle1712 –, l’IGN décida de maintenir les courbes de niveau partout, en orange quelle que soit la nature du sol, en ne conservant que les courbes maîtresses dans les pentes trop fortes pour assurer l’équidistance normale des courbes sans qu’elles se touchent. Cette représentation topométrique devait permettre la lecture des courbes de niveau et donc la mesure des pentes dans toutes les zones. Pour cela, la représentation du rocher, plébiscitée par les utilisateurs, devait rester légère : à partir des photographies aériennes et en s’appuyant sur les courbes, « les lignes caractéristiques de la structure rocheuse [étaient] suggérées par un dessin au trait, imprimé en noir franc […] mais qui, afin de ménager les courbes, [limitait] le figuré de surface à la traduction de l’aspect local de la roche, sans aucun effet d’éclairement »1713. L’IGN évitait ainsi l’aspect massif de la mise à l’effet classique du rocher, et réglait le problème ancien mais toujours d’actualité de l’éclairage en supprimant tout effet d’ombre sur le rocher, qui oblitérait parfois les courbes et provoquait l’impression critiquée de cloisonnement1714.

Notes
1710.

Spécifications de l’équipement géographique. Op. cit., p. 3.

1711.

Les planches d’orographie et de surcharge planimétrique n’étaient combinées qu’au moment du tirage. C’était le cas également pour les planches de planimétrie et d’estompage, quand celui-ci était imprimé en noir, puisque qu’une planche de planimétrie seule était nécessaire pour l’établissement des documents techniques et le report des corrections des révisions.

1712.

A ce sujet, voir supra, partie 3, chapitre 4.2.2.2.

1713.

Colloque sur la cartographie des régions montagneuses. Op. cit. Présentation et étude critique des meilleures cartes française et étrangère, p. 8.

1714.

Voir annexe 2, figure 18 : reproduction d’un détail de l’édition spéciale de la carte du Massif du Mont Blanc au 1 : 25 000 qui servit à expérimenter cette nouvelle représentation du relief.