3.1.3. L’harmonisation de l’offre éditoriale et des formats.

Jusqu’aux années soixante-dix, la prépondérance de l’orientation industrielle avait fait privilégier à l’IGN la publication de la carte de base en coupure double à vocation technique, sans estompage, généralement vendue à plat, sans couverture et non pliée, avec une représentation du relief à tendance topométrique. Dans les régions touristiques, cette facture se révélait inadaptée aux besoins des utilisateurs. Influencé par le développement du tourisme et une nouvelle politique commerciale plus dynamique et moins dirigée vers les seuls utilisations techniques, l’IGN édita plusieurs éditions dérivées spéciales, présentées en version pliée avec couverture et comportant un estompage et des informations touristiques en surcharge. En particulier, la série violette au 1 : 25 000 couvrait les massifs montagneux les plus fréquentés, le Mont Blanc, la Vanoise et les Ecrins dans les Alpes du nord. Ces multiples éditions spéciales participaient à la complexité de l’offre éditoriale de l’institut, déjà accrue par les différentes variantes du type 1922 et la publication de feuilles en type 1968 simplifié.

Dans ce domaine également, l’ambition du type 1972 était de permettre une plus grande homogénéité de la production en offrant une carte de base répondant mieux aux besoins des différentes catégories d’utilisateurs. Il s’agissait surtout d’un souci de rentabilité, la publication et l’entretien coûtant évidemment moins cher pour une seule carte au 1 : 25 000 que pour plusieurs cartes, mêmes dérivées. A partir du milieu des années soixante-dix, les spécifications éditoriales du type 1972 furent ainsi adaptées aux besoins touristiques, spécialement les formats de publication (graphique 38). Alors que jusqu’à la fin des années cinquante, les coupures simples et doubles avaient cohabité dans la publication des feuilles au 1 : 25 000, les coupures doubles plates s’étaient largement imposées par la suite. Les premières feuilles du 1 : 25 000 type 1972 éditées en 1976 et 1977 étaient également en coupure double, mais en version pliée avec couverture (graphique 39) : le développement de cette forme de publication répondait à l’essor d’utilisations de terrain, notamment touristiques, pour lesquelles le produit-carte devait pouvoir être « consommé » immédiatement, à l’inverse des utilisations plus traditionnelles, soit au bureau, pour lesquelles la publication à plat était adaptée, soit sur le terrain, après le pliage, voir le brochage, de la carte – qui firent longtemps partie des pratiques cartographiques habituelles1723. Cependant, à partir de 1978, toutes les nouvelles publications en type 1972 furent effectuées en coupure quadruple (c’est-à-dire par moitié de feuille au 1 : 50 000), avec couverture, formant ce qui fut appelé la série bleue. Le but était de proposer des cartes plus grandes et directement prêtes à être utilisées sur le terrain, sans avoir besoin d’emmener un trop grand nombre de cartes différentes.

Graphique 38 : Evolution des formats de publication des feuilles des cartes de France au 1 : 20 000 et 1 : 25 000 couvrant les Alpes du nord, de 1940 à 1987*.
Graphique 38 : Evolution des formats de publication des feuilles des cartes de France au 1 : 20 000 et 1 : 25 000 couvrant les Alpes du nord, de 1940 à 1987*.

* Le graphique représente l’évolution jusqu’en 1987 afin de souligner une tendance, mais mon corpus est loin d’être exhaustif pour la période 1980-1987 (voir supra, « Historiographie… », 2.1.5).

Graphique 39 : Evolution de l’utilisation de couverture pour les feuilles des cartes de France au 1 : 20 000, 1 : 25 000 et 1 : 50 000, couvrant les Alpes du nord, de 1940 à 1987*.
Graphique 39 : Evolution de l’utilisation de couverture pour les feuilles des cartes de France au 1 : 20 000, 1 : 25 000 et 1 : 50 000, couvrant les Alpes du nord, de 1940 à 1987*.

* Le graphique représente l’évolution jusqu’en 1987 afin de souligner une tendance, mais mon corpus est loin d’être exhaustif pour la période 1980-1987 (voir supra, « Historiographie… », 2.1.5).

Notes
1723.

Voir l’article au titre très évocateur du colonel Goulier : GOULIER Colonel Charles Moyse. Comment il faut plier les cartes pour les consulter commodément sur le terrain. Op. cit.