1- Vie commune 

L’existence de dix-sept confessions sur l’étroit territoire du Liban, et la guerre de 1975-1990, ont posé la question de la ‘’vie commune’’ entre les Chrétiens et les Musulmans de ce pays.

Au cours de la guerre, la répartition démographique des communautés a été selon un principe géo-confessionnel. C’est-à-dire, la distribution géographique des communautés religieuses tendait vers des concentrations régionales plus homogènes.

Par conséquent, le pays, petit à petit, s’est transformé en une société déchirée, composée de plusieurs cantons géo-confessionnels, dont l’hétérogénéité religieuse était presque impossible du fait de la logique des batailles et de l’immigration imposée aux individus de toutes les confessions. D’emblée, la vie commune, régnant avant la guerre, a connu une régression considérable malgré les efforts des majorités des libanais, ’’non armés’’, refusant la logique des batailles et d’immigrations imposée par les milices sur toutes les régions. Cette majorité, que les voix très hautes des bombardements n’ont pas réussi à étouffer. Le dernier événement politique saillant, est l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri le 14 Février 2005. La réaction populaire à cet événement, n’est qu’une simple expression de l’unité des libanais, abstraction faite de leurs appartenances confessionnelles ou politiques; et de leurs convictions de vivre en commun Chrétiens et Musulmans, non en tant qu’un simple rassemblement confessionnel requis par des questions historiques déterminées, mais en tant qu’expression de la volonté des libanais de vivre ensemble et que cette vie en commun est une nécessité structurale de la continuité de la société libanaise. Les résultats de ce tableau sont les meilleurs témoins, puisqu’ils nous montrent que la majorité des jeunes 78,2%, dont 49,1% voient que la vie commune est une nécessité provenant de la structure de la société libanaise, et 29,1% la considèrent une expression de la volonté des libanais de différentes confessions pour vivre ensemble. Pourtant, 29,7% seulement, pensent que la vie commune est un simple rassemblement confessionnel requis par des questions historiques déterminées. Sachant que cette attitude, était encouragée par certaines milices dont le but était d’ébranler la confiance de l’unité du peuple et du pays, afin qu’il reste plongé dans le tourbillon des violences qui leur apporte beaucoup d’avantages.

En essayant de dévoiler l’influence de certains facteurs sur l’opinion des jeunes concernant la vie commune telle que la confession, le sexe, le type d’éducation, et le lieu de résidence, nous trouvons que la plupart des Maronites 54,3%, Orthodoxes 54,3% et Chiites 57,1% pensent que la vie commune est une nécessité provenant de la structure de la société libanaise, alors que la plupart des Druzes, 45,7%, la considèrent une expression de la volonté des libanais de différentes confessions de vivre ensemble, et les Sunnites ont choisi le troisième choix proposé. (Voir annexe).

Comme la confession, le sexe et le type d’éducation, n’influencent pas directement leurs avis, puisque, d’une part, la dépendance entre les variables n’est pas significative, d’autre part, la plupart des jeunes sont des deux sexes (50% Masculin , 48,3% Féminin) et qu’ils soient adhérents à des écoles Privées religieuses, 44,4%, laïques,55,5%, ou Publiques, 50%, favorisent la perspective qui considère la vie commune comme une nécessité provenant de la structure du pays. A l’inverse du lieu de résidence, qui influence les attitudes des jeunes (Voir annexe).

Nous concluons que les générations d’après guerre, des deux sexes, des différentes confessions, qu’ils soient ressortissants des écoles religieuses ou laïques ne perçoivent le Liban que comme une société composée structurellement des Chrétiens et des Musulmans, vivant ensemble. Ce qui conteste l’avis des groupes considérant que les Musulmans et les Chrétiens font deux groupes antagonistes, il est impossible de constituer un seul peuple vivant en paix au Liban. Ces groupes profitent de la division interconfessionnelle et l’unité des différents groupes libanais gêne.

Ainsi, les avis des jeunes Musulmans, particulièrement les Chiites, et les Chrétiens sont convergents autour l’opinion qui croit que la vie commune au Liban est une nécessité provenant de la structure de la société libanaise. Signalons, que ce dernier choix est un indicateur qui penche pour la convergence, ce qui contribue à encourager le partage culturel interconfessionnel. Or, le choix considérant la vie commune comme un simple rassemblement confessionnel requis par des questions historiques déterminées envisage une société déchirée composé d’un simple rassemblement des confessions.

La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 12,60, ddl = 3, 1-p = 99,44%.

Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.

Le nombre de citations est supérieur au nombre d'observations du fait de réponses multiples (3 au maximum).

D’après la répartition géographique, il apparaît que la plupart des jeunes habitants à Beyrouth, 52, 6%, conçoivent que la vie commune entre les Chrétiens et les Musulmans est une nécessité provenant de la société. Pourtant les habitants du Mont Liban, ne partagent pas avec la majorité des résidents à Beyrouth son avis. En fait, la moitié considèrent que la vie commune est une expression de la volonté des libanais à l’égard des différentes confessions pour vivre ensemble.

Les chiffres augmentent jusqu’à 66,7% au Nord du Liban, la majorité des jeunes considérant que la vie commune est un simple rassemblement confessionnel requis par des questions historiques déterminées. Puis, ils décroissent à 57,1% à la Bekaa pour les jeunes qui pensent que la vie commune est une nécessité provenant de la structure de la société libanaise, avis pareil des jeunes libanais habitants au Sud du pays faisant 56,3%.

Nous concluons que la majorité des habitants à Beyrouth, Békaa et Sud du Liban ont

le même avis, considérant la vie commune comme une nécessité provenant de la structure de la société libanaise, tandis que, la plupart des habitants au Nord et au Mont Liban ne partagent pas les habitants de ces régions la même perspective. Ainsi, la convergence existe entre les jeunes de la Capitale, de la Békaa et du Sud, mais ils sont divergents avec les jeunes du Nord et du Mont Liban qui sont entre eux divergents. Mais ces divergences secondaires ne menacent pas la convergence générale autour de l’idée que la vie commune est une nécessité provenant de la structure de la société libanaise.

La dépendance est significative. chi2 = 18,85, ddl = 8, 1-p = 98,43%.

% de variance expliquée : 5,39%

Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

Attention, 4 (26.7%) cases ont un effectif théorique inférieur à 5, les règles du chi2 ne sont pas réellement applicables.

Le chi2 est calculé sur le tableau des citations (effectifs marginaux égaux à la somme des effectifs lignes/colonnes).

Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.