3-L’unification du Livre Scolaire 

Au Liban, l’enseignement est partagé en deux secteurs, l’un privé, l’autre publique. Le privé est corrélativement lié à la religion, puisque les écoles étaient édifiées pour l’évangélisation depuis le dix-septième siècle. Donc, les écoles Privées laïques ne font pas la majorité. Or, les écoles Publiques ont commencé à être courantes depuis la fin des années soixante et le début des années soixante-dix.

Ce qui caractérise les écoles privées est leurs antériorités par rapport aux écoles Publiques, et une indépendance considérable dans ses programmes scolaires par rapport au programme adopté par l’Etat et que suivent les écoles Publiques. Il y a même des écoles privées qui importent les livres scolaires, surtout ceux de la langue étrangère, de l’étranger (la France, les Etats-Unis, l’Angleterre…etc.), pourtant le livre d’Histoire nationale au lieu d’être un seul livre dans les écoles Publiques et Privées, nous trouvons que chaque confession adopte son livre en présentant l’histoire du pays de sa propre perspective, ce qui peut être source de divergence entre les libanais parce que les intérêts politiques des différentes confessions sont en concurrence puisque les postes dans l’Etat sont distribués selon l’appartenance confessionnelle.

La veille de la fin de la guerre, l’unification du Livre Scolaire était parmi les sujets les plus controversés au Liban. Une partie des libanais pense que cette unification est une condition nécessaire pour unifier le peuple (les Musulmans), une autre partie estime que cette unification peut aliéner le caractère multiculturel du pays (les Chrétiens).

Il apparaît que 74,3%, des jeunes, sont pour unifier le livre scolaire, la majorité d’eux 63,4% sont pour l’idée afin d’unifier le peuple, tandis que le reste favorise l’idée afin de créer un but national commun. Alors ceux qui ont contre l’idée proposée faisant 25,7%, la plupart d’eux 16% considèrent que l’unification du livre scolaire n’aboutit pas nécessairement à l’unification du peuple, cependant 5,7% des jeunes pensent qu’il faut respecter le caractère multiculturel du pays en ignorant l’unification du Livre Scolaire.

Nous concluons que la plupart des jeunes considèrent que l’unification du livre scolaire est parmi les exigences indispensables pour unifier le peuple.

La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 194,48, ddl = 6, 1-p = >99,99%.

Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.

Le nombre de citations est supérieur au nombre d'observations du fait de réponses multiples (3 au maximum).

Pour approfondir les analyses, nous avons essayé de voir l’avis des jeunes concernant l’unification du Livre scolaire d’après leur répartition confessionnelle. Les résultats montrent que l’appartenance confessionnelle n’influence pas leurs opinions, puisque la majorité d’eux 74,3% de toutes les confessions sont pour l’idée afin d’unifier le peule.

Le pourcentage varie entre 57,1%, chez les Orthodoxes et 88,6% pour ceux favorisant l’unification du Livre Scolaire, et entre 42,9% et 11,4% pour les jeunes contre cette idée (Voir annexe).

Dans la partie théorique, nous avons remarqué que l’historiographie au Liban n’était pas unique chez toutes les confessions. Il y avait des divergences intercommunautaires concernant l’existence du pays en tant qu’entité, par conséquent, chaque confession présente une histoire du pays différente de l’autre. C’est pourquoi, le même événement historique est analysé d’une façon divergente selon la faveur de la confession. Question considérée parmi les facteurs qui ont participé à renforcer la déchirure de la société libanaise. D’où, la revendication de l’unification du Livre Scolaire était une nécessité primordiale à la veille de la période de paix de la part des politiciens et des pédagogues.

En fait, l’unification de livre scolaire était parmi les solutions proposées afin de :

-Renforcer l’unité nationale et l’appartenance au pays au lieu de l’appartenance confessionnelle.

-Affaiblir le rôle du confessionnalisme politique et son influence sur la mentalité des individus, particulièrement, la nouvelle génération.

Ainsi, certaines parties des libanais considèrent qu’une seule écriture, ‘’objective’’, de l’histoire a un rôle unificateur des libanais et protecteur des nouvelles générations de l’influence du confessionnalisme. Ils revendiquent une écriture qui ne soit pas rédigée ou consignée par des jeunes de religion dont le souci est défendre les positions théologiques de leur communauté, comme a montré Corm en 1986 707 .

Dans ce tableau, nous essayons de connaître l’avis des jeunes de différentes régions. La plupart d’eux 74,3% sont pour l’idée d’unifier le Livre Scolaire. 64,9% des habitants à Beyrouth, adoptent cette perspective. Plus que la moitié parmi eux 59,6% l’acceptent pour unifier le peuple, face à 17,5% qui l’admettent afin de créer un but national commun. Cependant, 35,1% qui la refusent. 15,8% parmi eux pensent que l’unification du Livre Scolaire n’aboutit pas nécessairement à l’unification du peuple, tandis qu’un petit nombre des jeunes 8,8% contredisent l’unification du Livre Scolaire pour respecter le caractère multiculturel du pays.

Les jeunes du Mont Liban, comme ceux de la Capitale, sont en majorité 88,6% pour l’unification du Livre Scolaire, trois quart d’eux pour unifier le peuple, face à 11,4% de ceux refusant cette perspective, que ce soit pour respecter le caractère multiculturel du pays 4,5%, ou leur conviction que l’unification du Livre Scolaire n’aboutit pas nécessairement à l’unification du peuple.

Au Nord du pays, tous les jeunes sont d’avis favorable à l’unification du Livre Scolaire, la majorité 83,3% la considèrent comme un moyen pour unifier le peuple, face à 8,3% qui l’acceptent afin de créer un but national commun.

A Békaa, plus que la moitié 57,1% admettent l’idée d’unifier le livre scolaire, la plupart pour unifier le peuple. Pourtant ceux qui la refusent faisant 42,9% n’ont qu’un seul argument qu’est l’unification du Livre n’aboutit pas nécessairement à l’unification du peuple.

Comme dans les régions précédentes, 70,8% des habitants au sud du Liban favorisent l’unification du Livre Scolaire. La plupart d’eux 54,2% afin d’unifier le peuple, face à 22,9% pour créer un but national commun. Chiffre pareil de ceux qui contestent l’unification du Livre Scolaire considérant que cette unification n’aboutit pas nécessairement à unifier le peuple, face à 6,3% de ceux qui la refusent pour respecter le caractère multiculturel du pays.

Nous constatons que l’unification du peuple libanais est le souci des jeunes, elle est derrière leur adoption de la perspective favorisante de l’unification du livre scolaire, et ils souhaitent que le pays ait un but national commun qu’ils acceptent toutes les confessions. Aussi nous remarquons que ceux qui sont conscients de l’importance de garder le caractère multiculturel du pays font une minorité de 5,7% dont la plupart des jeunes habitent à Beyrouth. Peut-être leur lieu d’habitat, dans la Capitale dont l’interaction avec des étrangers et des gens d’autres cultures, a contribué à attirer son attention à l’importance de garder le caractère multiculturel.

La dépendance est significative. chi2 = 35,79, ddl = 20, 1-p = 98,37%.

% de variance expliquée : 5,11%

Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

Attention, 11 (36.7%) cases ont un effectif théorique inférieur à 5, les règles du chi2 ne sont pas réellement applicables.

Le chi2 est calculé sur le tableau des citations (effectifs marginaux égaux à la somme des effectifs lignes/colonnes).

Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

En essayant de découvrir l’influence du type d’éducation, religieux ou laïque, sur la perspective des jeunes à l’égard de l’unification du Livre Scolaire, nous observons qu’il n’affecte pas directement leurs opinions. Nous trouvons que le plus grand nombre des jeunes 74,3% pensent qu’il faut unifier le Livre Scolaire, que ce soit ressortissants de l’école laïque ou religieuse. Pourtant, le quart de l’échantillon refuse cette idée en considérant qu’elle n’aboutit pas nécessairement à l’unification du peuple (Voir annexe).

Notes
707.

Corm, G., (1986), Géopolitique du conflit libanais. Etude historique et sociologique, Paris, La Découverte.