7- Langue d’enseignement 

La question de l’identité culturelle au Liban est parmi les sujets de controverse entre les différentes confessions.

Pour les Chrétiens, favorisant la diversité comme choix culturel du pays, ils considèrent que l'identité culturelle du pays est ‘’ Libanaise’’, autrement dit, elle n'est pas arabe. Par conséquence, ils ne mettent pas en relief la langue arabe en tant que langue de l’enseignement, mais le Français si l’école est francophone ou l’anglais si l’école est anglophone.

A l’opposé des Chrétiens, les Musulmans refusent la diversité culturelle catégoriquement, de peur qu’elle aboutisse à la perte de la culture arabo-musulmane et de la langue arabe, chargée symboliquement, en tant que la langue du Coran.

Ainsi, la langue de l’enseignement est le terrain sur lequel se confrontent les confessions autour l’identité culturelle du pays, particulièrement au début des années soixante jusqu’à l’éclatement de la guerre en 1975.

Les Chrétiens font appel à une duplicité linguistique (langue arabe - langue français) à cause de leur relation stratégique au niveau politique aussi bien qu’au niveau économique avec la France. Cette dernière est l’amie qui les aident quand ils lui demandent le secours afin de garder leur identité chrétienne menacée par un océan de pays arabes ‘’Musulmans’’ qui souhaitent réaliser le projet de la Grande Syrie ou d’un ‘’Royaume arabe uni’’, gouverné selon l’islam renfermant tous les pays arabes. Cependant, les Musulmans envisagent une identité culturelle arabe, en défendant le ‘’nationalisme arabe’’ contre la colonisation, qu’elle soit française ou britannique. Pendant les années soixante, soixante-dix, il y avait une sorte de compétition entre la Francophonie et l’anglophonie au Liban.

L’enseignement de la langue française existe au Liban depuis 1875 avec la construction de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth. L’enseignement du français qui a commencé pour des raisons religieuses et de l’évangélisation a aplanit le terrain des soldats français et de leurs agents pendant la période de la colonisation du pays, (1918-1943) et a renforcé la politique de franciser les chrétiens libanais afin de les opposer au projet Musulman de la grande Syrie. Ajoutons le facteur économique : le commerce de la Soie a encouragé et a obligé les commerçants à apprendre le français, surtout aux moments de la prospérité de ce dernier. Par exemple « à la fin des années soixante, il y avait cinq institutions anglophones, renferment 14,5% du total des étudiants libanais, face à cinq institutions francophone renferment 23,6% des étudiants libanais » 709 .

Mais suite aux changements des données socio-politiques et culturelles dans la région arabe, surtout avec la régression du rêve du ‘’royaume arabe uni ‘’, la complexité de la situation pendant la guerre civile et sa dangerosité, ont rendu le conflit culturel secondaire par rapport aux conflits politiques violents.

D’ailleurs, l’importance de la langue étrangère était croissante en tant qu’une ouverture et une richesse culturelle de l’individu lui permettant de réaliser un progrès social et économique. N’oublions pas l’importance de la langue étrangère qui s’impose actuellement d’une façon remarquable avec la mondialisation et la révolution des moyens de communication surtout avec Internet.

Ajoutons le caractère touristique du pays encourageant l’enseignement en deux langes : la langue arabe (langue officielle) et une langue étrangère que ce soit le français ou l’anglais. Dans les dernières décennies, la plupart des écoles, surtout les Privées, ont commencé à adopter une politique éducative en enseignant l’arabe, le français et l’anglais dès les classes primaires, certaines commencent dès la maternelle.

Ainsi, petit à petit la question de la’’ langue de l’enseignement’’ n’est plus le terrain du conflit culturel, mais celui du compromis autour de la nécessité de posséder une langue étrangère au moins, avec l’arabe. Par conséquence, la question de la langue, particulièrement celle de l’arabe se trouve détachée de sa dimension religieuse et confessionnelle au Liban, et la langue étrangère se trouve libérée de sa dimension politique et coloniale, puisque 92% des jeunes préfèrent que la langue de l’enseignement soit l’arabe et en langue étrangère, face à 7,4% qui préfèrent que l’enseignement soit en arabe seulement, et 0,6% souhaitant qu’il soit en une langue étrangère seulement.

Cela signifie que la plupart des jeunes Musulmans, comme les Chrétiens, s’intéressent actuellement à la langue étrangère en quittant les perspectives longtemps adoptés par les Musulmans de toutes les confessions.

En essayant se savoir si l’attitude à l’égard de la langue arabe influence l’opinion des jeunes concernant l’aspect du pays, nous observons qu’il n’a pas une influence forte puisque la majorité des Musulmans 82,1% pensent que l’enseignement doit être en langue arabe et en langue étrangère, face à un groupe de 15,4% qui n’accepte que la langue du Coran, aussi bien que chez ceux qui considèrent que le Liban est un pays phénicien dont la majorité 93,3% n’a pas nié la langue arabe, et l’a choisi à côté d’une langue étrangère (Voir annexe).

Aussi nous avons essayé de voir l’influence de la confession, le Type d’éducation et le Lieu de résidence sur l’avis des jeunes à propos la langue de l’enseignement, il apparaît qu’ils n’ont pas une influence significative, puisque la majorité des jeunes Chrétiens et Musulmans favorisent que la langue de l’enseignement soit en arabe et langue étrangère, ce qui signifie que les Chrétiens ont commencé à accepter la langue arabe, symbole de l’Islam, et les Musulmans ne refusent plus la langue étrangère symbole de l’Occident (Voir annexe).

Nous concluons que les avis des jeunes de toutes les confessions étudiées se rejoignent autour du bilinguisme. Ils proposent une identité culturelle composée de deux facette, une arabe et l’autre étrangère, surtout l’anglais parce que les résultats du tableau qui présente la préférence des jeunes de la langue étrangère, montre que la majorité 82,3% la choisissent, alors que la plupart du reste 76% favorisent le français. Ces chiffres nous montrent que la différence entre les deux langues étrangères n’est pas assez grande, ce qui nous permet de supposer que le Liban, se dirige’’ rapidement’’ vers le trilinguisme comme choix de l’identité culturelle. Et les résultats obtenus par la recherche d’Amin710 encouragent notre perspective puisque 58,2% des étudiants universitaires francophones parlent l’anglais, et 63,4% des étudiants anglophones parlent le français.

La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 272,27, ddl = 3, 1-p = >99,99%.

Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.

Le nombre de citations est supérieur au nombre d'observations du fait de réponses multiples (3 au maximum).

La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 234,00, ddl = 4, 1-p = >99,99%.

Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.

Le nombre de citations est supérieur au nombre d'observations du fait de réponses multiples (3 au maximum).

Notes
709.

Amin, A., Faour, M., (1998), Les étudiants universitaires libanais et leurs attitudes : héritage de divisions, Beyrouth, Kabes / Laes, PP : 195-196. (En arabe).

710.

Ibid., Les étudiants universitaires libanais et leurs attitudes, P : 201.