10- L’identité libanaise 

La différence concernant la perception de l’identité du pays, était le noyau autour duquel s’articulent les différentes causes principales de la guerre.

L’identité libanaise est de nature arabo-musulmane ou non ? Un questionnement qui a suscité beaucoup de polémiques et de conflits en faisant une crise identitaire.

Pendant cette période de crise, les confessions se séparent l’une de l’autre pour marquer leur particularité afin d’obtenir une reconnaissance de leurs singularités et défendre leurs statuts. Par conséquence, la chance d’un partage culturel entre les différentes communautés religieuse était relativement faible, surtout que les préjugés, la discrimination gouvernaient la dynamique de l’interaction sociale.

Les Chrétiens envisagent une identité purement libanaise, c’est-à-dire neutre et indépendante des pays arabes concernant le conflit arabo-Israélien et la question de la Palestine. Ils accusent les Musulmans de n’avoir jamais voulu un pays indépendant des pays arabes qui l’entourent. Les Musulmans, à leur tour accusent les Chrétiens qu’ils ont taillé un Etat à leur mesure, qu’ils visent un Liban Chrétien, particulièrement un ‘’ Etat Maronite’’. Ainsi, une divergence Islamo-chrétienne existait concernant la définition de l’identité nationale du pays. Les questions qui s’imposent Comment les jeunes perçoivent l’identité nationale et la définissent actuellement ? Qu’est- ce qu’elle représente pour eux ? Est ce que leurs définitions sont liés à celles d’hier, ou bien il y a des nouvelles propositions découlant des nouvelles perspectives ?

Afin de bien s’exprimer, nous avons choisi une question ouverte pour la celle concernant la définition de l’identité nationale libanaise. Les réponses récoltées ont été classées en se basant sur les concepts et les expressions qui ont été utilisés.

Presque la moitié des jeunes 49,7% définissent l’identité nationale en tant qu’un sentiment d’appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe. Chiffres pas très éloignés des jeunes qui la considèrent un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines qui font 47,4%. Alors que les jeunes qui définissent l’identité en tant qu’une appartenance à un pays souverain malgré tout font 38,3%, face à 30,3% des jeunes qui l’envisagent comme étant une identité multivisages Islamo-Chrétienne.

Les chiffres chutent jusqu’à 20% pour les jeunes pour lesquels l’identité nationale signifie un sentiment d’appartenance à un pays libanais non arabe. Cependant un groupe de 8% la perçoit comme une identité arabe avancée, face à une minorité de 4,6% qui la conçoive fragmentée et insignifiante.

Nous concluons que les jeunes sont sortis du cercle vicieux : identité arabe ou identité Maronite. En fait, leurs définitions sont intimement liées à la notion de l’appartenance que ce soit aux racines, au pays souverain ou multiculturel ayant un visage arabe…etc.

Ajoutons que les définitions de l’identité nationale des jeunes d’après guerre, sont détachées de l’influence négative des milices jouant sur la corde de l’appartenance confessionnelle, en essayant tout au long de la guerre de propager l’idée que l’identité nationale libanaise n’existe pas, et si elle existe elle est insignifiante et fragmentée.

Ce qui attire l’attention, c’est que la notion du pluralisme culturelle, d’habitude « chargée d’une connotation négative puisqu’il est associé au terme de différenciation confessionnelle » 716 , n’a plus cette représentation négative chez les jeunes. A l’inverse, le plus grand nombre des jeunes envisagent l’identité nationale en tant qu’une appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe. Ce qui signifie que les jeunes Musulmans ont changé leurs attitudes négatives. Même si ce pluralisme culturel, ou, cette ‘’multiculturalité’’ est liée à l’arabité, nous considérons sa reconnaissance de la part des jeunes comme un progrès considérable par rapport à la période, relativement où elle s’est construite (entre 1989 et 2004), parce que les Musulmans, étaient catégoriquement contre la diversité culturelle au Liban.

Ce qui est saillant aussi dans ce tableau est la présence non unidimensionnelle de la religion. C’est-à-dire que les jeunes ne définissent pas l’identité, en tant que arabo-musulmane ou en tant qu’identité Chrétienne. Et ceux qui la considèrent arabe (unidimensionnelle), la détachent du l’Islam, et ne font que 8%.

En fait, la manière de la présence de la religion traduit la conviction des jeunes sur l’importance de la vie commune entre les Musulmans et les Chrétiens, et, leur désir de ne pas les séparer l’un de l’autre, mais de vivre ensemble une expérience du partage culturel.

Bref l’identité nationale représente pour les jeunes la diversité culturelle qui se distingue par son visage arabe, l’estimation des origines traduite à travers la fidélité et non la rupture avec les racines. Elle représente la suprématie la souveraineté, aussi bien que la multitude des visages islamo - Chrétiens.

Nous constatons que la question identitaire à propose de l’identité nationale a perdu son acuité concernant le conflit entre Chrétiens /Musulmans. Elle n’est plus une crise puisqu’il y a un accord sur le fait qu’elle est multiculturelle à un visage arabe, ou à multivisages islamo-Chrétiens. D’emblée, les définitions des jeunes ne sont plus profondément liées à celle d’hier puisqu’il y a des nouvelles propositions de définitions découlant des nouvelles perspectives.

La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 121,84, ddl = 7, 1-p = >99,99%.

Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.

Le nombre de citations est supérieur au nombre d'observations du fait de réponses multiples (7 au maximum).

Depuis toujours l’élément religieux a joué un rôle organisateur dans la dynamique sociale, et un rôle identificateur dans la dynamique identitaire individuelle.

La confession étant un élément constitutif de l’identité des individus, elle contribue à définir leurs identités sociales. Elle est parmi les éléments qui ont un rôle déterminant un aspect particulier de l’identité de l’individu, la distingue des autres, autrement dit, elle est un marqueur identitaire qui donne à la personne sa particularité en décrivant son identité sociale.

L’intériorisation de l’appartenance confessionnelle se construit à travers un processus interactif d’assimilation et de différenciation par lequel le sujet accède à une certaine représentation de soi (individuel et collectif) qui influence son interaction avec le milieu environnant et ses éléments. Parmi ces éléments, nous citons l’identité du pays. Nous allons voir qu’est-ce qu’elle représente pour les jeunes d’après guerre? Comment ils la définissent ? Est-ce que leurs définitions sont influencées par leurs appartenances confessionnelles ?

Commençons par les Maronites. La représentation de l’identité libanaise est pour presque la moitié des jeunes 45,7%

celle d’une appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe. Les chiffres n’enregistrent pas une grande différence avec ceux qui la considèrent comme un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines faisant 40%. Face à 37,1% pour les jeunes adoptant une représentation, influencée par leur appartenance confessionnelle, considérant l’identité comme un sentiment d’appartenance libanaise et non arabe, et 11,4% pour ceux influencés par les prétentions des milices que l’identité libanaise est insignifiante et fragmentée. Pourtant un quart de l’échantillon 25,7% ont la représentation que l’identité libanaise est celle à multi visages : Islamo-Chrétienne, pourcentage pas très loin de ceux considérant l’identité en tant que sentiment d’appartenance à un pays souverain malgré tout faisant 28,6%. Signalons, qu’un petit groupe de 5,7% pensent que l’identité libanaise est une identité arabe avancée, qui signifie 717 , dans une certaine mesure, qu’elle est plus développée, plus ‘’civilisée’’, moins traditionnelle par rapport aux autres pays arabes qui sont plus traditionnels et même bédouinisés, dans certaines régions. Ce dernier chiffre nous le trouvons chez les jeunes Orthodoxes considérant l’identité libanaise comme insignifiante et fragmentée. Cependant, la plupart des jeunes appartenant à cette confession 45,7% partagent la majorité Maronites sont d’avis envisageant l’identité en tant qu’un sentiment d’appartenance libanaise et non arabe. Pourtant ceux qui la considèrent comme une identité multiculturelle ayant un visage arabe font 42,9%, suivis de ceux qui perçoivent l’identité comme un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines font 37,1%. Notons l’absence de ceux qui la définissent comme une identité arabe avancée, et presque l’égalité de pourcentage entre les jeunes adoptant la perspective d’une identité multi visages Islamo-Chrétienne font 28,6% , et ceux qui ont la représentation d’une appartenance à un pays souverain malgré tout faisant 25,7%.

Du côté des musulmans, presque la moitié des Sunnites 45,7% l’identité libanaise représente pour eux une appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe. Le suivant est un groupe des jeunes faisant 42,9%, constitué de ceux qui ont la représentation d’un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines. Plus que le quart des jeunes 34,3% considèrent l’identité multi visage Islamo-Chrétienne, enregistrant un pourcentage proche de ceux qui ont une représentation de l’identité comme étant un appartenance à un pays souverain malgré tout faisant 31,4%. Marquons qu’il y a un petit groupe de 5,7% de ceux qui pensent que l’identité libanaise est insignifiante et fragmentée, et l’absence des jeunes qui la considèrent purement libanaise et non arabe face à 11,4% de ceux qui la considèrent arabe mais avancée.

Les Chiites, comme les Sunnites refusent le détachement du caractère arabe de l’identité libanaise. Plus que la moitié d’eux 54,3% pensent que l’identité représente un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines. Une égalité des chiffres 45,7% pour les jeunes considérant l’identité comme sentiment d’appartenance à un pays souverain malgré tout, et ceux pensent qu’elle est une appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe.

D’ailleurs, presque le quart des jeunes 22,9% pensent qu’elle est une identité multi visages Islamo-Chrétienne, face à 14,3% qui ont la représentation d’une identité arabe avancée, en observant l’absence des jeunes Chiites croient que l’identité libanaise est insignifiante et fragmentée.

La plupart des Druzes 68,6% envisagent l’identité libanaise comme étant une appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe. Le pourcentage est presque égal entre ceux qui la considèrent en tant que sentiment de loyauté et d’attachement aux racines faisant 62,9%, et ceux qui ont la représentation d’une appartenance à un pays souverain malgré tout qui font 60%.

Plus que le tiers, 40%, de membres de l’échantillon Druzes pensent que l’identité libanaise est multi visage Islamo-Chrétienne, face une minorité de 8,6% des jeunes la considèrent comme étant arabe avancée. Et comme les Chiites, les Druzes refusent de la considérer insignifiante et fragmentée.

Nous constatons que la représentation de l’identité libanaise des jeunes Maronites commence à être détachée de l’influence de l’appartenance confessionnelle et de discours idéologiques considérant le Liban un pays Chrétien et Maronite en refusant catégoriquement le visage arabe du pays. Les Maronites commencent à changer leurs attitudes à l’égard de l’arabité du Liban, en l’acceptant par prudence. Alors, certaines modifications et approchements entre les Chrétiens et les Musulmans, concernant la nature de l’identité libanais ont vu le jour. Pourtant les Orthodoxes, montrent qu’ils sont tiraillés entre deux logiques opposées : la première est sous l’influence de l’appartenance confessionnelle, puisque la plupart d’eux refusent le caractère arabe de l’identité libanaise ; la deuxième est détachée de l’appartenance confessionnelle puisqu’elle considère l’identité libanaise comme appartenance a un pays multiculturel et, d’emblée, accepte son visage arabe. Perspective adoptée par la majorité Sunnites, Chiites et Druzes, ce qui signifie qu’ils refusent, toujours, de nier le caractère arabe de l’identité libanaise, et que l’identité libanaise est insignifiante et fragmentée, ce qui reflète l’enracinement de la croyance des jeunes que l’identité libanaise existe, d’une part, et leurs refusent des idées propagées par les milices pendant la guerre, d’autre part.

Donc, l’appartenance confessionnelle n’influence pas, avec la même intensité, les attitudes des jeunes concernant leurs définitions de l’identité de leur pays, ce qui rend le confessionnalisme de plus en plus faible. Ceci encourage la solidarité inter-confessionnelle et une expérience du partage culturel que nous concevons ses premières prémices.

La dépendance est très significative. chi2 = 53,63, ddl = 24, 1-p = 99,95%.% de variance expliquée : 7,66%

Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

Attention, 10 (28.6%) cases ont un effectif théorique inférieur à 5, les règles du chi2 ne sont pas réellement applicables.

Le chi2 est calculé sur le tableau des citations (effectifs marginaux égaux à la somme des effectifs lignes/colonnes).

Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

En essayant de savoir si le type d’éducation, laïque ou religieux, influence sa conception de l’identité, il nous apparaît que la corrélation n’est pas très significative, puisque la moitié des jeunes ressortissants des écoles Privées religieuses 50%considèrent l’identité en tant qu’appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe, presque pareillement pour les adeptes des écoles Publiques faisant 53,8%. Cependant, les adhérents à des écoles Privées laïques font 59,3%. Or, un petit groupe de 4,6% pensent que l’identité est insignifiante et fragmentée, la plupart d’eux appartiennent à des écoles Privées religieuses.

Nous concluons que le type de l’éducation reçu de la part des jeunes, que ce soit laïque ou religieux, n’influence pas leurs représentations de l’identité du pays. Elle est pour eux, d’abord, multiculturelle ayant un visage arabe, puis, elle représente la loyauté et l’attachement aux racines. Signalons que plus que le quart 30,3% la perçoivent comme l’appartenance à un pays souverain malgré tout.

Plus que la moitié 56,1% des jeunes habitants à Beyrouth considèrent que l’identité du pays représente pour eux un sentiment d’appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe. Suivi par ceux qui la voient multi visage Islamo-Chrétienne faisant 42,1%. Les chiffres notent une égalité 3,5% entre les jeunes considérant l’identité du pays en tant qu’une identité arabe avancée, et ceux qui la perçoivent insignifiante et fragmentée.

Signalons que le pourcentage n’enregistre pas une grande différence pour les jeunes avouant que l’identité représente l’appartenance à un pays souverain malgré tout 26,3%, et ceux qui la considèrent un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines faisant 28,1% chiffre pas très loin de ceux qui adoptent l’opinion que l’identité libanaise est seulement libanaise et non arabe qui font 31,6%.

Au Mont Liban, la majorité des jeunes 77,3% pensent que l’identité est définie par un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines.

Pour plus que la moitié 59,1% des habitants de cette région, l’identité libanaise représente l’appartenance à un pays souverain malgré tout ; pourcentage pas très éloigné des jeunes considérants l’identité comme un sentiment d’appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe, qui font 56,8%.

En outre, 36,4% envisagent l’identité comme libanaise et non arabe, suivi par un groupe de 29,5%la considère multi visages Islamo-Chrétienne, face à 6,8% la perçoivent comme arabe avancée. Les chiffres montrent une décroissance qui arrive jusqu’à 2,3% pour ceux qui la voient insignifiante et fragmentée.

Pareil comme les habitants à Mont Liban, au Nord du pays le pourcentage le plus haut 58,3% est pour ceux considérant l’identité en tant que sentiment de loyauté et d’attachement aux racines. Ils sont suivis par les jeunes qui pensent que l’identité du pays est multiculturelle ayant un visage arabe faisant 50%. Une égalité 33,3% apparaît entre les jeunes adoptant l’identité en tant qu’un sentiment d’appartenance à un pays souverain malgré tout, et ceux qui la perçoivent comme multi visages : Islamo-Chrétienne. Notons, une minorité de 8,3% pensent que l’identité libanaise est non arabe, et le refus des habitants de cette région de considérer l’identité comme insignifiante et fragmentée, aussi bien que leur refus de la voir comme arabe avancée.

La plupart des jeunes habitants à la Békaa 57, 1% pensent que l’identité est celle d’un pays multiculturel ayant un visage arabe. Face à 42,9% des jeunes qui la considèrent en tant qu’un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines, et 35,7% qui la perçoivent comme un sentiment d’appartenance à un pays souverain malgré tout. Signalons l’absence des jeunes qui la voient comme multivisages Islamo-Chrétienne, et que le plus haut pourcentage est celui des jeunes la considérant insignifiante et fragmentée 14,3% pour les habitants dans cette région du pays.

Venons-en au Sud du Liban, nous observons que 41,7% définit l’identité comme un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines. Les chiffres sont presque égaux chez les jeunes la considérant comme un sentiment d’appartenance à un pays souverain malgré tout faisant 35,4%, et ceux qui la perçoivent comme appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe qui font 33,3%.

En fait, le quart des jeunes 25% au Sud du pays considèrent l’identité multi visages Islamo-Chrétienne, face à 16,7% pensent qu’elle est arabe avancée. Généralement, les habitants du Sud refusent de détacher l’identité libanaise de son arabité, malgré l’existence d’un petit groupe de 6,3% qui la voit insignifiante et fragmentée.

Nous concluons que les habitants à Beyrouth, à Békaa partagent la même représentation concernant l’identité du pays, ils la définissent en tant qu’une appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe. Cependant les habitants au Mont Liban, au Nord et au Sud adoptent la même attitude. L’identité libanaise représente pour eux un sentiment de loyauté et d’attachement aux racines.

En effet, cette déclaration majoritaire que le pays est de nature multiculturelle ayant un visage arabe, quelque soit le lieu de résidence, est considérée comme une indice de :

-La conviction d’une grande partie des Chrétiens de l’arabité du l’identité du pays.

-La conviction de la plupart des Musulmans du caractère multiculturel du pays, attitude refusée pendant longtemps de leur part, parce qu’ils insistaient sur l’arabité du pays et son caractère mono-culturel.

-La reconnaissance de chaque confession de l’existence des autres confessions qui lui sont différentes, et qu’elles constituent une partie du peuple libanais, même si elle prétend l’arabité.

-L’existence d’une expérience du partage culturel inter-confessionnel et inter-régional, ce qui probablement signifie l’orientation de la société à ‘’pas rapides’’ vers l’interculturalité.

-Nous remarquons aussi, que l’arabité, d’une part, la loyauté et l’attachement aux racines, d’une autre part, font les deux axes centraux sur lesquels repose l’identité libanaise.

D’ailleurs, nous observons que les attitudes des jeunes sont détachées des idées propagées pendant la guerre, de la part des personnes qui profitaient de cette situation, telle que l’identité libanaise est insignifiante et fragmentée. Et l’adoption de presque la moitié des jeunes de la représentation de l’identité en tant que loyauté et qu’attachement aux racines, aussi bien en tant qu’un pays multiculturel est le témoignage du refus des jeunes de la logique des milices, et leur volonté de vivre une expérience du partage culturel.

La dépendance est très significative. chi2 = 54,15, ddl = 24, 1-p = 99,96%.

% de variance expliquée : 7,74%

Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

Attention, 16 (45.7%) cases ont un effectif théorique inférieur à 5, les règles du chi2 ne sont pas réellement applicables.

Le chi2 est calculé sur le tableau des citations (effectifs marginaux égaux à la somme des effectifs lignes/colonnes).

Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

L’identité arabe et la neutralité du Liban font deux perspectives qui vraisemblablement se contredisent, parce que la première adopte l’engagement arabe du pays tandis que la deuxième revendique un dégagement total. Etant les adeptes de la première perspective, les Musulmans considèrent que le Liban est un pays arabe, devrait être enrôlé pour les problèmes arabes dont particulièrement la question Palestinienne et toutes les autres questions qui exigent un rattachement aux positions des Etats arabes. Cette attitude est réfutée par la neutralité dans laquelle le Liban s’est abrité depuis son existence et qui constitue l’une des conditions du pacte national.

Au Liban, il ne faut pas se rallier entièrement au rang arabe qui serait capable de menacer son unité et sa tranquillité suite à la situation bouillante de la région arabe à cause du conflit Arabo-Israélien. C’est la perspective des Chrétiens qui trouvent dans la neutralité du Liban le seul garant de la souveraineté du pays. A noter q’il y a des groupes Chrétiens qui refusent le caractère arabe de l’identité culturelle libanaise en la considérant phénicienne, non arabe. Ils insistent à la nécessité de protéger la particularité culturelle Chrétienne, aussi bien que le caractère multiculturel de ce pays, attitudes et opinions refusés de la part des Musulmans insistant sur le caractère arabe du Pays. Entre ces deux extrêmes, il y a plusieurs perspectives telles que le Liban est : un pays multiculturel ayant un visage arabe, un pays dont l’identité est Islamo-Chrétienne, ou un pays avec une identité arabe avancée. Mais à côté de cette perspectives et pendant la guerre, il y avait une perspective de ceux qui en profitaient, ils essayaient d’ébranler la confiance des libanais en leurs pays et son identité, c’est pourquoi ils tentaient de convaincre les gens qu’il n’existe pas une identité libanaise, et si elle existe elle est insignifiante et fragmentée.

Connaître l’avis des jeunes d’après guerre et comment ils définissent l’identité libanaise, est l’un du questionnement de notre recherche.

En essayant se connaître leurs opinions d’après la répartition selon le sexe, nous avons trouvé que plus que la moitié des garçons 58% pensent que l’identité du pays est multiculturelle ayant un visage arabe, pourtant un petit groupe de 5,7% considèrent que l’identité libanaise est insignifiante et fragmenté. Parmi les filles, nous observons que 47,1% définissent l’identité libanaise en tant que sentiment de loyauté et d’attachement aux racines, abstraction faite de son caractère arabe ou non face à une minorité de 3,4% de celles considérant que l’identité du pays est insignifiante et fragmenté (Voir annexe).

Plus que la moitié de l’échantillon 60,5%, pensent que l’identité libanaise est multi visages Islamo-chrétien, tandis que ceux qui refusent le caractère arabe de l’identité libanaise font 40%, face la majorité (garçons et filles) 99,4% considèrent que l’identité est multiculturelle ayant un visage arabe et un petit groupe de 16% pensent que l’identité du pays est arabe mais avancée.

Nous concluons que les attitudes des jeunes, que ce soit jeunes garçons ou jeunes filles à l’égard de l’identité du pays sont généralement positives, détachées des conceptions qui ont dominé pendant la guerre. Ils envisagent une identité multiculturelle dont les Musulmans et les Chrétiens vivent ensemble attachés à leurs racines, dans un pays souverain malgré tout, ayant un visage arabe. Donc, l’acuité du conflit identité arabe (Musulmans) ou non arabe (Chrétiens), commence à être faible et perdre sa dimension confessionnelle, puisque : D’abord, une partie considérable des jeunes envisagent une identité multiculturelle, que ce soit ayant un visage arabe ou Islamo-Chrétienne. Ensuite, parce qu’une certaine partie des jeunes libanais Chrétiens commencent à accepter l’idée que le Liban a un visage arabe, opinion accepté par un petit groupe Chrétien, puisque la majorité d’eux adoptait la perspective refusant catégoriquement le trait arabe du pays en considérant le pays comme phénicien.

Notes
716.

Ibid., Construction identitaire et appartenance confessionnelle, P : 6.

717.

Cette signification est d’après les entretiens faits avec les jeunes.