Tout au long de son histoire, le Liban était un terrain politique instable, très influencé par les situations des pays voisins, les conflits du Moyen Orient, et par les conflits entre les Etats - Unis et l’ex Union Soviétique.
Et puisque la classe politique libanaise détient son pouvoir des appareils communautaires, donc, au lieu qu’il y ait un seul but politique national commun à toutes les confessions consolidant le terrain politique et le rendant plus résistant aux influences extérieurs, il y avait des buts politiques qui s’articulent sur des bases confessionnelles. D’emblée, l’appartenance et l’idéologie nationale étaient sacrifiées au détriment de l’idéologie communautaire qui a « pour but de maintenir les identités communautaires et la coïncidence de ces identités avec certaines forces extérieures, protectrices des appareils communautaires employés en temps de crise régionale pour marquer des points sur les forces concurrentes » 718 .
Suite à cette complication, le terrain politique libanais devient un théâtre dont les pouvoirs politiques internes et externes sont en concurrence les uns contre les autres. Par conséquence, l'histoire politique du Liban devient chargée de conflits nationaux et mondiaux (internes et externes). Situation qui a rendu l’Unité Nationale du pays une mission très difficile pour les politiciens qu’ils ont perdu la confiance du peuple. Ce dernier, ne les considèrent plus des gouvernants objectifs capables de trouver la solution des conflits par ’’ l’Unité Nationale ’’ traduite par l’accord entre les différentes confessions. Cet accord interconfessionnel déclaré comme principe fondamental dans l’accord du Taëf est un sujet polémique entre les différentes communautés.
Ainsi, autour de ces thèmes concernant le pays nous avons essayé de dévoiler les perspectives des jeunes dans le but de connaître leurs attitudes si elles sont convergentes à propos de l’histoire politique du pays, des politiciens et de l’accord du Taëf en tant qu’un nouveau projet constitutionnel du pays, une certaine partie des libanais le considère la meilleure solution pour le futur du pays. A souligner que la convergence concernant le Taëf est considérée comme un indicateur du partage culturel.
Les données montrent que 64% des jeunes accepte l’idée que l’histoire du pays est chargée de conflits internes et externes, et l’idée qu’il n’existe pas encore au pays des politiciens objectifs capables de trouver une solution aux conflits par l’Unité Nationale. Alors, concernant l’accord du Taëf, les attitudes des jeunes se convergent autour de ’’l’attitude neutre‘’ puisqu’ils acceptent avec prudence l’opinion qui le considère comme la meilleure solution du pays.
Histoire politique entre conflits et solutions | Histoire politique : chargée des conflits internes et externes | Politiciens : incapables de trouver une solution aux conflits | Le Taëf est la meilleure solution du pays |
J’accepte |
64,0%(112) |
57,1% (100) |
33,1%(58) |
Plus ou moins |
32,0%(56) |
37,7%(66) |
36,6% (64) |
Je n’accepte pas |
4,0%(7) |
5,1%(9) |
30,3% (53) |
TOTAL OBS. |
100% (175) |
100% (175) |
100% (175) |
En creusant plus profondément, les résultats révèlent que 64% des jeunes considèrent l’histoire politique du pays chargée de conflits internes et externes, alors que les jeunes refusant cette perspective font 4%. Les premiers ont 336 notes (112x3), or les seconds ont 7 notes (7x1). Alors, les attitudes à l’égard des politiciens montrent que plus que la moitié des jeunes 57,1% ayant 300 notes (100 x 3) acceptent l’idée proposée, face à 5,1% ayant 9 notes (9x1) qui la refusent.
Concernant l’accord du Taëf, 36,6% ayant 128 notes (64x2) présentent une attitude, relativement, ‘’neutre’’ à son égard. Abstraction faite de cette neutralité, en comparant les deux autres attitudes, les résultats montrent que la balance penche vers ceux qui la considèrent comme la meilleure solution du pays.
Nous constatons que les attitudes des jeunes se rencontrent autour l’idée que l’histoire politique du pays était conflictuelle. Ils pensent que les politiciens ont un rôle passif qui n’aboutit pas à trouver une solution par ‘’l’Unité Nationale’’ du pays. Ils ont généralement tendance à accepter l’accord du Taëf malgré l’hésitation et la prudence visibles à son égard.
La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 94,64, ddl = 2, 1-p = >99,99%.
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.
Nous avons essayé de répartir les attitudes des jeunes selon leurs appartenances confessionnelles, nous avons trouvé que 77,1% des Maronites acceptent l’idée que l’histoire politique du pays est celle des conflits internes et externes, attitude adoptée de la plupart des Chiites 60% des Orthodoxes 65,7%, des Sunnites 71,4%. Or, 54,3% des Druzes acceptent avec prudence cette idée. Concernant les autres variables, le type d’éducation par exemple, il n’influence pas les attitudes des jeunes, car ceux ayant un type d’éducation Privée religieux et qui font 68,5% ont la même attitude des jeunes ressortissants des écoles Privées laïques faisant 61% et ceux des écoles Publiques constituant 65%. Tous considèrent l’histoire politique du pays chargée des conflits internes et externes. (Voir annexe).
Comme le type d’éducation, le lieu de résidence et de l’appartenance sexuelle n’ont pas un effet significatif sur les attitudes des jeunes de différentes régions. Commençons par les jeunes hommes. 62, 5 % admettent que l’histoire politique est conflictuelle, face à 65,5% des jeunes du sexe féminin adoptant la même attitude. Par rapport au lieu de résidence, nous trouvons que les habitants de la capitale, 59,6%, admettent la première idée proposée, chiffres pas très éloignés des 61,4% de jeunes résidants au Mont-Liban adoptant la même perspective. Cette dernière est partagée entre les jeunes du Nord faisant 58,3% et ceux de la Békaa qui font 78,6% et du Sud du pays constituant 68,8%. (Voir annexe).
Nous concluons que les jeunes, quelque soient leur appartenance confessionnelle et sexuelle, leurs type d’éducation et leurs lieu de résidence, leurs attitudes sont convergentes autour l’idée que l’histoire politique du pays est conflictuelle au niveau interne, et influencée par des conflits externes régionaux ou mondiaux.
La dépendance est significative. chi2 = 15,54, ddl = 8, 1-p = 95,05%.
% de variance expliquée : 4,44%
Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.
Attention, 5 (33.3%) cases ont un effectif théorique inférieur à 5, les règles du chi2 ne sont pas réellement applicables.
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.
La deuxième idée proposée dans cette échelle suppose qu’il n’existe pas encore au Liban des politiciens objectifs capables de conduire le pays vers l’unité nationale. Les résultats montrent que 57,1% des jeunes admettent l’idée proposée et ont 300 points (100x3), alors ceux qui la refusent font 5,1% et ont 5,1points (5,1x1).
Nous concluons que les jeunes en général acceptent l’idée proposée plus qu’ils ne la refusent, ce qui signifie qu’ils conçoivent passivement le rôle des politiciens.
Concernant le croisement de cette idée avec la confession, le sexe, le type d’éducation, le lieu de résidence, nous observons qu’il n’est pas significatif. Par exemple, nous remarquons que le plus haut pourcentage des jeunes, Maronites ayant 65,7%, Orthodoxes 57,1%, Sunnites 60%, Chiites 54,3%, ou Druzes48,6% adoptent la même attitude, en acceptant l’idée concernant les politiciens. Situation identique pour l’appartenance sexuelle, puisque les chiffres montrent que 52,3% des jeunes hommes et 62,1% des jeunes femmes ont la même perspective, qu’ils soient habitants à Beyrouth, 50,9%, ou au Mont-Liban, 59,1% , au Nord du pays, 83,3%, à la Békaa, 64,3%,ou au Sud du pays, 54,2% ; ou bien qu’ils soient adhérents à des écoles Privées religieuses, 66,7%, ou des écoles Privées laïques, 52,5%, ou Publiques, 51,2%, ils admettent tous qu’il n’existe pas encore des politiciens objectifs.
La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 72,49, ddl = 2, 1-p = >99,99%.
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.
La troisième idée présentée aux jeunes concerne leur attitude à l’égard de l’accord du Taëf en tant que meilleure solution du pays. Généralement, les jeunes ont une attitude prudente et hésitante à son égard.
La différence avec la répartition de référence n'est pas significative. chi2 = 1,04, ddl = 2, 1-p = 40,55%.
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.
En étudiant la répartition des attitudes des jeunes concernant le Taëf selon leurs appartenances confessionnelles, nous remarquons que presque la moitié des Maronites 48,6% ne l’acceptent pas, alors que 45,7% des Orthodoxes et 48,6% des Chiites hésitent. Or, plus que la moitié des Sunnites 54,3% et 37,1% des Druzes l’acceptent.
Nous constatons que parmi les confessions libanaises, ce sont les Sunnites qui sont ‘’pour’’ l’accord du Taëf, alors que les Maronites sont ‘’contre’’ cet accord. Ce qui signifie que les Sunnites et les Maronites font deux groupes avec des attitudes opposées concernant cet accord.
En plus, nous avons essayé de voir la répartition des attitudes des jeunes selon leur appartenance sexuelle et leurs types d’éducation et leur lieu de résidence. Les données récoltées ont montré que la plupart des jeunes hommes, 62,5%, et les jeunes filles, 65,5%, pensent que cet accord est la meilleure solution pour le Liban ; alors que leurs attitudes sont différentes selon leurs types d’éducation.
En fait, les jeunes des écoles Privées religieuses, 38, 9%, refusent l’idée proposée, à l’opposé des jeunes des écoles Publiques qui l’acceptent, 41,3%. Tandis que 44,1% des jeunes des écoles laïques hésitent et ont une attitude ‘’neutre’’ à son égard. (Voir Annexe).
La dépendance est très significative. chi2 = 21,49, ddl = 8, 1-p = 99,40%.
% de variance expliquée : 6,14%
Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.
A propos de la répartition des attitudes des jeunes selon leur lieu de résidence, nous notons que 47,4% des jeunes habitants à Beyrouth ont une attitude ‘’neutre’’, alors que les jeunes du Mont Liban constituent deux groupes de 36,4% chacun. Le premier pense que le Taëf est la meilleure solution du pays, le second refuse cette idée.
Or, plus que la moitié des jeunes du Nord du Liban, 58, 3%, pensent que cet accord est la meilleure solution, perspective que n’adoptent pas les jeunes de la Békaa faisant 50%, à l’opposé des habitants au Sud du pays, 41,7%, qui l’adoptent.
Nous constatons que les habitants du Nord et du Sud du Liban ont la même attitude favorable à l’égard du Taëf, à l’opposé des jeunes de la Békaa et une partie des jeunes du Mont Liban qui le refusent. Donc, les attitudes à l’égard de cet accord varient d’une région à une autre.
La dépendance est significative. chi2 = 16,52, ddl = 8, 1-p = 96,45%.
% de variance expliquée : 4,72%
Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.
Attention, 5 (33.3%) cases ont un effectif théorique inférieur à 5, les règles du chi2 ne sont pas réellement applicables.
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.
Loukili-Zaid, A., (1991), Les politiques d’influences au Liban (1975-1985), Thèse du Doctorat en sciences politiques, Université Jean Moulin, Lyon III, Faculté de Droit, P : 87.