La pensée humaine est en relation interactionnelle et dialectique avec les transformations quotidiennes de son environnement, particulièrement, les culturelles. La mondialisation en tant qu’une des transformations culturelles saillantes de notre époque, a influencée et même bouleversé les concepts et les pratiques culturelles des peuples. Il nous semble indispensable de connaître les attitudes des jeunes à son égard, surtout, en adoptant dans notre recherche une approche interculturelle.
En fait dans la région arabe, la mondialisation pour les traditionnels et les extrémistes ressemble à « une invitation à abandonner son identité, et se jeter dans les bras de la colonisation et l’impérialisme » 719 . Elle a, donc, une représentation relativement ‘’négative’’, elle est surtout intimement liée à l’américanisation et d’emblée, elle représente la menace identitaire, particulièrement de l’identité arabo-islamique.
D’autant plus, elle représente une menace économique, politique, culturelle et morale parce les entreprises dans ces régions, même les grandes, restent incapables d’affronter les américaines, les européennes ou les japonaises. Petit à petit, les grandes entreprises vont avaler les petites, et l’économie arabe perdra son indépendance, d’abord au niveau économique, puis au niveau politique. D’ailleurs, avec la révolution des médias (l’Internet et les Satellites) les informations circulent rapidement dans la planète, suivant un système de valeurs différent de l’arabo-musulman qui considère le thème sexuel comme tabou, et la mondialisation est le moyen qui le transgresse. La mondialisation, ainsi, est un projet américain, son but est la domination du monde dont le monde arabe, riche en pétrole, en détruisant les systèmes de valeurs des sociétés visées. Pourtant, il y a des attitudes qui encouragent la mondialisation en la considérant comme étant une source de richesse culturelle qui contribue au développement des pays. Notons d’autres perspectives hésitantes et prudentes, le premier choix représente une opinion plutôt ‘’positive’’ à l’égard de la question proposée, le deuxième un avis neutre, et le troisième une perspective plutôt ‘’négative’’.
Le but de cette question est de savoir les avis des jeunes à l’égard des nouveaux faits culturels mondiaux comme la mondialisation, est-ce qu’ils ont des attitudes tolérantes à son égard, en considérant ce fait comme source de richesse culturelle ou à l’inverse. Tant qu’ils ont des attitudes tolérantes, l’espérance de réaliser une expérience du partage culturelle augmente, puisqu’en acceptant la mondialisation ils signifient l’ouverture à l’égard de l’autrui, différent, condition indispensable pour toute expérience du partage culturel.
Les données du terrain montrent que 41% des jeunes considèrent la mondialisation comme un stéréo graduel des peuples selon le culte de plus fort, face à 34,9% de ceux qui la perçoivent en tant qu’une richesse culturelle, et 33,1% pensent qu’il faut y faire face car elle suscite et nourrit le patriotisme exagéré.
Nous concluons, que malgré qu’il n’y a pas une attitude ou une perspective dominante, ‘’pour ‘’ou’’ contre’’, la mondialisation chez les jeunes, nous pouvons dire que la balance presque en équilibre, penche un peu vers ceux qui la considèrent comme une richesse culturelle, puisque ceux qui préfèrent l’affronter font 33,1% face à ceux qui l’encouragent ,34,9%, la différence est 1 ,8% seulement.
Nous remarquons aussi, que les jeunes, en encourageant la mondialisation, sont conscients de sa dangerosité de comme la domination du culte du plus fort. Cela signifie qu’elle ne représente pas pour eux une menace, autrement dit, ils n’adoptent pas les perspectives traditionnelles, d’emblée, ils ont des dispositions à l’ouverture vers autrui.

La différence avec la répartition de référence n'est pas significative. chi2 = 1,71, ddl = 3, 1-p = 36,46%.
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.
Le nombre de citations est supérieur au nombre d'observations du fait de réponses multiples (3 au maximum).
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

La répartition des jeunes selon leur appartenance confessionnelle, semble-t-il, influence les attitudes des jeunes concernant la mondialisation. Presque la moitié des maronites, 45,7%, la perçoivent comme stéréograduelle des peuples selon le culte de plus fort, qu’on trouve le même chiffre chez les Orthodoxes mais pour ceux qui pensent que la mondialisation est une richesse culturelle qu’il faut soutenir et encourager.
Plus que la moitié des Sunnites, 60%, la considèrent une question qui suscite et nourrit le patriotisme exagéré et il faut y faire face. Alors que la plupart des Chiites 45,7%, la conçoivent comme un stéréograduel des peuples selon le culte de plus fort, face à 54,3% des Druzes qui la perçoivent en tant qu’une richesse culturelle.
Nous concluons que parmi les confessions, ce sont les membres de la communauté Druze qui encouragent la mondialisation, puis les orthodoxes, les Maronites, les chiites et enfin les Sunnites. Et ceux qui préfèrent faire face sont les Sunnites, puis les Chiites, les Maronites les Orthodoxes, et enfin les Druzes. Cela signifie que dans un contexte du partage culturel, peut être ce sont les Druzes qui contribuent à la réussite d’une expérience interculturelle plus que les Sunnites. Ce qui est remarquable dans ces résultats est que les jeunes Druzes manifestent une attitude d’ouverture, qui renforce l’espoir d’avoir une expérience du partage culturel réussie, puisque cette confession était longtemps à l’écart des autres, surtout que ses dogmes favorisent que certaines interactions culturelles restent intra-confessionnelle tel que le mariage, considéré comme facteur essentiel pour encourager le contact interconfessionnel.
Pour approfondir les résultats, nous avons essayé de voir l’influence de type d’éducation sur les opinions des jeunes à l’égard de la mondialisation, nous avons remarqué que la plupart des ressortissants des écoles Privées religieuses 42,6% pensent qu’elle est une richesse culturelle, il faut l’encourager, chiffre presque égal pour les étudiants des écoles Privées laïques qui font 42,4% la considérant comme un stéréograduel des peuples selon le culte de plus fort, même attitude adoptée de la part des jeunes appartenant à des écoles Publiques faisant 40% (Voir annexe).
Aussi, nous avons essayé de voir les avis des jeunes selon leur appartenance sexuelle, nous avons observé que 40,2 % des jeunes filles pensent que la mondialisation est une richesse culturelle, face à 47,7% des jeunes garçons qui la considèrent un stéréograduel des peuples selon le culte du plus fort.
Nous concluons que les jeunes filles encouragent la mondialisation plus que les jeunes garçons (Voir annexe).

La dépendance est très significative. chi2 = 25,91, ddl = 8, 1-p = 99,89%.
% de variance expliquée : 7,40%
Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.
Le chi2 est calculé sur le tableau des citations (effectifs marginaux égaux à la somme des effectifs lignes/colonnes).
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

En continuant à analyser les données concernant la mondialisation, nous trouvons que plus que la moitié des jeunes de Beyrouth 54, 4% pensent qu’elle est un stéréograduel selon le culte de plus fort, chiffre pas loin de 52,3% pour les jeunes du Mont Liban qui pensent qu’elle est une richesse culturelle qu’il faut soutenir et encourager.
La majorité des habitants au Nord du pays partagent l’avis des jeunes de Beyrouth, alors que 42,9% des jeunes résidents à la Békaa partagent la même perspective des jeunes du Mont Liban qui la considèrent comme une richesse culturelle. Pourtant 60,4% des jeunes habitants au Sud du pays la perçoivent comme une question qui suscite et nourrit le patriotisme exagéré, il faut y faire face.
Nous constatons que les jeunes de Mont Liban et la Békaa sont ceux qui favorisent la mondialisation, alors que les habitants du Sud ne l’encouragent pas. la raison peut être l’adoption des opinions traditionalistes, et ce n’est pas un fait étrange puisque la majorité des habitants au Sud du Liban sont des Sunnites et des Chiites en sachant que l’Islam est en opposition relative avec les Etats-Unis, et ne favorise pas ses produits culturels, surtout, l’américanisation.

La dépendance est très significative. chi2 = 33,21, ddl = 8, 1-p = 99,99%.
% de variance expliquée : 9,49%
Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.
Attention, 4 (26.7%) cases ont un effectif théorique inférieur à 5, les règles du chi2 ne sont pas réellement applicables.
Le chi2 est calculé sur le tableau des citations (effectifs marginaux égaux à la somme des effectifs lignes/colonnes).

Après avoir connu les opinions des jeunes à la mondialisation, nous allons découvrir leurs attitudes à son égard.
La première question proposée aux jeunes concernant l’idée qu’il est passé le temps de s'isoler sous prétexte de sauvegarder l'identité culturelle et le Soi. C’est une idée dévoilant une attitude favorable à la mondialisation. La deuxième idée est plutôt neutre, elle suggère que sauvegarder l'identité culturelle et nationale des peuples devient un défi nécessaire face à la mondialisation. Or, la troisième idée reflète une attitude plutôt ‘‘négative ‘’ à son égard en considérant la mondialisation ressemblante à un courant géant de l’américanisation, il faut l'affronter.
Les données montrent que les attitudes des jeunes sont convergentes autour de l’acceptation de l’idée que sauvegarder l’identité culturelle et nationale des peuples devient un défi qu’exige la mondialisation, et autour du refus de l’affronter parce qu’elle ressemble à un courant géant de l’américanisation. Venons-en à étudier d’une façon détaillée les différentes attitudes des jeunes en les croisant avec certaines variables.
| La mondialisation | Identité culturelle | Un défi | Américanisation |
| J’accepte | 44,6% (78) | 63,4% (111) | 40,6%( 71) |
| Plus ou moins | 38,3% (67) | 29,1% (51) | 29,1%(51) |
| Je n’accepte pas | 17,1% (30) | 7,4% (13) | 30,3%(53) |
| TOTAL OBS. | 100% (175) | 100% (175) | 100% (175) |
Commençons par l’idée qu’il est passé le temps de s'isoler sous prétexte de sauvegarder l'identité culturelle et le Soi. 44,6% ont une attitude favorable à cette idée, alors que 38,3% sont ‘’plus ou moins’’ pour cette et ceux qui ne l’acceptent pas font 17, 1%.
En calculant les notes, ceux qui l’acceptent l’idée ont 234 (78x3) notes, face à 30 (30x1) notes pour ceux qui la refusent.
Donc, les jeunes sont généralement ‘’pour’’ la mondialisation, en considérant que l’argument de sauvegarder ’’ l’identité culturelle’’ et le ‘’soi’’ est une question du passé. Il vaut mieux entrer dans le jeu de la mondialisation au lieu d’être passif à son égard sous le prétexte de protéger le soi culturel. Une attitude qui encourage l’espérance d’avoir une expérience du partage culturel.

La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 21,68, ddl = 2, 1-p = >99,99%.
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

En essayant de savoir la répartition des attitudes des jeunes selon leurs appartenances confessionnelles, nous avons observé que presque la moitié des Maronites 48,6% acceptent l’idée qu’il est passé le temps de s’isoler de prétexte de sauvegarder l’identité culturel et le soi, alors que 65,7% des Orthodoxes acceptent l’idée. Les chiffres descendent jusqu’à 37,1% chez les Sunnites qui sont ‘’plus ou moins’’ pour l’idée proposée, puis ils montent à 48,6% des Chiites adoptant la même attitude, avant qu’ils ne descendent à 42,9% chez les Druzes acceptant l’idée proposée.
Nous constatons que ce sont les jeunes Orthodoxes qui acceptent l’idée, et les Sunnites sont ceux qui la refusent.
Concernant l’influence du type d’éducation, il n’affecte pas directement les attitudes des jeunes à propos de la mondialisation, parce que les jeunes des écoles Privées religieuses faisant 48,1% acceptent l’idée, attitude que nous trouvons identitique chez les jeunes des écoles Privées laïques qui font 47, 5%. Cependant, presque la moitié des jeunes des écoles publiques 45% sont ‘’plus ou moins pour l’idée’’.
Nous constatons que l’attitude des jeunes à l’égard de la mondialisation n’est pas sous l’effet du type d’éducation, et d’emblée, la corrélation entre ces deux variables n’est pas significative. (Voir annexe).

La dépendance est significative. chi2 = 16,43, ddl = 8, 1-p = 96,34%.
% de variance expliquée : 4,69%
Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

La deuxième idée de l’échelle d’attitude concernant la mondialisation est généralement neutre. Elle suppose que sauvegarder l'identité culturelle et nationale des peuples devient un défi nécessaire face à ce nouveau fait socio-culturel.
Les chiffres présentent que la plupart des jeunes 63,4% acceptent l’idée, et ceux qui la refusent font 7,4%. Les notes montrent un décalage considérable. Les jeunes acceptant l’idée ont 333 notes, or ceux qui la refusent ont 13 notes.
Nous concluons que les jeunes ont des attitudes considérant la protection de l’identité culturelle des peuples devient une exigence socio-culturelle, il faut la prendre en compte face à ce nouveau phénomène qui envahit le globe terrestre.

La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 83,70, ddl = 2, 1-p = >99,99%.
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

Concernant la répartition des jeunes considérants la mondialisation comme un défi selon leurs appartenances confessionnelles, nous remarquons que presque la moitié des Maronites 45,7% acceptent cette idée, nous trouvons une attitude pareille chez les Orthodoxes mais les chiffres montent à 51,4%. En continuant la croissance, les chiffres atteignent 68,6% chez les Sunnites, 77,1% chez les Chiites et 80 % chez les Druzes en adoptant la même attitude que les Maronites et orthodoxes.
Concernant le type d’éducation, nous observons que les jeunes quelque soit leur type d’éducation acceptent que la mondialisation est un défi qui suscite l’exigence de sauvegarder son identité culturelle. Parmi eux ce sont les étudiants des écoles Publiques qui font la plupart 70.
Ainsi, la plupart des jeunes de toutes les confessions et tous les types d’éducation admettent que la mondialisation est un défi nécessitant de défendre son identité culturelle. (Voir annexe).

La dépendance est très significative. chi2 = 23,13, ddl = 8, 1-p = 99,68%.
% de variance expliquée : 6,61%
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

La troisième proposition concernant la mondialisation est celle qui invite les individus à regarder la mondialisation comme un courant géant de l’américanisation, il faut l'affronter.
40,6% acceptent l’idée proposée, face à 30% qui la refusent, et 29,1% qui hésitent.
En essayant de dévoiler la répartition des jeunes adoptant cette attitude selon leurs appartenances confessionnelles nous trouvons que 37,1% des Maronites acceptent d’affronter la mondialisation, alors que 51,4 % des Orthodoxes hésitent.
Quant aux Sunnites, ils partagent les Maronites la même attitude faisant 48,6%. Or, 45,7% des Chiites pensent qu’il ne faut pas l’affronter, à l’opposé de 54,3% des Druzes.
A propos de type d’éducation, nous remarquons qu’il n’a pas un effet direct sur les attitudes des jeunes concernant la mondialisation et la nécessité de l’affronter, puisque la plupart des jeunes, qu’ils soient des écoles Privées religieuses, Privées laïques ou Publiques acceptent cette idée. (Voir annexe).
Nous constatons, que les jeunes Maronites, Sunnites et Druzes partagent la même attitude qui est différente de celle des Orthodoxes et des Chiites, abstraction faite de leurs types d’éducation.

La différence avec la répartition de référence est peu significative. chi2 = 4,16, ddl = 2, 1-p = 87,51%.
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

La dépendance est significative. chi2 = 18,91, ddl = 8, 1-p = 98,47%.
% de variance expliquée : 5,40%
Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.
Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 175 observations.

Al-Hamad, T., (2001), La culture arabe au temps de la mondialisation, Beyrouth, El-Saky, P : 178.