Le point de départ de notre recherche sert à déterminer la question identitaire au Liban, sujet polémique depuis la constitution du pays. Il s’agit de savoir si la nouvelle ‘’dynamique relationnelle interconfessionnelle’’ d’après guerre influence la construction identitaire des jeunes et leurs attitudes à l’égard de l’identité socio-culturelle du pays, et si ce nouveau cadre d’interaction serait susceptible de constituer un champ interculturel basé sur le principe du ‘’contact des cultures’’. Il s’agit de voir si l’appartenance confessionnelle n’est plus un facteur déterminant la construction identitaire de l’individu au Liban, ses relations et ses attitudes. Bref, il s’agit de déceler la situation de l’interculturalité et de la tolérance communautaire chez la génération d’après-guerre.
Pour répondre à cette question de départ, nous avons émis une hypothèse principale, selon laquelle, la situation interconfessionnelle du Liban après-guerre constitue un facteur d’enrichissement et de consolidation du principe de ‘’contact des cultures’’. Cette consolidation du principe de contact des cultures implique l’existence d’une nouvelle dynamique relationnelle interconfessionnelle, atténuant le rôle de l’appartenance confessionnelle en tant que facteur déterminant de l’identité socio-culturelle du pays et de la construction identitaire des jeunes en donnant une nouvelle dimension à la question identitaire.
En fait, l’objectif vise à savoir si l’interaction interculturelle après la guerre produit une convergence concernant des questions’’ nationales épineuses ’’et des questions internationales. Cette convergence des opinions des jeunes est considérée comme un indice d’un partage culturel. Il s’agit de détecter comment les jeunes définissent l’identité libanaise, sur quelle représentation repose cette définition, et quelles images l’accompagnent chez les jeunes de différentes confessions.
L’analyse du fait identitaire en fonction de l’interculturalité en partant des concepts de l’espace personnel, tels que l’appartenance confessionnelle et familiale, d’un côté, et des concepts de l’espace culturel tels que le ‘’contact des cultures, le partage culturel, les représentations sociales, d’autre côté. Les résultats récoltés ont abouti à des synthèses aux niveaux méthodologiques et théoriques.
Sur le plan théorique, nous partons de l’idée que l’identité libanaise est un sujet de controverse, surtout, dans le domaine politico-idéologique.
Les théories de l’identité sociale expliquant la construction identitaire, le sentiment d’appartenance et les relations intergroupes nous ont permis de dévoiler que la construction identitaire de l’individu est liée à deux phénomènes qui sont la ‘’catégorisation’’ et la ‘’ distinction’’ sociales. Chaque compréhension des relations intergroupes exige de les prendre en considération.
Ces théories montrent le besoin de l’individu de se comparer à un autre, afin d’avoir une identité positive, de favoriser l’endogroupe au détriment de l’exogroupe. Le libanais est catégorisé comme Chrétien ou Musulman par référence à sa religion et comme Maronite, Orthodoxe, Sunnite, Chiite et Druze par référence à sa confession. Dans ce processus de catégorisation, le sentiment d’appartenance a facilité la cohésion des membres du groupe et élaboré les identités collectives.
Les théories de représentations sociales, nous ont éclairé pour mieux sonder le côté cognitif qu’il soit conceptuel ou symbolique. Elles nous ont aidé à dégager comment le savoir politico-idéologique influence le savoir du sens commun. Autrement dit, comment le discours idéologique des historiens libanais a influencé l’attitude des libanais à l’égard de l’identité du pays. Elles nous ont permis de dévoiler comment tout au long de l’histoire du pays, la représentation de l’identité était stéréotypée et réduite, parce que chaque confession a essayé de propager une certaine représentation de l’identité du pays, où la représentation de cette identité s’ancre, s’objective et se construit d’une façon différente des autres confessions. En d’autres termes, elles étaient le moyen conceptuel qui nous a aidés à découvrir que le discours profane est différent de celui idéologique qui sacrifie l’idéologie nationale au détriment de l’idéologie communautaire.
Ces théories nous ont aussi permis de mieux distinguer les cadres référents à l’identité de l’individu et à la distance sociale entre les différentes confessions, non pas comme distance socio nationale mais comme distance de nature conceptuelle car nous l’avons modifiée en distance religieuse - culturelle.
Si les théories de l’identité sociale nous ont permis de connaître les pôles identitaires qui participent à l’élaboration identitaire de l’individu, mais dans une stratégie identitaire globale, cette élaboration prend sens, notamment, dans la perception des individus au sein d’une dynamique représentationnelle de l’appartenance au groupe et de la distinction et de la différenciation d’autrui.
En fait, ce jumelage entre les théories de l’identité sociale et celles des représentations sociales nous paraît pertinent car il révèle l’image et l’univers de sens dans lequel les libanais élaborent leurs définitions de l’identité socio-culturelle du pays et étayent leur sentiment d’être libanais.
Et puisque les représentations sociales se présentent sous deux formes, celle de l’image et celle de la pensée symbolique permettant aux individus de se positionner à l’égard de l’objet de la représentation, qui est l’identité dans notre recherche, les théories de représentations sociales nous ont facilité la compréhension de la façon dont les jeunes libanais reconstruisent la réalité sociale sur des nouveaux fondements, et de se positionner à l’égard de la question identitaire d’une façon détachée de leurs appartenance confessionnelle. D’où, les représentations font le moteur principal des changements d’attitudes des jeunes libanais.
A côté des théories de représentations sociales, nous avons fait recours aux théories des stratégies identitaires, partant de la pertinence d’aborder le fait identitaire d’une manière pluridimensionnelle. Nous avons choisi deux apports principaux des théories de stratégies identitaires celui de Camilleri et de Berry, parce qu’ils abordent l’influence du facteur culturel sur le comportement humain et mettent en relief, l’articulation entre l’individuel et le social, d’une part, le culturel et le psychique, d’autre part.
Ces théories reposent sur l’enchevêtrement entre ‘’l’identité’’ et la ‘’culture’’. Elles essayent de présenter la pluralité des réponses de l’individu face à l’enjeu de l’acculturation. D’où, elles présentent un concept dynamique de l’identité.
Nous avons trouvé dans ces théories des réponses scientifiques aux problématiques posées au Liban concernant, d’une part, la façon de communiquer au mieux dans les situations de diversité culturelle, et, d’autre part, la manière d’instituer du commun à travers l’altérité et la différence sans les décamper. Aussi, ces théories nous ont permis de mieux comprendre les attitudes des minorités dans un contexte culturel dessiné par les autres communautés. Cette situation existe au Liban où on a besoin d’étudier les attitudes de ses minorités, dont une partie participe au pouvoir. Ces théories nous ont aidé à montrer que face à la question identitaire, les libanais n’ont pas la même réaction à son égard, chaque confession adopte une réaction différente plus ou moins des autres, selon son contexte culturel et historique. Leurs attitudes variant entre l’assimilation, l’intégration, ou, la séparation et la marginalisation ; des processus abordés dans ces théories.
En fait, ces théories nous ont permis de mieux comprendre l’influence du contexte culturel sur la question identitaire. C’est dans ce sens que nous avons abordé la question identitaire au temps de la mondialisation en mettant en relief l’altérité et la question de la différence culturelle. En fait, nous avons constaté que l’identité, surtout avec la mondialisation, est plus que jamais un fait inséparable de l’altérité qui devient comme une référence identitaire, et même comme une partie composante de notre identité grâce à la révolution des médias. Elle n’est plus une appartenance ‘’héritée’’ à une culture figée ou un attachement à une catégorie sociale donnée, immuable; elle est un processus dynamique d’appropriation de ressources et de construction des repères, une expérience se construisant durant toute la vie.
Ainsi, l’identité nous renvoie non seulement à la culture mais aussi à la nécessité de gérer identité, diversité et pluralisme culturel au sein des relations internationales.
Ajoutons l’apparition de nouvelles sortes d’identités actives qui ne reposent pas sur des fondements nationaux tels que la culture des ancêtres, l’histoire et la langue commune. C’est le cas des associations humaines. Ce genre d’identité a existé grâce au développement des moyens de communication et à la mondialisation des informations. Signalons aussi l’apparition vive de nouveaux cadres identitaires pour affronter les vagues de l’Altérité qui accompagnent la mondialisation, tels que, la région et la nation. D’où l’importance d’adopter une optique interculturelle en abordant la question identitaire et les faits socio-culturels.
Afin de mieux comprendre la perspective interculturelle, nous avons consacré un chapitre pour la psychologie interculturelle, ( une ‘’nouvelle’’ approche qui tend à être un nouvelle discipline) qui n’existe pas encore au Liban, en expliquant qu’elle est d’origine américaine, issue du terme ‘’Melting-pot’’, marquée par l’hétérogénéité dès son début puisqu’elle synthétise les développements réalisés par plusieurs disciplines des sciences humaines (la psychologie, la sociologie, la psychologie sociale, l’anthropologie, l’ethnologie…), et puisqu’elle se situe au « carrefour » de ces disciplines, là où se croisent des regards multiples du même fait étudié. D’où l’enjeu méthodologique de l’orientation pluridimensionnelle qu’adoptent les recherches interculturelles et la particularité de ses critères en tant que recherche scientifique fondée sur les méthodes des Sciences Humaines, en général, et celles de la Psychologie, en particulier. C’est un nouveau discours scientifique et épistémologique qui s’inscrit dans une perspective dynamique des Sciences Humaines refusant l’approche mono-disciplinaire.
Ainsi, la psychologie interculturelle est une notion qui se situe dans la mouvance, en refusant toute pensée unique, toute méthode unidimensionnelle, toutes approches monodisciplinaires, en relativisant tous les concepts qui lui sont essentiels (la culture, l’identité etc.), aussi bien que les données récoltées, les résultats des recherches, et les pratiques sociales.
L’épistémologie interculturelle est une entité conceptuelle particulière qui dépasse la logique purement expérimentale, pour étudier les faits en tant q’une partie d’un vécu humain particulier qui s’inscrivent dans le contexte socio-culturel du milieu environnant de l’acteur aussi bien que des réalités quotidiennes.
Dans la lignée de la psychologie interculturelle qui essaye de comprendre l’influence du contexte culturel sur le ‘’sujet’’ de recherche, nous avons essayé d’étudier l’identité libanaise et l’influence de contexte socio-culturel et historique.
La société libanaise est caractérisée par la diversité culturelle puisqu’elle est composée de dix-sept confessions musulmanes et chrétiennes. C’est une société traditionnelle qui penche considérablement vers la modernité. Cependant, la religion et la famille ont une importance saillante dans la vie sociale. D’où le rôle primordial de l’appartenance confessionnelle et familiale dans l’intéraction sociale. Alors, le confessionnalisme devient un fait dominant dans la dynamique sociale. Il est un facteur qui oriente toute la dynamique relationnelle de la personne avec les autres.
D’ailleurs le rôle de la famille a beaucoup évolué, il est même devenu concurrent de la religion. L’importance familiale a pris de l’ampleur suite à son évolution politique. Lesgrandes familles libanaises ont accédé au pouvoir, et ont instauré un rapport presque ‘’commercial’’ : les gens se soumettent au pouvoir du chef en échange de services et de facilités dans la vie quotidienne.
Mais malgré la primauté de la religion, la laïcité s’impose considérablement sur la dynamique sociale. Elle est acceptée comme solution des conflits politiques Interconfessionnels pour obtenir le pouvoir, mais refusée pour profaner les aspects de la vie quotidienne.
L’histoire de ce pays nous montre que la diversité culturelle est une composante constitutionnelle de sa structure sociale. D’où il y avait plusieurs conceptions de la nation libanaise, plusieurs ‘’modèles identitaires’’ et plusieurs ‘’approches identitaires’’. Ces dernières, étaient comme une introduction nécessaire afin de comprendre les discours idéologiques cachés derrière les analyses des historiens libanais pour les événements historiques libanais. Ces discours des historiens que nous considérons comme points d’ancrage de certaines représentations sociales de l’identité libanaise véhiculées d’une génération à une autre. Ce sont des schèmes organisateurs pour penser l’identité libanaise. Ils dictent certaines représentations de cette identité et constituent des pôles d’affirmation identitaire fondés sur les paramètres civilisationnels (Orient/Occident, christianité/islamité) et les paramètres géoculturels (libanité/arabité, phénicité /arabité).
Ainsi, chaque confession devient prisonnière d’un cadre identitaire réduit, dessiné par les historiens et prescrit par leurs discours idéologiques qui reflétaient les intérêts des politiciens et des chefs de confessions et non pas la réalité sociale.
Les historiens Musulmans insistent sur l’arabité et l’Islamité comme cadre référent identitaire, alors que les historiens chrétiens insistent sur la libanité et la chrétienté / la phénicité (attribuée à la Phénicie). Par conséquent, les musulmans sont prisonniers d’un modèle identitaire ’’arabo-musulman’’ et les chrétiens sont prisonniers d’un modèle’’ Maronite - Phénicien’’. Nous constatons que le discours identitaire est différent selon la différence idéologique, et que l’affirmation de soi collective était par la distinction à l’autre, en s’appuyant sur la religion et l’histoire socio-culturelle de chaque confession. Ces modèles identitaires sont de caractère suprastructurel dont les paradigmes majeurs sont : civilisationnels et géoculturels.
Le paradigme civilisationnel est constitué de deux pôles antagonistes :
- Orient / Occident.
- Chrétienté / Islam.
Alors que le paradigme géoculturel est composé de ces couples antagonistes :
- Libanité / Islamité.
- Phénicité / Arabité.
Ajoutons que d’après les différentes approches identitaires analysant la structure sociale, telles que l’approche culturaliste, psycho-ethnologique etc., nous constatons que la prégnance de l’appartenance confessionnelle est saillante, et qu’elle soit envisagée, d’un côté, comme facteur explicatif du rapport social du l’individu et du groupe avec les autres, et d’autre côté, comme une dimension indispensable à toute explication des tensions sociales vécues tout au long de l’histoire du pays. Ces tensions qui étaient le résultant des facteurs internes et externes, dès les Ottomans, source des premières différenciations interconfessionnelles, que ce soit à cause du système de ‘’Millet’’, ou le système du ‘’collecte des impôts’’, qui ont renforcé la différenciation interlibanaise et même le conflit interconfessionnel sur le territoire.
La diversité culturelle était, certes, une source des affrontements intercommunautaires, mais cela n’élimine pas la symbiose du peuple et sa volonté de vivre ensemble musulmans et chrétiens en ignorant la politique et les discours idéologiques. Malgré les crises des relations interconfessionnelles qui ont eu lieu, n’oublions pas que à chaque fois, les libanais cherchaient des solutions en faisant des accords afin de sauver la situation et protéger la vie commune entre les musulmans et les chrétiens. D’où le dialogue islamo - chrétien qui n’est qu’un simple témoignage qui traduit cette volonté de vivre ensemble.
Les libanais ont essayé d’institutionnaliser ce dialogue afin de renforcer la paix civile et créer une culture de dialogue ce qui aide à l’épanouissement d’une expérience du partage culturel basée sur le principe du ‘’contact des cultures’’, et annonce un début de nouveaux types de relations entre les Musulmans et les Chrétiens en oubliant le passé et coopérant ensemble à construire une nouvelle société dont la citoyenneté remplace le confessionnalisme, afin de réaliser l’unité nationale entière, où se manifeste la convivialité de l’unité dans la diversité. Cette dernière qui n’aboutit pas nécessairement au déchirement du pays à l’inverse peut être une source de richesse culturelle et du développement.
Sur le plan méthodologique, il s’est avéré fertile de combiner plusieurs outils : l’entretien, l’enquête et les échelles d’attitudes. L’approche multidisciplinaire des procédés d’investigations a démontré son efficacité.
Alors, la complémentarité des outils a offert aux membres de l’échantillon, d’une part, l’occasion de bien s’exprimer en exposant leurs opinions et leurs attitudes à l’égard des questions proposées, d’autre part, à renforcer la validité des résultats récoltés. Cette multitude des outils a favorisé une complémentarité constructive faisant que les résultats d’un outil se complètent soit par ceux provenant d’un autre, soit en rejoignant d’autres résultats. Bref, la pluridisciplinarité des techniques a constitué une capacité puissante convenable à l’extériorisation du vécu ressenti et à la validation des données.
En effet, l’originalité de notre apport consiste à la pluridisciplinarité des moyens d’investigation, la complémentarité des outils adoptés, et l’application des échelles d’attitudes (rarement appliquées au Liban). Ces outils contribuent à concilier les données objectives avec celles subjectives, partant d’une perspective interculturelle et d’une optique considérant que pour sonder les profondeurs psychosociales et culturelles de la personne, l’enquête seule est insuffisante. Il faut savoir s’il y a derrièreles opinions cohérentes des enquêtés quelque chose de plus profond, et dévoiler les dispositions et les causes latentes à travers les opinions déduites qui justifient les réponses au questionnaire. Les échelles d’attitudes nous ont permis de mieux comprendre les mécanismes cognitifs qui justifient certaines représentations de l’enquêté à l’égard de lui-même et d’Autrui. Elles nous aident à éviter l’ambiguïté.
La première échelle est inspirée de celle de Coombs. Elle exige de classer par ordre de préférence de 1 à 9 des thèmes culturels proposés. Elle nous a permis de connaître la valeur réelle relative à chaque thème ce qui nous aide à découvrir le noyau central de l’identité. Soulignons que ces thèmes considérés comme éléments composants de l’identité culturelle tel que : La religion, la langue arabe, la diversité culturelle l’appartenance politique et familiale, la laïcité etc... les résultats du terrain nous montrent que la religion n’a plus le noyau central. Elle est devenue le premier élément périphérique parce qu’elle est le deuxième classement. C’est la langue arabe qui constitue le noyau central de l’identité libanaise, puisqu’elle est au premier classement.
La deuxième échelle est inspirée de celle de Bogardus, appelée aussi l’échelle de la ‘’distance sociale’’. Nous l’avons adoptée non seulement pour connaître la distance sociale entre les différentes confessions, mais afin que nous clarifiions la situation du partage culturel entre les différentes confessions d’après guerre, autrement dit, nous voulons savoir comment s’établit le contact interconfessionnel, et si l’épanouissement de l’interculturalité est possible au Liban ?
Les résultats nous montrent que la confession est le point de départ de tous types de relations. Au sein de la confession, la distance sociale est presque absente puisqu’elle est le centre duquel ressortent toutes les préférences relationnelles.
La distance sociale est, généralement, modeste avec les membres de la même confession de l’individu, courte avec les membres de la même religion, elle devient de plus en plus longue en s’éloignant du centre (la confession). Ce qui montre que l’influence de l’appartenance confessionnelle est, relativement, considérable, et que la dynamique socio - relationnelle est, généralement, sous l’emprise de la religion. Mais ce qui attire l’attention, c’est le fait qu’il y ait des cas où les jeunes préféraient les membres d’une autre religion au détriment de ceux d’une autre confession de la même religion, citons par exemple, les Sunnites qui préfèrent en ‘‘relation de travail’’ prioritairement, les Sunnites puis les Maronites au lieu des Chiites ou Druzes. Il y a aussi, dans un autre exemple, les Chiites qui préfèrent comme ‘‘compatriotes’’, bien sûr après les Chiites, les adhérents à la confession Maronite et Orthodoxe au lieu des Sunnites et Druzes. A partir de ces deux exemples, et d’autres renfermant cette échelle, il apparaît que les jeunes membres de deux groupes considérés comme les deux opposés tout au long de l’histoire du pays, qui sont les Maronites et les Sunnites, ont fait des choix relationnels, ce qui était impossible avant dix ans, et qui nous permet de constater que malgré l’emprise de la religion sur le côté relationnel, les germes d’un partage culturel ont déjà existé sur le terrain libanais. Ce qui reste est une question de temps pour que ces germes bourgeonnent et fleurissent. Et nous croyons que les derniers évènements politiques au Liban, surtout, celui de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri ont bien démontré que les germes ont fleuris.
La troisième échelle est inspirée de celle de Likert. Nous l’avons choisie parce qu’elle n’est pas unidimensionnelle ce qui convient à notre approche pluridisciplinaire.C’est une échelle plus malléable que les précédentes. Elle réunit un grand nombre de déclarations et de propositions se rapportant au sujet de recherche. Elle vise de savoir l’attitude de l’individu, s’il est ’’pour ‘’, ‘’contre’’, ou s’il ‘’hésite’’ à propos des questions culturelles proposées qui sont : la révolutiondes médias, la mondialisation, l’histoire du pays entre conflits et solutions (l’accord du Taëf), la laïcité,l’appartenance familiale, la religion. Nous constatons que les jeunes hésitent (hésitent / pour) à l’égard les nouveaux faits socio-culturel tels que l’accord du Taëf, la mondialisation, la révolution des médias, pourtant, leurs attitudes étaient sans hésitation à l’égard de la religion, dont les jeunes refusent son rôle politique, et à l’égard de la laïcité qu’ils acceptent malgré leur conscience de la difficulté de ce projet, aussi bien que, l’appartenance familiale qu’ils considèrent comme indispensable pour affirmer son identité personnelle . Si nous classons ces attitudes des jeunes selon l’importance, nous trouvons que les jeunes sont ‘’pour ’’ : d’abord, l’appartenance familiale, puis, la religion (pour le rôle morale et non politique) et enfin la laïcité. Ainsi, les attitudes des jeunes se focalisent autour de l’appartenance familiale, qui peut être considérée comme noyau, cependant, la religion et la laïcité comme éléments périphériques.
Donc, ordonner par priorité certains éléments constitutifs de l’identité, afin de savoir quel est le noyau de l’identité culturelle (échelle I) , ou, classifier les individus selon un critère relationnel, qui nous informe de la réalité de la situation interculturelle et du ’’ contact des cultures ‘’ au Liban (échelle II), ou, donner sa perspective à propos des variétés des opinions socio-culturelles (échelle III), un parcours technique qui reflète la complémentarité des outils et la nécessité de la pluridisciplinarité des moyens d’investigations.
Les résultats du terrain rendent compte de l’aspect pluridimensionnel en étudiant la question identitaire au Liban dont la diversité a porté sur les principaux attributs de l’identité : libanité, arabité, religiosité, multiculturalité, aussi bien que sur le sentiment d’appartenance : l’appartenance confessionnelle, l’appartenance familiale et l’appartenance au pays. Il semblerait que, de ce fait, l’identité peut être un champ interculturel, où s’enchevêtrent, d’une part, la culture locale (libanaise), la culture régionale (arabe) et la culture mondiale(traduite par la sensibilité ainsi que l’ouverture du pays et du peuple libanais à la culture et à l’évolution mondiale ), d’autre part, la culture confessionnelle, la culture familiale et la culture nationale. D’où nous proposons le concept de’’ l’identité – tridimensionnelle’’ en décrivant l’identité socio-culturelle libanaise dont la multiculturalité, l’arabité et la libanité s’interfèrent.
Les résultats de l’enquête se fondent sur deux axes : le premier concernant la religion afin de savoir l’enracinement de l’appartenance confessionnelle, et, la tolérance religieuse chez les jeunes. C’est pourquoi, nous avons essayé de dévoiler leur implication religieuse, leur attachement à leur appartenance confessionnelle, et leurs attitudes à l’égard des questions cultuelles - culturelles. Le deuxième axe concerne le partage culturel, dont le but est de savoir s’il y a une convergence interconfessionnelle autour des questions nationales épineuses, si elles étaient sujet de dispute interconfessionnelle tout au long de l’histoire du pays, aussi bien que, autour des questions internationales culturelles. Cette convergence considérée comme indicateur de la présence du partage culturel interconfessionnel au Liban d’après-guerre. Elle est un facteur de la consolidation principe du ‘’contact des cultures ‘’, ce qui renforce le développement et l’épanouissement de l’interculturalité au Liban.
Les résultats montrent que les jeunes sont impliqués par la religion, pourtant, l’appartenance confessionnelle ne se mobilise plus, comme avant et avec la même acuité, leur construction identitaire et leur structure cognitive (les attitudes, les représentations…).
Ainsi, une atténuation du rôle de l’appartenance confessionnelle, comme étant un pôle identitaire et facteur déterminant de l’identité culturelle. Cette atténuation apparaît à travers le refus des jeunes de tout aspect du confessionnalisme, leur adoption des opinions favorisant l’Unité nationale et la laïcité afin de renforcer l’interaction interlibanaise et le partage culturel, aussi bien que, à travers leur attitude à l’égard de la religion qui la considère une simple relation spirituelle entre l’individu et son créateur pas plus.
La religion influence directement leurs avis concernant le mariage, les moyens de contraception, l’éducation religieuse à l’école…, certes, mais cette importance de la religion n’a pas empêché une nouvelle dynamique relationnelle interconfessionnelle guidée par la contact des cultures la volonté des jeunes d’avoir un Etat laïque, projet considéré difficile à réaliser actuellement, mais tous les indicateurs provenant de la vie quotidienne montrent que la société libanaise s’oriente vers celui-ci, aussi bien que, vers le partage culturel. Ce qui confirme notre première hypothèse qui suppose: la nouvelle dynamique relationnelle interconfessionnelle -d’après-guerre- guidée par le principe de ’’contact des cultures’’, a atténué le rôle de l’appartenance confessionnelle en tant qu’un facteur déterminant de l’identité culturelle.
Ainsi, la confession en tant que structure d’étayage identitaire a cédé la place à la famille puisque les résultats mettent en valeur l’appartenance familiale au détriment de l’appartenance confessionnelle.
L’appartenance familiale prévaut celle confessionnelle. Elle s’exprime comme facteur déterminant de l’identité culturelle surtout, les résultats de la troisième échelle d’attitude montrent que les jeunes la considèrent indispensable pour la construction identitaire de l’individu. Par conséquent, des questions polémiques ont perdu leur dimension confessionnelle, par exemple, la langue arabe. L’arabité, qui était longtemps mobilisée comme référent idéologique et culturel, dans la construction identitaire des individus, a perdu sa dimension confessionnelle. Sa représentation n’est plus la même. Un déplacement du domaine sacré (la langue du Coran) vers le domaine culturel est réalisé. Elle n’est plus la langue qui symbolise l’Islam, mais la langue maternelle.
Par conséquent, la dynamique identitaire qui était longtemps marquée par une distinction sociale fondée sur l’appartenance confessionnelle, sous l’influence de discours politico-idéologique, a changé de visage. Elle est une dynamique guidée par l’appartenance familiale, qui vise le partage culturel en respectant la différence de l’autre, tout en considérant la diversité culturelle comme source du développement, et non comme source qui menace l’arabité du pays. La dynamique identitaire, n’est plus chargée par les représentations sociales provenant du ‘’savoir idéologique’’, ou du ‘’savoir religieux’’, mais par des représentations provenant du savoir ‘’ de sens commun’’, dans le sens où elle ne repose pas sur des faits historiques conjoncturels (comme le savoir politico-idéologique), mais dans le sens, qu’elle est relative à la culture.
Les stratégies identitaires qui étaient tout au long de l’histoire du pays des stratégies de démarcation sociale, sont maintenant des stratégies de réconciliation. Les jeunes, d’après leur définition de l’identité libanaise, parviennent à faire une synthèse des principales définitions politico-idéologiques proposées tout au long de l’histoire du pays, ils n’ont plus des attitudes défensives en définissant l’identité du pays, mais ils présentent une capacité à aménager le ‘’multiple’’ dans un génie d’affirmation identitaire originale, créative, et surtout, unificatrice parce qu’ils proposent une définition qui rejoint les deux opposés : identité ‘’multiculturelle’’ ayant un visage ’’arabe’’. Ils essayent de rétablir l’identité sur des nouveaux fondements, afin de réédifier une vie sociale tolérante, basée sur le partage culturel en renforçant ‘’l’Unité Nationale’’ et le principe du ‘’contact des cultures’’. Ce qui démontre qu’il y a un nouveau contenu de la représentation sociale de l’identité culturelle libanaise.
Les champs de représentations sociales étaient longtemps relatifs à la religion et à l’appartenance confessionnelle. Par conséquence, ils renvoient à des images identitaires provenant des concepts propagés par les discours politico- idéologiques.
Les résultats du terrain montrent qu’il y a de nouvelles représentations de l’identité libanaise présentant une nouvelle grille de lecture. Cette dernière est relativement, détachée de l’appartenance confessionnelle puisqu’elle est dominée par la multiculturalité, l’arabité, la libanité. Et même, la religion, quand elle est citée c’est dans un cadre d’inter - religion, c’est-à-dire, un cadre du partage culturel, et non pas un cadre figé en séparant l’Islam du Christianisme, citons par exemple la réponse ‘’identité multivisage islamo chrétienne’’.
En essayant de dévoiler les nouveaux contenus de la représentation de l’identité, en les ordonnant selon leur importance pour les jeunes libanais, nous trouvons que la notion de l’identité renvoie à plusieurs types d’appartenance et au sentiment de loyauté qu’ils sont selon l’ordre décroissant suivant :
Le principal contenu des représentations de l’identité libanaise, qu’on peut considérer comme noyau représentationnel est celui de réconciliation, alors que les autres font les éléments périphériques. Le plus proche du noyau c’est le ‘’ Sentiment de loyauté et attachement aux racines, or, le plus loin du noyau c’est ‘’ Identité insignifiante et fragmentée ‘’.
Ainsi, une nouvelle grille de lecture plus optimiste qui reflète le désir des jeunes de situer le Liban et l’identité libanaise dans un contexte culturel non religieux. Soulignons que, l‘apparition du facteur religieux s’inscrit dans une optique favorisante de la vie commune entre musulmans et chrétiens, parce qu’il y a une absence des définitions identitaires qui sépare les musulmans et les chrétiens (identité Maronite /identité Arabo-musulmane), et parce que les jeunes proposent le caractère islamo-chrétien en définissant l’identité libanaise.
Avec cette nouvelle grille de lecture, le concept de l’arabité est présent, mais d’une façon différente de celle d’avant. Elle est ‘’arabité avancée’’, ce qui signifie que l’arabité ne représente plus ‘’arabité islamique’’. En fait, elle est détachée de sa dimension religieuse. Alors, comme la langue arabe, un déplacement du domaine sacré vers le domaine culturel est réalisé. L’arabe, chez la majorité des jeunes, ne symbolise plus l’Islam, mais un simple fait culturel.
Donc, la présence du savoir politico-idéologique dans le discours des jeunes est relativement faible. Par conséquence, une convergence des attitudes des jeunes autour des questions nationales épineuses et celles internationales s’impose.
En s’appuyant sur les résultats du terrain, les jeunes d’après guerre soutiennent la vie commune entre les Musulmans et les Chrétiens au Liban et l’unification du Livre Scolaire afin d’unifier le peule. Ils soutiennent, aussi, la diversité culturelle et ils la considèrent comme facteur de développement du pays qui peut mûrir l’unité nationale. Ils considèrent le ‘’confessionnalisme’’ comme la cause principale de la guerre, et enfin ils perçoivent que l’unification des aspirations des libanais est possible en souhaitant donner un aspect particulier au Liban.
Concernant les attitudes des jeunes à propos de la mondialisation, les résultats montrent qu’elles sont neutres et convergentes autour de l’idée qui considère que la sauvegarde de l’identité culturelle et nationale des peuples devient un défi qu’exige la mondialisation. Ils refusent l’idée qu’il faut l’affronter parce qu’elle ressemble à un courant géant de l’américanisation. Malgré l’hésitation à l’égard de larévolution des médiasles jeunes, généralement, préfèrent la soutenir.
Ces résultats distingués par la convergence interconfessionnelle démontrent que les organisateurs idéologiques et religieux ne s’imposent plus au niveau représentationnel des jeunes. Ce qui permet l’apparition des nouveaux schèmes identitaires : ‘’identité multiculturelle ayant un visage arabe’’, ‘’identité multivisages islamo - chrétienne’’, et, ‘’identité arabe avancée’’. Ces schèmes reflètent un changement d’attitude considérable chez les jeunes Musulmans (en acceptant la multiculturalité) et les jeunes Chrétiens (en acceptant l’arabité). C’est un changement dirigé vers le partage culturel. Elles nous permettent de confirmer notre deuxième hypothèse secondaire : la convergence des attitudes des jeunes autour des questions nationales et internationales représente un indicateur de la présence d’un partage culturel.
Les représentations chez les jeunes constituent un champ cognitif dynamique, elles sont éventuelles, influencées par les facteurs socio-culturels conjoncturels et surtout politiques. Par conséquence, les schèmes identitaires ne sont plus statiques, clivés, emprisonnés du cadre dessiné par le discours idéologique et ses paradigmes antagonistes, ils sont dépendants du champ représentationnel et de son noyau central. Et puisque parmi les représentations de l’identité nous avons celles d’une‘’Identité multivisages islamo - chrétienne ’’, et, ‘’ Appartenance à un pays multiculturel ayant un visage arabe ‘’ (qui est le noyau représentationnel). Alors, nous avons des schèmes identitaires dynamiques, teintés par le dialogue et la diversité culturelle, ce qui permet de les considérer comme ‘’schèmes identitaires pluridimensionnels et négociables’’. De ce fait, il semblerait que l’identité peut être un champ représentationnel interculturel. L’identité libanaise devenant identité ‘’négociée – multiculturelle’’. Puisqu’elle est négociée, c'est-à-dire elle n’est pas figée, elle est un concept dynamique et en mouvement. Et puisqu’elle est multiculturelle, cela veut dire qu’elle n’est pas unidimensionnelle, mais pluridimensionnelle. D’où nous proposons le concept : identité ‘’mouvante - pluridimensionnelle’’ en décrivant l’identité socio-culturelle libanaise dont la multiculturalité, l’arabité et la libanité s’interagissent, dans une dynamique guidée, non seulement, par la conjoncture des facteurs politiques et socio-culturels au niveau national, régional et mondial, mais par un désir du partage culturel et de situer la question identitaire dans un contexte culturel et non religieux ou politique. Contexte qui marque l’identité par la tolérance interconfessionnelle et la richesse du contact des cultures.
Alors, les représentations identitaires chez les jeunes sont détachées du savoir d’ordre idéologique et religieux, elles font recours au savoir du sens commun, où la ‘’culture du dialogue’’ commence à s’épanouir. Cette nouvelle culture s’organise autour des nouvelles valeurs qui encouragent le partage culturel. Elle est distinguée par la saillance de l’appartenance familiale au détriment de l’appartenance confessionnelle. Elle encourage la relation avec l’autre et le respect de sa différence, que ce soit l’autre proche ou lointain.
Les valeurs essentielles que nous tirons de la définition des jeunes de l’identité et de la première échelle d’attitude sont : la loyauté, la souveraineté, la libanité, l’arabité,
la démocratie, la religiosité, la tolérance et enfin la laïcité.
Toutes cesvaleurs sont importantes pour la génération d’après-guerre. Elles constituent l’élément organisateur de leur culture. Ce sont des valeurs qui rejoignent la culture ‘’orientale’’, caractérisée par l’importance saillante de la religion, et celle occidentale, caractérisée par la ’’laïcité’’.
Malgré l’originalité des résultats du terrain, nous accordons à ce travail un caractère exploratoire, et en quelque sorte innovateur puisque le travail de l’Identité comme champs interculturel présente un défi scientifique puisque la psychologie interculturelle n’est pas encore acceptée universellement comme une discipline. Cette accréditation de l’Interculturel ne saura tarder à se réaliser, grâce aux recherches qui se multiplient dans se domaine.
Nous espérons que cette thèse ait contribué à enrichir l’étude de représentations sociales de l’identité libanaise, manquante ou insuffisante dans les bibliothèques du monde arabe. Dans un regard futuriste, cette recherche pourrait constituer un horizon ouvert qui offre des thèmes et des hypothèses facilitant l’accès à d’autres études dans le cadre culturel. L’approche de l’identité libanaise en tant que champ interculturel et représentation sociale recueillie des discours des jeunes (discours profane), est une démarche qui s’est apparentée par bien de côtés au déchiffrage du terrain. Les propositions avancées autour de la notion identité ‘’mouvante-pluridimensionnelle’’ sont apparues comme le guidage d’une nouvelle perspective de recherche que nous visons. En fait, nos aspirations s’orientent vers l’étude de l’interculturalité et son influence sur l’expression et la dynamique identitaire dans les milieux scolaires et familiaux :
Au niveau familial : comment les familles des jeunes vivent le partage culturel (voisinage et amitié) et son influence sur le partage culturel à l’école?
Cette nouvelle perspective de recherche articulant : identité, processus psychosociaux, dynamique familiale, culture et pédagogie, devient en soi une nouvelle ébauche d’une réflexion théorique que nous souhaitons poursuivre.
Nous pouvons ainsi dire, que nous avons pu tout au long de cette recherche, définir la place de l’appartenance confessionnelle par rapport à l’appartenance familiale et nationale chez les jeunes. Nous avons pu aussi, démontrer que le contact des cultures peut se développer malgré la diversité que renferme certaines différences culturelles de ce petit pays.
Nous avons mis en évidence à quel point la religion influence et dicte l’attitude et la pensée des jeunes et, au contraire, l’évolution de la tolérance interconfessionnelle traduite par une convergence autour des questions nationales épineuses. Ceci a encouragé la laïcité et a permit de conduire la société libanaise vers le partage culturel.