Les travaux concernant la notion de l’identité dévoilent une triple diversité : diversité disciplinaire, diversité conceptuelle, et diversité dimensionnelle. Cette dernière est dans le sens d’étudier : l’identité individuelle, l’identité sociale et l’identité collective ou suprastructurelle (relative à la nation, l’Etat, ou à la culture).
Commençons par la diversité disciplinaire : l’identité est une entité conceptuelle interdisciplinaire, elle est au carrefour de plusieurs champs théoriques contribuant à son élaboration tels que la psychologie génétique (Piaget, Zazzo) ; la psychologie sociale (Mead, Tajfel, Turner…) ; la sociologie (Durkheim, Weber, Parsons, Dubar, Bourdieu, Touraine…), l’anthropologie psychanalytique (Erikson) ; l’anthropologie (Lévi-strauss), la phénoménologie (Hegel, Husserl, Sartre…) ; etc.
De cette diversité théorique nous constatons qu’une définition consensuelle interdisciplinaire concernant l’identité est difficile à établir. D’où, la problématique de l’identité est toujours marquée par le modèle d’approche adopté par le chercheur. En fait, c’est une notion qui change de figure selon les disciplines qui l’utilisent.
A propos de la diversité conceptuelle, elle est le conséquent de la diversité disciplinaire. Cependant, dans une même discipline, la problématique de l’identité est abordée sous différentes perspectives, soit sous l’angle des statuts et catégories sociaux, soit sous l’angle des rôles, ou de l’interaction entre différents interlocuteurs.
Nous repérons aussi plusieurs approches telles que :
1-L’identité en tant que sentiment de la similitude, dont l’individu ou le groupe tend vers « la conformité supérieure de soi » 6 par rapport aux normes en vigueur dans l’ensemble social.
2-L’identité s’exprime dans le vécu simultané de la différenciation et de la similitude à autrui comme a montré Deschamps 7 , ce qui constitue le ‘’noyau dur’’ du sentiment d’identité. L’auteur, considère que cette co-variation entre similitude et différence existe au plan individuel (relation soi/autrui) aussi bien qu’au plan des relations intergroupes.
3-L’identité est un système dynamique de sentiments de représentations qui oriente les conduites, selon l’approche du (Tap) 8 .
4-L’identité est un ensemble de représentations mentales conscientes ou préconscientes reflet des identifications, d’après (Lugassy) 9 .
5-L’identité est abordée aussi comme étant « un environnement intérieur opératoire », selon Zavallonni, considérant l’identité sociale se constituant par le contenu et la façon dont sont organisées les représentations de soi, d’alter et de la société. 10
6-L’identité comme stratégies identitaires, dans le sens « comme des procédures mises en œuvre de manière consciente ou inconsciente par un acteur social (individuel ou collectif) afin d’atteindre une ou des finalités (définies explicitement, ou se situant au niveau de l’inconscient), procédures élaborées en fonction de la situation d’interaction, c’est-à-dire en fonction des différentes déterminations (socio-historiques, culturelles, psychologiques) de cette situation » 11 .
En fait, nous arrêtons ici puisque les approches abordant l’identité sont interminables, chacune dépend des hypothèses et de la méthode utilisée par le chercheur. En somme, les approches étudiant soit la genèse et la construction identitaire, soit les opérations cognitives pour se définir et définir l’autre, ou bien pour se comparer entre soit et autrui, ou entre sa catégorie et celle des autres, soit ils étudient les régulations identitaires face à un conflit individuel, groupal ou sociétal.
Concernant la diversité dimensionnelle, nous dégageons trois dimensions de l’identité : identité individuelle, identité sociale et identité collective. Soulignons que dans de nombreuses approches au sein de la psychologie sociale, l’identité collective est incluse dans le concept de l’identité psychosociale, par exemple, la théorie de Tajfel, et celle de Zavalloni. Cette diversité des dimensions abordées, découle du champ disciplinaire. L’approche individuelle s’opère dans une optique clinique et psychanalytique, alors que l’approche de l’identité sociale (les rôles, les relations intergroupes) se réalise au sein d’une dynamique collective étudiée dans une perspective descriptive de contacts et d’échanges interculturels. C’est dans cette dimension, aussi bien que celle psychosociale que se situe notre recherche.
Puisque cette partie est consacrée au concept de l’identité, il serait l’occasion de repérer les différentes théories de l’identité qui permettent de mieux cerner la question identitaire et ses représentations en posant quelques jalons théoriques contribuant à éclairer la problématique et la méthode de la recherche.
Étant donné que la problématique se rapporte aux dimensions sociales et culturelles en étudiant la question identitaire, des apports de la psychologie sociale et de la psychologie interculturelle et de l’anthropologie sociale seront présentés pour cerner l’identité en sa dimension psychosociale et culturelle.
Codol, J.P., (1979), Semblables et différents : recherche sur la quête de similitude et de différenciation sociales, Thèse de Doctorat, Université de Aix-en-Provence.
Deschamps, J.C., (1988), L’individuel et le collectif dans la représentation de Soi : Analyse de quelques modèles théoriques, in Colloque européen : Construction et fonctionnement de l’identité, Aix-en-Provence, P : 53.
Tap, P., (1980), Identité individuelle et personnalisation, Toulouse, Privat.
Lugassy, M., (1988), Rôle du moi dans le fonctionnement identitaire, in Colloque européen : Construction et fonctionnement de l’identité, Aix-en-Provence, PP : 65-66.
Zavalloni, M., (1984), Identité sociale et conscience, Toulouse, Privat, P : 21.
Camilleri, C., Kastersztein, J., (1990), Stratégies identitaires, Paris, P.U.F, P : 24.